Noël 2021 / sapin et vitrine

ABH

Nous voilà à nouveau en décembre, et 2021 parait lointain. J’ai l’impression que les années ont filé. J’aimerais offrir plus de temps à ce blog et à l’écriture en 2024 mais, en attendant, je vais tâcher de ne pas être trop dure avec moi-même et de profiter des fêtes, passées comme présentes.

Le mois de décembre 2021 a été un beau moment de retrouvailles. Après les complications du Noël 2020 (article ici) et la situation que vous connaissez bien, c’était un retour aux traditions et au partage. La vitrine de mon père a encore une fois battu un record (de taille), nous avons illuminé le salon et passé de beaux moments, notamment à regarder des maisons illuminées.

J’adore décorer, installer le sapin et des guirlandes lumineuses. Je me sens comme un petit lutin de noël, chargée d’une mission : faire sentir les fêtes, créer des opportunités pour ralentir et en prendre plein les yeux. Pour être juste, j’adore aussi Halloween mais j’ai assez peu pris le temps de filmer ou photographier ce que nous faisions à cette période là (sauf en 2023, par ici !). Monter le sapin, même branche à branche, ne m’a jamais paru une corvée, surtout quand on est à plusieurs. J’en profite souvent pour mettre de la musique de circonstance, chantonner et parfois, porter un bonnet de noël. C’est peut-être un peu kitsch mais c’est ce que j’aime. J’ai toujours eu la chance d’être entourée d’une famille qui faisait tout ce qu’elle pouvait pour rendre les fins d’années spéciales. Mon amour des couleurs, des lumières et des paillettes vient peut-être de là…


Petite référence au TARDIS de Doctor Who.

Depuis, j’ai déménagé et acquis mon propre sapin. Avec un peu de chance, je m’occuperai bientôt du montage de l’année passée et vous en verrez plus. J’ai du retard, mais la tradition des vidéos de noël se poursuit encore !

PS : pour les végans qui souhaitent profiter des toasts, je recommande ces faux « caviar » de la marque UMI AMI. L’aspect, l’odeur, la texture et le goût sont au rendez-vous ! De petites perles qui « pop » sous les dents, avec un côté iodé.

Je vous souhaite, quoi qu’il en soit, de très bonnes fêtes de fin d’année, des lumières pleins les yeux et de la joie.

[Cartomancie] Tag Vidéo #DECKFOMO (Fear of Missing Out) – des achats trop impulsifs ?

ABH

Il n’y a pas eu de nouveauté par ici depuis un bon moment… Je suis contente de vous retrouver ! Le sujet s’est imposé à moi après le visionnage d’une vidéo sur youtube, je me suis dit « et pourquoi pas ? ». Je n’avais jamais vraiment tenté la voix off mais l’exercice me faisait envie depuis un moment – j’ai décidé de tenter !

« FOMO » est l’acronyme du terme anglais « Fear of Missing Out » ou la peur de passer « à côté » de quelque chose, de louper / manquer, donc, quelque part, d’être en « retard », d’être laissé.e derrière, etc. C’est une peur qui joue sur l’idée de manque, de ne « pas avoir assez », en se comparant à d’autres personnes.
Le tag d’origine, de April de la chaîne anglaise Tarot and Witchery reprend sept questions, que j’ai traduites, ainsi qu’une question bonus ajoutée par Old Soul Mermaid dans sa vidéo de réponse.

Les questions font un panorama de nos meilleurs / pires achats, de nos habitudes de consommation, de nos limites – de quoi faire le point sur sa collection !
Avec tout ce qui existe, les nombreuses sorties de jeux et toutes les recommandations / présentations qu’on retrouve un peu partout (même ici !), on peut vite avoir « la tête qui tourne » et se retrouver avec des paniers / wishlists / listes d’envies longue comme plusieurs bras. Du coup… Vient la question du choix. C’est un sujet qui m’intéresse énormément et je compte bien en reparler prochainement (je l’ai déjà mentionné dans mes articles commencer à se tirer les cartes / débuter en cartomancie) !

Personnellement, j’essaie de faire très attention aux jeux que j’achète / fait entrer dans ma « collection ». (Léger spoiler) J’ai actuellement 21 jeux de cartes (plus quelques précommandes) et, même si je suis loin des 100 jeux, mon but est de sélectionner les jeux les plus intéressants (pour moi !) possibles : ceux qui correspondront à mes critères, à mes valeurs et à mes goûts, à mes envies et « besoins » aussi. Je veux pouvoir les utiliser tous fréquemment, qu’ils m’apportent quelque chose et qu’il y ait une bonne communication / alchimie entre nous.

Pour ce faire… Il y a de l’attente et des recherches. Je me questionne sur mes goûts et envies, je regarde chacune des cartes avant de me lancer, je laisse décanter / maturer mon avis, j’attends de voir ce que d’autres en pensent, je m’intéresse à la qualité des cartes, au livret qui les accompagne, etc !

Je me suis rendue compte que je pouvais apprécier l’esthétique d’un jeu, ses qualités et choix sans pour autant avoir besoin de le posséder et de l’utiliser moi-même. Ce recul n’est pas toujours facile mais, souvent, je me contente de voir circuler des photos sur les réseaux.
J’ai d’ailleurs une énorme liste de jeux en vrac, dans l’optique de pouvoir conseiller d’autres personnes en fonction des thématiques / styles recherchés. J’adore parler cartes et, mieux encore : aider une personne à faire des choix et à trouver LE (ou LES) jeu(x) de cartes qui leur plaira complètement. J’aime regarder les nouvelles sorties, ouvrir des tas d’onglets, chercher des présentations, des vidéos et des images des jeux à venir, de les confronter à mes « non-négociables » et de voir ce qu’ils m’inspirent. Si vous connaissez mes précédents posts #cartocringe, vous pouvez vous douter que de nombreuses images / symboliques entraînent un veto immédiat de ma part.
J’ai aussi une liste personnelle des jeux que je trouve intéressants – celle-ci est bien plus réduite – entre mes goûts esthétiques / stylistiques précis, des symboles / images que je trouve rédhibitoires, la qualité des carnets / cartes, la présence de tranches métallisées ou non, le prix des jeux, et j’en passe, beaucoup de jeux ne résistent pas à mes pour ou contre / critères de sélections. Globalement, ce sont ces critères et ces recherches qui me permettent de limiter les dépenses / les déceptions en limitant les risques de ne pas apprécier du tout un jeu. Je sais que certaines personnes aiment être surprises mais ce n’est absolument pas mon cas.

Vous pouvez retrouver les jeux de cartes que j’ai utilisé pour illustrer la vidéo sur mon compte instagram sinon, des vidéos / revues ont été publiées ou le seront prochainement.

Tout ça pour dire que j’ai trouvé ce tag très intéressant – je vous conseille de le tenter !

[Jeux Switch] Présentations de 6 jeux de simulation-gestion : Barbarous Tavern of Emyr, Arcane Arts Academy, Welcome to Primrose Lake, Coffee Talk, Julie’s Sweets, Food Truck Tycoon

Je vous retrouve aujourd’hui pour enfin parler d’un sujet qui me plaît particulièrement : les jeux vidéos ! Ici, une petite présentation et des revues de six jeux switch de simulation-gestion. Je trouve ces jeux plus reposants que les aventures-rpg, qui permettent beaucoup de liberté et de choix. Ici, le chemin est pavé, le joueur est guidé. Il « suffit » de compléter les objectifs du niveau et de la boutique (ou de la structure en question) pour accéder à la suite, le tout, la plupart du temps, avec une histoire et une intrigue. C’est en tout cas le type de dynamique pour cinq des six jeux dont je parle ici.
Ces jeux sont pour la majorité des indépendants ne demandant pas beaucoup d’argent (ils sont aussi très souvent en promotion, passant, sur la boutique en ligne du Nintendo E-shop, à moins de 2€ au lieu de 8€). Trois de ces six jeux sont issus de la même équipe de développement : Square Root of Tree (SQRT3), ou QubicGames sur la switch – et acheter les jeux de cet éditeur réduit le prix des autres titres !

Le genre est plus reposant et mécanique qu’un rpg, mais n’abandonne pas les intrigues et la fantaisie. J’aime beaucoup ce type de jeu quand il est bien fait, qu’il est intéressant, que les enjeux sont motivants (connaître la suite de l’histoire), que ce n’est ni trop simple, ni trop compliqué. C’est un mélange de stratégie, d’arcade, parfois d’aventure ou de fantastique, avec, principalement de la gestion et de la simulation.
Ces jeux ressemblent beaucoup à ceux auxquels je jouais plus jeune, sur jeu.fr (spa, boutique, etc) ou encore aux titres android de Game House, qui reprennent des jeux du même type (et ceux de SQRT3 !) sur téléphone. Le facteur nostalgique est ici important, mais ce n’est pas le seul. J’aime particulièrement la narration et l’ajout d’une aventure avec des cinématiques et du contenu bonus selon les scores.
Avant de vous présenter lesdits 6 jeux en détail, voici quelques images comparatives :


Dans l’ordre, de gauche à droite, les cartes de niveaux de : Arcane Arts Academy, Welcome to Primrose Lake, Julie’s Sweets puis Barbarous : Tavern of Emyr.

Julie’s Sweets (2018) – prix de base 9€99 – dans les 10h de jeux
Le jeu suit Julie, une jeune pâtissière manquant de confiance en elle. Ayant l’impression de devoir prouver son talent, elle décide de quitter la pâtisserie familiale pour se tester à la prestigieuse école « Le Cookery »…
Le jeu, sous ses visuels très roses et moins matures que les autres de la liste, a été une de mes dernières découvertes. La mécanique de jeu est la même que pour les trois jeux SQRT3. L’intrigue est un peu plus lente que pour ces derniers – le jeu demandant le double de temps pour être complété. Il possède de très nombreux niveaux. J’ai parfois été lassée par les choix de l’héroïne, qui passe par les « écueils » systématiques de la jeunesse, dans les médias comme dans les films : privilégier les apparences à l’authenticité, ne pas défendre ses valeurs, etc. Malgré tout, la fin est satisfaisante et le personnage évolue, ce qui est appréciable. L’histoire n’est peut-être pas la plus palpitante, par rapport aux autres que je propose ici, mais elle n’est pas non plus mauvaise – j’imagine que le jeu a été pensé pour un public « adolescent » auquel je n’appartiens plus. Il est proposé à moins de 4€ en promotions !


Dans l’ordre, de gauche à droite, des lieux de jeux / des cinématiques de : Barbarous : Tavern of Emyr, Welcome to Primrose Lake, Food Truck Tycoon puis Julie’s Sweets.

Barbarous : Tavern of Emyr (2019) – prix de base 7€99 – dans les 5h de jeux
La description du jeu : « Que peut bien faire un héros de fantasy quand son heure de gloire est derrière lui ? Rejoignez Emyr dans une aventure étourdissante pour le découvrir !
Autrefois, Emyr était le héros le plus célèbre du royaume. Mais sa carrière a été brutalement interrompue à cause d’une blessure crainte de tous les aventuriers ! Privé de l’opportunité de vaincre son ennemi juré qu’ « aucun héros ne saurait vaincre », Emyr se réveille sans un sou dans une auberge miteuse… dont il est le nouveau propriétaire ! Bien sûr, Emyr s’y connaît en matière de boissons et de tavernes. Mais en gérer une, c’est une autre histoire ! Un ancien héros devenu aubergiste… Vraiment ? »
Le jeu suit Emyr, un ancien héro, blessé au combat, reprenant une taverne. Le problème ? Son passé n’est pas encore derrière lui et il n’est pas encore prêt à abandonner la gloire et les quêtes…
J’ai adoré ce jeu. C’est le premier du genre que j’ai essayé et une très bonne découverte. Les musiques sont géniales, l’univers et les visuels aussi. Les niveaux sont variés, la narration et l’intrigue sont bien menées. C’est une belle histoire, que je ne peux que recommander !

Welcome to Primrose Lake (2020) – prix de base 7€99 – dans les 5h de jeux
La description du jeu : « Petite ville idyllique nichée dans les Rocheuses, Primrose Lake n’est pas aussi pittoresque qu’elle en a l’air. Suivez Jenny Carlyle, auto-stoppeuse malgré elle, dans son périple décidément inhabituel. Sans réseau ni Internet, Jenny devra patienter sagement et éviter les ennuis (ce qui est plus facile à dire qu’à faire). À Primrose Lake, les problèmes savent vous trouver.
Vivez une aventure de mystère et de gestion du temps où chaque personnage cache ses propres secrets, et où le passé vous rattrape toujours. »
Nous suivons deux jeunes femmes qui se ressemblent beaucoup, Jenny et Jessica. Elles se rencontrent par hasard : après que l’une d’elle ai quitté sa vie d’avant après avoir abandonné son fiancé le jour de leur mariage. L’arrivée des deux femmes menace de faire remonter les secrets de la ville…
Ce jeu est très intéressant. Dès le début, on sent un secret, un mystère. L’attente le fait enfler et j’ai eu beaucoup de mal à le reposer avant d’en savoir plus. Pourquoi (et comment) nos deux protagonistes se ressemblent-t-elles autant (par exemple) ? Certains points s’éclaircissent avec la fin, d’autres attendent encore d’être découverts dans la suite. J’ai beaucoup aimé la diversité des niveaux et des boutiques à gérer.

Arcane Arts Academy (2021) – prix de base 7€99 – dans les 5h de jeux
La description du jeu : « Bienvenue à l’Académie des arts arcaniques, un site aux mille merveilles ! Rejoignez Erika qui tente de s’adapter à sa nouvelle vie et qui doit de fait relever d’innombrables défis en tant qu’étudiante de première année dans l’académie de magie. Elle se fera de nouveaux amis, et trouvera peut-être l’amour… mais elle pourrait aussi rencontrer des ennemis qu’elle ne soupçonne pas ! Une chose sinistre rôde dans l’ombre, tentant de maîtriser les aptitudes magiques d’Erika. Les apparences sont parfois trompeuses ! »
Le jeu suit Erika, qui découvre ses pouvoirs et entre dans l’Académie des arts arcaniques pour apprendre à maîtriser sa magie. Elle y découvre un tout nouveau monde, avec ses propres règles… Mais aussi un conflit séculaire.
Si le début est peut être un peu attendu voire stéréotypé, le jeu évolue bien et a su me surprendre. J’aime beaucoup les thèmes défendus par le jeu et sa résolution. C’était un bon moment, avec de jolis visuels et bandes-sons.

Ces trois jeux annoncent des suites ! Ils sont aussi disponibles sur téléphone, gratuitement si vous acceptez les pubs (il est possible de ne plus avoir de publicités avec un abonnement).

Une image « bonus » du jeu Barbarous : Tavern of Emyr, qui présente les personnages récurrents du jeu – j’ai choisi l’image qui pouvait le moins spoiler (gâcher votre surprise / diminuer l’expérience du jeu).

Il y a aussi tout un jeu de références entre les trois jeux de SQRT3 : la taverne du jeu Arcane Arts Academy porte le même nom que celle de Barbarous : Tavern of Emyr, les deux personnages du bar ressemblant à Emyr et à Gwen), on retrouve aussi l’affiche de Varriz puis une autre désignant un des personnages principaux de Welcome to Primrose Lake. Ces détails sont des ajouts que je trouve très intéressant – j’ai été agréablement surprise de découvrir ces références !


Images tirées du jeu Arcane Arts Academy.


Images comparatives des bonus de jeu de Arcane Arts Academy et Barbarous : Tavern of Emyr.

Food Truck Tycoon (2019) – prix de base 4€99
Je m’attendais à retrouver la mécanique des autres jeux, avec des niveaux plus variés et des cinématiques / une intrigue. Malheureusement, et même si le jeu n’est pas cher, les améliorations et points bonus ne m’ont pas donné assez de nouveauté et de challenge. Les niveaux sont très répétitifs – plus encore que pour les autres jeux, ou il y a différents objectifs à chaque fois – et m’ont vite ennuyée. J’ai abandonné avant le niveau 50. Si les simples mécaniques de jeu vous plaisent, n’hésitez pas mais, sinon, je vous conseille un des autres jeux de cette liste. Le principe du foodtruck était intéressant mais les designs n’étaient pas à mon goût et le côté mobile du « restaurant » n’était pas assez exploité – en tout cas pas au moment où je me suis arrêtée. Le jeu étant souvent en réduction, il est possible de l’acquérir pour moins de 2€.


Une image du jeu Coffe Talk et des commandes pour la préparation des boissons – en début de jeu.

Coffee Talk (2020) – prix de base 12€99 – dans les 5h de jeux
Un jeu où nous préparons des boissons chaudes dans un monde de fantasy. C’est plus un roman visuel qu’un jeu de gestion à proprement parler : il n’y a pas de stocks à gérer ou de « niveaux » mais l’histoire progresse au fil des jours. Le cœur du jeu repose sur les interactions avec les clients, qui changent selon les boissons préparées. L’ambiance y est très importante : tout se passe de nuit, avec une bande-son incroyable et de très beaux visuels au côté légèrement rétro, très soigné. Le jeu contient tout un monde : vous pouvez lire les journaux et en savoir plus sur l’actualité qui touche les différents personnages. Des bonus, au fur et à mesure, vous permettent d’accéder aux profils de vos clients et à de courtes histoires – ainsi qu’à des illustrations bonus. Le tout est très agréable voire cosy, avec, en milieu de jeu, un twist que je n’avais pas vu venir !
Une traduction de la description du jeu : « Coffee Talk est un jeu de simulation de vie dans un café. Vous y écoutez les problèmes de personnages. Vous les aidez en leur servant des boissons adaptées le tout en restant le plus aimable possible. »
Le jeu a été produit par le studio indonésien Toge Production. Un deuxième opus est prévu pour 2022 !

J’espère que cette petite présentation-revue vous aura plu ! En termes de visuels comme d’intrigues, il y en a pour tous les goûts. Les jeux ont été traduits en français, même s’il y a peut-être (certaineent ?) des erreurs (si vous êtes à l’aise avec l’anglais, la langue d’origine, n’hésitez pas à paramétrer les jeux dans celle-ci). Que vous préférerez un jeu plus lent et esthétique à de vraies simulations-gestions, les titres proposés devraient pouvoir vous satisfaire. Je continue mon exploration pour vous présenter d’autres jeux / genres !


Noel 2020 : vitrine, sapin et décorations

A

Je vous retrouve pour la cinquième année pour partager un de mes noël, celui de 2020.
La vidéo reprend le montage du sapin, sa décoration et tout ce qui a été ajouté en guirlandes, lumières et ornements pour préparer notre salon pour les fêtes puis notre une vitrine de Noël.

Cette vidéo devait initialement comporter plusieurs angles, l’un avec ma caméra et l’autre avec mon téléphone mais il s’est avéré que les images du téléphone étant bien plus belles et nettes… Une amélioration par rapport à mes précédentes vidéos de Noël (2016 : le sapin et la vitrine, 2017, 2018, 2019une Playlist Youtube de nos vidéos de Noël a été créée) !

La fin de l’année me semble idéale pour faire, en quelque sorte, une rétrospective et me replonger dans une année bien spéciale…
Au programme, en 2020, mes études (ma deuxième année de master), les premiers confinements et un gros dégât des eaux m’obligeant à évacuer ma chambre. Je suivais mes cours à distance. C’était un moment très étrange et inquiétant, une rupture brutale qui n’en finissait pas – je suis sûre que vous voyez très bien ce que je veux dire et que je n’ai pas besoin d’élaborer. Avec ma chambre à vider puis l’entreposage de mes affaires est venu un énorme tri et, ensuite, les travaux. Mal à l’aise dans une chambre sinistrée complètement vidée ou dans une pièce qui n’était pas la mienne, je me suis réappropriée le salon. Je n’ai jamais passé autant de temps en compagnie de notre sapin – et du lapin ! Si un aperçu de l’avant et de l’après des travaux vous intéresse, c’est par ici.

J’avais décidé de mettre un point d’orgue sur le confort et le plaisir : je n’ai pas lésiné sur les guirlandes lumineuses ni sur les sablés ! Une fois par semaine au moins, je sortais la farine, le sucre, le rouleau à pâtisserie et les emporte-pièces pour faire des sablés. Une bonne habitude que je réitère cette année, même si ce n’est pas le sujet… C’était la première fois que le sapin était monté en petit comité, sans ma sœur. Il a été installé avec mes parents. La pièce principale a été décorée du sol au plafond, avec la mise en place, comme les années précédentes, d’une vitrine de Noël toujours plus élaborée et grande. Avec, en 2020, un record de hauteur ! Les décorations de Noël au point de croix ont été réalisées par ma mère, la vitrine étant elle réalisée par mon père – ils ont du mérite, les résultats étant, en toute non-objectivité, incroyables.

Trouver du temps pour me préparer des sablés et tout simplement m’asseoir dans le canapé, à côté de la vitrine et du sapin a été très agréable – le temps passe vite et j’ai adoré suivre une bonne dizaine de films de Noël, un de mes péchés mignons (pour un point de vue humoristique et critique, c’est par ici : « Merry Kissmas, téléfilms sentimentaux de Noël »). Nous avions opté pour les couleurs traditionnelles de Noël : le rouge, le vert et le doré. Avec, en prime, du bois, des éléments naturels ainsi que du métallique ou du brillant. Avec nos guirlandes lumineuses et toutes nos décorations, notre grand (faux) sapin a pris des couleurs. En guise d’étoile, j’ai ressorti ma petite fabrication : un pentagramme en branches, avec un peu de ficelle et/ou un pistolet à colle. L’étoile est très simple à réaliser, il suffit de trouver de petites branches (5), de créer une première pointe de triangle avant d’ajouter les deux autres en les connectant les unes aux autres. Il peut être plus pratique d’avoir une paire de mains supplémentaire pour tenir et positionner les branches pendant qu’on les relie mais, dans tous les cas, cette étoile en bois est très facile à faire et ne demande pas beaucoup de matériel, de dépenses ou d’expérience.

Une autre nouveauté : profitant du mode vidéo avec flash de mon téléphone, des bokeh ou petits ronds blancs en mouvements sont apparus sur les images. Ce qui n’a pas manqué de me faire penser à Zak Bagans de Ghost Adventures, une émission américaine où une équipe de médiums et de techniciens essaient de prouver l’existence des fantômes et autres esprits en filmant de nuit dans des lieux réputés hantés. Si vous ne la connaissez pas, je ne peux que vous la recommander ! Certains épisodes sont sur dailymotion ou bien sur canal+. La vidéo contient d’autres exemples de ces orbes lumineux – poussière reflétée par le flash de l’appareil ou apparition, je ne trancherai pas !

Que pensez-vous de la vitrine ? Avez-vous des thèmes pour la décoration ou des codes couleurs ?
En vous souhaitant de belles fêtes de fin d’année, un peu de chaleur, de la tranquillité ou du mouvement, selon vos préférences !

Je pensais l’appeler « Fenêtre sur masque », des avis ?
devient

[Cartomancie] Le Cosma Visions Oracle

A

Petite note : Depuis, une version « de poche » du jeu et des autres de James R. Eads sont disponibles (encore en précommande en novembre 2021) sur le site de son créateur (Little Cosma Visions, Little Prisma Visions et Little Light Visions) et sur kickstarter pour 20$ l’unité ou 55$ les trois.

Je vous retrouve pour vous présenter un autre de mes jeux de cartes : le Cosma Vision. Bien qu’il soit nommé « oracle », c’est, pour moi, un Tarot. Il reprend en effet les 78 cartes (+1 bonus) et la structure en arcanes majeurs, 4 groupes de mineurs et les cartes de cour associées (qui sont ici séparées des mineurs). C’est un jeu de carte indépendant créé et vendu par James R. Eads, sur son site. Le jeu est vendu pour 40$ (hors frais de ports).

Une particularité du jeu : il se veut hybride (entre oracle et tarot). Chaque carte est renommée, bien qu’elle garde les aspects et symboliques (réinterprétés) du tarot (le livret rappelant les associations). Il travaille autour de la vie et de la mort, de l’idée de chemin de vie et de réincarnations. Les arcanes majeurs reprennent principalement des figures d’oiseaux et veulent retracer les événements de la naissance à la mort. Les arcanes mineurs s’intéressent quant à elles aux idées de cycles et de saisons. Elles sont basées sur les Oiseaux (l’air), les Arbres (la terre), les Lotus (l’eau) et les Braises (le feu). Les cartes de cour reprennent des réinterprétations plus larges des valets, cavaliers, reines et rois des tarots habituels. Les figures invoquées sont plus fantastiques, reprennent et créent des archétypes, tout aussi fabuleux et vivants que le reste des cartes. C’est un jeu très intéressant, autant dans ses thèmes que dans ses illustrations.

Les visuels sont incroyables : les cartes sont colorées et reprennent un côté assez impressionniste (les tracés et coups de pinceaux me faisant penser à la fameuse Nuit Etoilée de Van Gogh). Les arcanes majeurs ont des fonds simples noirs et un beau cadre, quand les mineurs sont plus détaillés. Les suites forment des fresques (du 1 au 10 + du 10 au 1 !), entre elles mais aussi les unes avec les autres. Il y a un véritable souci du détail, tout est très beau : les cartes s’emboîtent parfaitement, un détail non négligeable qui donne de la force et de la cohésion aux visuels. Un autre point : le dos des cartes a un sens, ce qui veut dire qu’il est possible de dire si les cartes sont à l’endroit ou à l’envers, ce qui peut être embêtant si vous préférez laisser plus de place au hasard – mais reste malgré tout un détail.

Les tranches sont colorées et métalliques : elles sont holographiques et reprennent les teintes de l’arc-en-ciel. Elles sont magnifiques et tiennent bien dans le temps, à condition qu’elles ne frottent pas contre une matière rugueuse ou avec de trop grandes aspérités. Les cartes sont mates et assez douces. Elles sont épaisses, se mélangent bien sans être très souples. Elles sont assez grandes mais pas trop larges, ce qui est parfait à mon sens : les visuels sont suffisamment mis en valeur sans que la maniabilité / prise en main du jeu n’en pâtisse. C’est un jeu de grande qualité qui mérite bien son prix et ne m’a pas déçue.

Les tranches métalliques, après huit mois d’utilisation (semi-intensive) :

Le livret, bien que compact, contient suffisamment d’informations pour que le jeu s’utilise facilement. Grâce au détail des illustrations, notamment des mineurs, les sens des cartes peuvent être interprétés et déduits. Le livret propose l’alter-ego du tarot traditionnel de la carte, des mots-clefs, une description et un paragraphe d’interprétation, ce qui est bien assez pour tirer l’essence de la carte. Il existe un livret plus détaillé qui, s’il doit être très intéressant, ne m’a pas paru nécessaire.
Un qrcode, dans le livret, permet d’accéder à des documents supplémentaires : les fresques des cartes, mais aussi différents tirages et « bonus ».

Les arcanes majeurs :

Les arcanes mineurs :

Les cartes de cour :

Ce jeu de cartes est vraiment complet et bien pensé : il porte un message, rien n’est gratuit. J’adore le fait que ses thèmes se retrouvent dans la construction même des illustrations : il parle de réincarnations, de cycles et les suites forment des fresques, se complètent et se suivent. L’intention première de mettre en avant la continuité, des évolutions et retours donne une cohérence particulière au jeu. Le tracé, le style des illustrations a quelque chose de très vibrant et de très onirique, presque mystique. J’aime beaucoup la fluidité des visuels et leur ancrage dans le réel, avec les éléments et les saisons. Le Cosma Visions s’appuie sur des spiritualités natives et asiatiques, avec le principe des réincarnations, du Karma (philosophie et mode de vie hindouiste), un temple Bouddhiste, des sumos (pratiquants du sport de lutte japonais), une armure de samouraï (japonaise elle aussi), mais aussi des représentations de peuples natifs sibériens – et j’en oublie certainement. Ici, je suis contente de rencontrer un travail plus sérieux sur ses spiritualités et pas quelques thèmes ou concepts rapidement mentionnés ici ou là. J’apprécie aussi le fait que certaines silhouettes, dans les figures de cour comme dans les arcanes, soient moins genrées : les cartes associées à l’amour (VI et XXI) peuvent représenter des couples non hétérosexuels / binaires, selon nos projections et interprétations.
Ce Tarot a, je trouve, une énergie plus terrestre et ancrée, une certaine douceur. Il possède un côté fluide et naturel. Son système est bien pensé, fait oublier sa complexité et le travail qu’il a demandé. Il est assez intuitif, répond très bien – il n’en finit pas de me fasciner.

Connaissiez-vous ce jeu auto-édité ? Qu’en pensez-vous ?

[Réflexions] Carto-cringe et Représentation : les normes et injonctions aux corps (Grossophobie, Validisme, Agisme, Racisme)

Je vous retrouve pour un nouvel article réflexion, où, souvent, je tente de questionner des normes, donc des sujets ou points de vue dits « habituels » voire « majoritaires » (et encore). Cet article est en lien avec un de mes précédents, sur les stéréotypes genrés. Certains thèmes me sont devenus, au fil du temps, plus tangibles, apparaissant de plus en plus dans mon quotidien, cette familiarisation m’invitant à recalibrer mes valeurs, tout comme ma façon de voir les choses. Le thème des représentations est important – il cesse d’être personnel ou intime à partir du moment où il touche à l’identité et à la vie. Nous ne pouvons pas continuer à compartimenter, à accepter le sexisme, le racisme, les lgbtq+phobies, le validisme et l’âgisme. Ce qui est dit « politique » continue de toucher des personnes, même à la fin de la conversation. Ne pas percevoir ou comprendre ces problèmes est le marqueur d’un privilège – les biais négatifs sont donc intériorisés et jugés normaux, sinon acceptables. Notre société (patriarcale et capitaliste, entre autre) est encore loin d’être égalitaire. Elle conserve la trace de son histoire, de ses dominations et bains de sang. Tous ses thèmes se retrouvent dans les pratiques ésotériques et magiques, ont vu naître ce que j’appelle « carto-cringe » ou, en plus long : ces cartes qui me font grincer des dents / me mettent mal à l’aise (quand elle ne sont pas simplement inacceptables et ne déclenchent de la colère et de la tristesse – mais nous y reviendront). J’ai compilé des images de cartes, par thèmes, en essayant de mettre en avant les biais et stéréotypes, pour inviter à la réflexion, agrandir nos horizons et points de vue. Le but n’est pas d’accuser ou de blesser, d’agresser les créateurs des cartes mais d’ouvrir la conversation : pourquoi et comment accepter des images qui blessent ? Quand une carte dit, symboliquement, que vous n’existez pas ou ne devriez pas exister, qu’elle vous rapproche à la mort, à la monstruosité, à l’anormal ? Si tout n’est pas aussi tranché ou dramatique, ces images existent. Je trouve important d’en parler, de les voir, pour pouvoir, par la suite, mieux faire. C’est la question des valeurs, de ce qui vous fera choisir une action (ou un jeu de cartes) plutôt qu’une autre. La série, sur Instagram, se retrouve ici : #CartoCringe. Mes réflexions, aujourd’hui, bien qu’elles soient peut-être dispersées, veulent cibler les injonctions aux corps des « minorités » – avec des guillemets quand on sait que les femmes, la moitié de l’humanité, sont jugées comme telles.

Il y a un véritable problème de représentation : les images, comme les mots, ont des impacts. Quand ils justifient des agressions, physiques comme verbales, ce n’est pas innocent. Souvent, le mot « représentation » est utilisé pour parler des médias, donc de ce qui est montré et vu. Les publicités, par exemple, et leurs constantes objectivations et sur-sexualisation des corps (perçus comme) féminins, exhibés pour faire vendre. Le terme est ici plus large, parle, de manière générale, de ce qui est mis en avant ou invisibilisé. Les cartes, de Tarot comme d’Oracle (ou autre…), ne sont pas que des archétypes. Les symboliques, des mots comme des images, disent davantage. Elles sont les répercutions directes de nos normes et usages, traduisent de ce qui est communément accepté / encouragé ou refusé / découragé.

De manière un peu simpliste, je mets en avant trois critères (négatifs) de représentation : invisibiliser, fétichiser ou stéréotyper.

L’invisibilisation, c’est ignorer ou supprimer une caractéristique, chercher à effacer une partie de la population dans les images, sinon dans les actes. C’est une violence sournoise : ne pas trouver de vêtements à sa taille, puisque « symboliquement », nous n’existons pas. Ne pas avoir accès aux soins nécessaires. Subir un mobilier inadapté, qui peut aller jusqu’à nous mettre en danger. Ce sont des injustices systémiques – gravées dans notre société, qu’il faut démanteler, en grattant pour des considérations et des droits qui devraient aller de soi. C’est aussi participer à la réécriture de l’histoire (exemple : blanchir une figure racisée, « oublier » qu’il n’y avait pas que des opposants politiques dans les camps de concentration, prétendre que Vichy n’a pas fait tant de mal que ça, et j’en passe). Tout part des mots et des images. Le langage vient définir une réalité, ensuite martelée et appuyée jusque dans les faits.

La fétichisation, ou le fait d’exacerber le caractère aguichant / séducteur d’une personne, souvent en adoptant un point de vue masculin (hétéronormatif et cisgenre). C’est, simplement, ramener une individualité à un physique, la transformer en objet, en bien consommable et utilisable. C’est insultant, ça fait aussi beaucoup de mal. Les corps (perçus comme) féminins subissent de nombreuses injonctions : une jeune femme doit être ci ou ça, souvent fine, lisse, sans « imperfections », douce, « pure », sans poils, etc. C’est subir l’avis d’autrui jusque dans sa chair. C’est participer à la culture du viol, apprendre à certains types de population à ne pas être elle.eux-même pour respecter une idée préconçue, à craindre des répercutions, en cas de non-respect des lois tacites. C’est entretenir la charge mentale, obliger à passer du temps et de l’argent pour entrer dans la norme et ne surtout pas se faire remarquer. Apprendre à se surveiller soi-même, à se juger et à se détester. Ça mène à beaucoup de mal, psychologiquement comme physiquement.

Enfin, l’utilisation et la répétition de stéréotypes néfastes. C’est, comme son nom l’indique, des représentations nocives et négatives – des visuels irrespectueux et insultants, qui reprennent des idées préconçues, absurdes mais particulièrement vicieuses et méchantes. Ne pas connaître ne justifie pas de dénigrer, moquer ou insulter. Des erreurs arrivent, oui, mais il nous appartient d’essayer de faire mieux.

Ici, de manière succincte et simplifiée encore, une partie des thèmes visés, et, un rappel, en art comme en cartomancie : un style ne justifie pas d’affiner / de blanchir SYSTEMATIQUEMENT les corps. Ma réflexion tournant autour de la représentation des corps, je me dois de rappeler la société dans laquelle nous vivons : patriarcale et capitaliste. Où tout doit se vendre, faire du profit, où les corps (perçus comme) féminins sont un bien comme un autre ou presque. C’est la peur des autres, une oppression systématique à peine cachée, que l’on fait semblant de ne pas remarquer. Il est question du « gaze » (le regard, le point de vue, la perspective, de là où on se place, etc) : la norme contient des injonctions, cherche à forcer une façon d’être, d’en faire un moule, un modèle à reproduire. Ce modèle de beauté veut alors plaire à ceux qui l’ont conçu et cherchent à le maintenir.

Le Male Gaze et la fétichisation des corps reprennent une vision de la femme comme appartenant à l’homme. Son apparence est alors pensée pour séduire et plaire, n’a pas de but et d’existence en soi. Les corps qui ne respectent pas ses injonctions arbitraires sont alors dénigrés et rabaissés, vus comme « moins que » et effacés : ils deviennent tabous, rares et anormaux. Or, les corps n’existent ni pour servir ni pour plaire à autrui. Prendre du poids ou de l’âge ne devrait pas être un critère de beauté ou de supériorité. Nous sommes tellement plus que nos enveloppes.
Ce regard passe par la mise en avant de corps nus ou de choses considérées comme attirantes sexuellement. On y retrouve entre autre la mise en avant de poitrines rondes et fermes, de tailles marquées, avec de la nudité gratuite et des cambrures / positions voulues aguichantes. Cela sert dans un même temps à rabaisser les corps plus communs / réalistes avec leurs dissymétries, poils, rondeurs et marques – il y a oppression et processus d’humiliation.

Il est difficile de parler des injonctions patriarcales sur les corps sans parler de body-shaming. Il y a des conséquences à sortir de la norme – volontairement ou non. Les corps, comme les esprits, sont surveillés et « shamés » (dans la version française du mot verbe anglais « to shame », qui désigne l’action de rendre honteux.euse / de critiquer). Le but est de pousser une personne à manquer d’assurance. C’est une tactique de dépréciation systématique pour faire entrer dans la « majorité » (qui n’en est pas vraiment une) et pousser à suivre les normes. Les personnes perdent en estime de soi et en amour-propre, reproduisent les schémas toxiques envers elles-mêmes et envers les autres, ce qui permet de faire perdurer un système oppressif et néfaste. Le corps subit de nombreuses discriminations, qui diffèrent selon les identités genrées pour lesquelles nous passons (le « passing » : fait d’adopter des codes genrés ou de ressembler à ce qui est accepté comme féminin ou comme masculin). S’ensuivent de nombreuses violences, psychologiques comme physiques (remarques constantes sur le poids, moqueries, harcèlement, agressions, etc.) Le body-shaming cherche (entre-autre) à éradiquer la prise de poids et fait culpabiliser le moindre changement de taille – même quand un.e enfant est simplement en train de grandir et s’approche de sa silhouette d’adulte. Chez certain.es, la grosseur démarre au 40 ou au premier bourrelet. À partir du moment où les médias et les marques de vêtements insistent sur la minceur et suggèrent que faire du S (une taille 36) est préférable à une autre taille, au danger de quitter la « normalité » quand, en France, la véritable taille « moyenne », selon les sondages, est le L ou le XL (une taille 40 ou un 42), il y a un problème.
[« En 2016, une start-up de la mode nommée ClicknDress, a réalisée une enquête auprès de 55 000 femmes françaises âgées de 17 à 65 ans, qui a prouvé que les tailles 36 avaient 3 fois plus de choix que les tailles 40. Or, en France, se sont les tailles 40 et 42 qui sont le plus portées, et les Françaises sont 40% à faire une taille 44 et plus. » issu d’un article de mars 2021 ou encore cet excellent article Lemon Curve de décembre 2020 : « (…) la taille 34 qui est répandue sur 0,7% des femmes en France leur offre la possibilité de choix d’environ 14% de l’offre des robes donc 1470 modèles (la robe est pris comme vêtement de comparaison). En parallèle, la taille 46 que porte 9% des femmes, ne propose que 0,6% de robes soit seulement 65 modèles. Il est donc évident que les marques de mode n’ont pas conscience de la taille des femmes et qu’elles ne proposent pas assez une offre adéquate. »]
Les faits sont réécrits pour suivre les injonctions patriarcales et plaire aux regards masculins – si les faits sont moins tranchés, la théorie l’est. Le poids est une autre de ces injonctions : tout comme l’âge, l’ethnie, la couleur de peau ou nos capacités physiques ou mentales, elles sont particulièrement vicieuses puisque nous n’y pouvons rien. Ce sont des discriminations réelles qui ont des impacts. Le but est d’effrayer et de culpabiliser les corps : tout ce qui est associé à la grosseur est vu comme dangereux et malsain, ce qui pousse à se surveiller, à violenter son corps (par exemple en cessant de s’alimenter, à faire des « détox », des régimes et tout un tas d’autres choses que le capitalisme nous propose pour non pas régler un problème de santé mais pour s’aligner aux injonctions). Le problème, ici, est que les injonctions aux corps sont irréalistes. Il est normal et même sain que nos corps et morphologies évoluent au cours de nos vies, des saisons, etc. Beaucoup de ce qui est jugé comme des « imperfections », des choses « sales » ou « dégradantes » sont en réalité parfaitement naturelle. Les règles, la pilosité, la « peau d’orange », les vergetures… Les corps ne sont pas faits pour rester lisses et « doux ». Ils évoluent sans cesse, et pas en « avant » et en « après ». Au lieu d’examiner le passé ou le futur, pourquoi ne pas se concentrer sur le maintenant et sur le présent ? Sur les sensations, sur ce que votre corps vous permet de faire ? Chacun et chacune n’a pas les mêmes possibilités, j’en suis bien consciente. Vivre peut être un combat, chaque jour peut-être difficile. Je ne cherche pas à édulcorer les vécus ou à les effacer, seulement à proposer une voie plus juste, qui demande moins. Moins de sacrifices, moins de haine et de honte. Second problème, et pas des moindres : la société joue de nos complexes. Elle nous les impose, leur donne forme, les nourris pour mieux nous proposer ses « solutions miracles », pourvu que l’on donne de l’argent. L’économie de la minceur et des régimes, mais aussi de la chirurgie esthétique, gagnent de l’argent en utilisant nos peurs, nos envies et besoins de se sentir acceptés et aimés. Des besoins qui, soit dit en passant, sont normaux. Notre humanité est utilisée contre nous. Se changer physiquement n’est généralement pas la solution. S’aimer ne devient pas une évidence quand un certain chiffre ou une certaine taille est atteinte. Au contraire : les « rechutes » sont encore plus dures, sont vécues comme des échecs, comme des erreurs. Quand on sait que les régimes, les « coupe-faim » mènent toujours à une reprise de poids – à moins de suivre un régime à vie – on comprend l’étendue des dégâts. Et c’est sans compter, évidemment, sur les problèmes de notre système de santé qui, l’œil exercé, juge et tâte de la marchandise (surtout quand elle est perçue comme féminine) pour la prévenir, avec « tendresse et bienveillance », qu’elle vient de prendre un peu de gras et qu’il serait bon qu’elle les perde aussi sec. Des représentations négatives laissent des traces, notamment sur le plan psychologique. Autre point : le patriarcat souhaite nous occuper, préfère que l’on accepte ses normes, que l’on s’épuise à les suivre plutôt que de se questionner et de le remettre en question. Il préfère insulter ses opposants, met en place des discriminations et des boucs émissaires pour s’assurer de l’acceptance voire de la complaisance de sa « majorité ».

La grossophobie ou l’hostilité envers les personnes grosses ou jugées comme. Sans vouloir diminuer une lutte ou des ressentis, il faut savoir que la grossophobie est plus profondément ancrée dans notre société que le body-shaming : les personnes grosses voient leur vie bien plus impactée que s’il était simplement question de discours culpabilisants ou d’insultes. Vivre dans une société qui souhaite vous effacer est difficile. Quand même les places de train ne sont pas adaptées et que prendre les transports mène presque systématiquement à subir des agressions… Tout part de certaines idées et symboles, sur-véhiculés et globalisés pour qu’ils soient perçus et vécus comme vrais. Il en va de la pensée commune / majoritaire, de la doxa et des stéréotypes. L’un d’entre eux, repris et nourris par une partie elle-même du corps médical, est que le poids impacte directement la santé. La présence de graisse est vue comme maladive, pensée comme la source de tous les maux. Il est négatif et inutile de tout relier au poids. Se blesser peut ne pas y être relié. Et oui. Tout n’est pas aussi simple. Une personne peut être grosse et faire beaucoup de sport. Même être un.e athlète. Le fameux IMC (Indice de Masse Corporel), utilisé pour statuer sur les « stades de la grosseur », a été pensé par un homme, pour… Roulement de tambour. Oui oui, pour les hommes. Il prend en compte un homme caucasien. L’IMC est alors complètement caduc (donc nul) quand on parle des femmes. Pire encore quand on parle d’une femme non-caucasienne. Les corpulences, silhouettes, densités osseuses et manière de stocker le gras ne sont pas les mêmes. Cet indice voulu universel ne l’est pas. Et, pour couronner le tout… Il était pensé pour une utilisation à échelle nationale, pas individuelle. Ce qui n’empêche pas notre cher système de santé de le brandir à tout bout de champ.
On confond à tort forme physique (cardio) et apparence / poids. La force, l’indice musculaire et les capacités cardiaques ne sont pourtant pas des indicateurs de « minceurs ». Pire encore : les doubles-standards. On accepte qu’une personne mince n’aime pas le sport, qu’elle n’en fasse pas. On ne surveille pas son alimentation, elle peut librement manger en grande quantité et tous les types de nourriture, y compris les plus grasses, sans un commentaire ou presque. Au contraire, la moindre rondeur amène les commentaires. À croire que la personne a besoin de conseils et de remontrances, qu’elle, comme un.e enfant, ne sait pas s’occuper d’elle. Un physique ne donne pas de droits : non, nous ne pouvons pas toucher, tâter, pousser, palper, commenter ou éduquer une personne parce qu’elle est comme elle est. La supériorité, le mépris voilé de bonnes intentions doit s’arrêter. C’est rabaissant, culpabilisant, déshumanisant et très patronisant (récupéré de l’anglais « patronizing » pour parler de mansplaining ou d’une attitude condescendante et supérieure qui vise à éduquer et à infantiliser – patriarcal, donc). Il faut arrêter de culpabiliser les corps : chacun et chacune, en soi, a le droit d’exister. Il ne devrait pas y avoir de « sous-corps » ou de hiérarchie du souhaitable. La vie n’est pas une course ou une compétition. Il n’y a, à mon sens, pas de but universel. Nous sommes simplement là. À nous de trouver ce que nous voulons ou non faire. À nous d’apprendre à nous connaître et de faire nos choix en connaissance de cause / conscience.
Juger une partie de la population « moins bien que » par son poids est une aberration. Les associer au glauque, au monstrueux et à la mort tout autant. Dire qu’une personne grosse est forcément en mauvaise santé est un amalgame dangereux. Une personne peut avoir pris du poids à cause d’un traitement médicamenteux. La prise de poids n’est pas systématiquement antérieure ou première, elle peut être une conséquence : ce n’est pas un « mal », une maladie unique qui fonctionnerait d’une seule et même façon. Certains corps sont naturellement plus larges que d’autres. La densité osseuse joue aussi beaucoup. Alors refuser des soins médicaux à une personne sous prétexte qu’elle est forcément en mauvaise santé parce que grosse est ridicule. C’est comme ça que l’on stigmatise, que l’on ajoute des oppressions et des maux, psychologiques comme physiques. L’injonction à la maigreur doit cesser. À certaines époques et dans certains pays, être rond.e était un signe de bonheur et de bonne santé. Ce qui, malheureusement, de nos jours, n’est rappelé ou réutilisé que pour enfoncer davantage les corps osant sortir de la norme fine : une personne grosse sera alors le.a grand.e méchant.e riche, insensible et fainéant.e ou, dans un cas plus genré, la femme de famille trop fertile, « flasque » et large – « dégoutante » (et je ne parle même pas des intersections et des biais racistes qui viennent s’y ajouter). Il serait bon d’éviter les clichés. Parce qu’ils sont dépassés, qu’ils font plus de mal que de bien. Et que les maux endurés sont réels.
Soyons clair.es, je ne dis pas qu’il n’y a pas, dans certains cas, des conséquences, (j’évite l’utilisation du mot « surpoids », puisqu’il se base sur une norme de poids dite « idéale » et « normale », et pire encore avec le terme « obèse », qui est censé indiquer une maladie mais désigne une morphologie basée sur le fameux IMC (ou comment réifier / chosifier les gens en les réduisant à une taille / a une maladie : pour reprendre les mots de @Corpscools, dit-on « le.a cancéreux.euse » pour désigner une personne malade ? Pas trop, puisque c’est insultant et très péjoratif) – un amalgame mauvais et dangereux) mais, et même dans ce cas : et alors ? La santé est du domaine de l’intime, du confidentiel. En quoi nous regarde-t-elle ? En rien. Contrairement à ce que certaines personnes pensent, la « body positivity » (littéralement « positivité des corps ») n’a pas de taille maximale (voir @Corpsgros, dans les ressources de fin d’article). Le mouvement cherche à mettre en avant l’amour de soi et de son corps, quelle que soit sa taille, sa morphologie. Il s’agit de déconstruire les pensées pour sortir du schéma patriarcal et de l’image de la « Femme » – comme concept / objet. C’est un processus long et non-linéaire, avec, aussi, des jours sans et des « rechutes » où l’on ne se trouve pas aussi belle.beau que nous le devrions. Ce n’est, parfois, pas possible. Pas quand on nous a appris à haïr notre reflet, dans le miroir. Pas quand on a appris à détester et à violenter son corps. Dans ces cas-là, s’accepter est déjà un grand pas (d’où le terme « body acceptance » : acceptation du corps).
La santé va au-delà des chiffres, et ne devrait plus se penser qu’en termes de corps : le mental a énormément d’importance. Il nous est impossible d’aller bien et d’être bien quand nous nous détestons, même inconsciemment. Tous les corps méritent d’exister. Aucun corps ne mérite d’être pointé du doigt, moqué ou violenté. Certains corps ne sont pas plus méritants d’amour que d’autres. Il faut chercher une voie d’équilibre qui soit respectueuse, en arrêtant de survaloriser la perte de poids, bien trop mise en avant comme positive, belle et plus acceptable et souhaitable. Il faut mettre en avant un changement de perspective, de point de vue : ce n’est pas au corps de changer pour entrer dans x vêtement ou taille ou mobilier. Il ne faut pas changer son physique, son corps, mais au contraire changer sa façon de penser et voir le monde. Laissons les corps tranquilles. Arrêtons de culpabiliser, de rendre honteux.euses. Nous devons arrêter la surveillance et le jugement. Cela ne nous mène nulle part, notre société peut en témoigner. Pourquoi ne pas écouter, au lieu d’invisibiliser et de blesser ?

Une autre oppression systémique qui ne devrait pas avoir lieu : le racisme. Les corps devraient pouvoir exister en paix. Le simple fait d’être ne devrait en aucun cas pouvoir justifier d’une soi-disant infériorité. Contrairement à ce que l’on nous dit, nous ne naissons, dans les faits, ni parfaitement libres, ni parfaitement égaux. La preuve : une certaine corpulence, un trait physique, une couleur de peau et il est presque accepté, presque normal que l’on demande certaines choses de vous. Des avis, des contacts, des actes sont imposés. Ce n’est absolument pas normal. Nous connaissons les grandes lignes de nos Histoires et patrimoines. Et pourtant. Nous continuons de rejouer les mêmes biais, les mêmes violences et dynamiques de domination. Selon le lieu de vie, le nom de famille, la couleur de peau, les possibles ne sont pas les mêmes. Les conditions de vie non plus. Les stéréotypes racistes évoluent pour mieux se cacher, sont d’autant plus fourbes qu’ils prennent une autre apparence. C’est la question des « cités », des « jeunes à problèmes ». Le manque de moyens et d’aides, l’indifférence attirent la criminalité – pas les origines ou la couleur de peau. D’autres amalgames dangereux, issus de stéréotypes racistes (la fainéantise, le manque d’intelligence, le goût du mal et de la violence, la sauvagerie, etc) sont ici exprimés. Le racisme prend de multiples formes, est, dans tous les cas, une charge systémique non négligeable. En plus de porter un passé difficile, les personnes subissent, chaque jour, le rappel de leur « différence ». Des regards, des gestes, des paroles, des actes. Leurs ressentis doivent être écoutés et pris en compte. Etre n’est pas une invitation. Notre société est particulièrement viciée, sait être aveugle quand bon lui semble (quand elle en tire profit). C’est ce dont il est question : on profite des corps, de la peur. Tout un marché essaie de vous faire changer. Il veut vous blanchir, vous affiner, vous lisser, vous façonner. En plus de ces injonctions qui souhaitent effacer les traits individuels (et ici, européaniser/franciser en dénigrant le multilinguisme, les traditions et les racines), il y a l’appropriation culturelle.

C’est un sujet trop souvent mis de côté. Non, ce n’est pas innocent. Non, en tant qu’êtres sur cette planète, nous n’avons pas droit à tout. C’est un privilège que de réclamer et prendre sans rien donner en retour. Les cultures en question ont été (sont peut-être encore) discriminées et dominées. L’esclavage, la colonisation, les guerres sont passées par là. Pour saper les bases, détruire les traditions et les enseignements de peuples dits « sauvages », « sans connaissances » ni « cultures ». L’appropriation culturelle repose sur un mouvement de domination : une personne d’une autre culture cherche à prendre, à faire sien (à approprier) un sujet ou objet sensible, qui a une histoire particulière. Pour en lire plus, c’est ici. Je tenterais tout de même de résumer le phénomène : l’appropriation culturelle, c’est quand on décide de devenir un chaman (terme russe issu du sybérien šaman qui désigne les peuples toungouses et, de manière géographique, les peuples de l’Asie de l’Est / de l’Extrême-Orient, à tort utilisé de manière interchangeable pour tous les peuples natifs et leurs pratiques, surtout avec les peuples premiers d’Amérique). C’est quand on décide de devenir prof de Yoga quand on ne connait que les asanas (les positions et mouvements – le Yoga est bien plus large qu’un « sport »). C’est quand on utilise du palo santo et des plumes d’aigle (protégées et réglementées) pour purifier sa maison. C’est quand on décide de « devenir » un.e pratiquant.e natif.ve américain.e (seul.e). L’appropriation c’est quand on s’accapare d’un concept sans faire de véritables recherches, sans faire d’efforts ou être véritablement initié. C’est déplacer le concept du tantrisme pour qu’il ne tourne qu’autour de la sexualité. Evider et lisser des thèmes pour qu’ils nous plaisent, qu’ils nous servent, qu’ils nous rapportent, qu’ils ne choquent pas des sensibilités et connaissances caucasiennes/européennes. Il y a aussi toute une dimension mercantile, qui vient, une fois de plus, prendre ce qui appartient aux communautés déjà opprimées, portant souvent de lourds passés et héritages. Pour l’éviter : il faut questionner, remettre en contexte, s’intéresser, donner de soi. Au sujet en question, aux détenteurs.rices du savoir qui nous intéresse. Se rapprocher de la source, voir ce qui se fait, ce qui se dit. Découvrir que la sauge blanche est une plante native américaine sacrée dont l’utilisation massive par la communauté sorcière menace de faire disparaître. Qu’elle est volée par d’autres pour le profit. Que les natifs américains sont perdants de ce marché, que la plante est en voie de disparition, qu’on leur vole leurs pratiques. Encore ! Les exemples sont multiples. Il ne faut plus effacer, supprimer les voix des concerné.es. À nous d’écouter, de voir ce qu’il se passe, de se renseigner, même si c’est désagréable, même si ça prend de nos ressources et de notre temps. Si nous ne sommes pas décidés à mettre quelques heures de côté pour chercher et apprendre, si lire 3 articles ou définitions, écouter 2 vidéos et lire un livre est de trop… Alors nous ne sommes pas intéréssé.es. Alors il vaut mieux que nous en restions à nos propres cultures, toutes aussi riches, importantes et passionnantes. Il est possible d’apprécier une culture sans se l’approprier, mais cela demande de l’humilité et des efforts. L’appropriation est une forme de racisme : elle dit de manière détournée que les personnes en question ne méritent pas d’argent, de respect ou de rétribution, que la « culture » en question n’en est pas vraiment une, qu’il n’y a pas de mal à venir piocher ce qui nous arrange pour refuser ou oublier ce qui ne nous plaît pas. C’est une nouvelle violence, un acte de pillage, qui indique la supériorité de celui qui prend et fait sentir ses privilèges et son mépris. Il n’y a pas de respect ou d’échange mais la continuation de dynamiques de domination.

Les corps, quand ils sortent des canons de beauté patriarcaux, sont dénigrés. Ils ne sont plus vus comme « utiles » et « séduisants ». Ils se rapprochent du monstrueux, sont vus comme une menace, comme un phénomène à rendre honteux et à réprimer. Or, nous sommes comme nous sommes. Nos corps ne devraient pas être des sources de stress et de honte – nos héritages, besoins et cultures non plus. Nous ne devrions pas à avoir à subir un monde qui n’a pas été pensé pour soi, qui se moque, veut cacher, étouffer, et même supprimer… Car oui, il n’y a qu’un pas. On commence par invisibiliser, puis, se faisant, on fait sortir de la norme, on accepte les agressions, avant de maintenir en place les injustices et les horreurs – on rend systémique les discriminations, on les tolère, quand on ne les encourage pas.

Une autre injonction sur les corps : l’âgisme (discriminer sur l’âge / le vieillissement). Prendre de l’âge, grandir, vieillir, même, ne devraient pas être des expériences négatives. Les personnes âgées (quand elles sont perçues comme des femmes notamment) subissent des discriminations, et pas qu’à l’embauche. Si elles sont coquettes, féminines et « bien conservées », elles sont socialement acceptées – et encore, en tant qu’exception qui confirme la règle, ce qui n’empêche pas certains regards, du mépris entre les générations. Mais si elles ne le sont pas… Elles deviennent trop « masculines », ne sont plus désirées, sont jugées inutiles. C’est une des conséquences du patriarcat et du regard masculin. Si la femme ne peut plus rapporter, n’est plus fertile, elle est alors « défaillante », sa « valeur marchande » baisse. C’est tout simplement honteux. Et pourtant, cette honte, c’est les corps qui la portent. En essayant de cacher les cheveux blancs, d’atténuer les rides, les tâches de soleil, en subissant divers traitements ou régimes pour rester « belle.beau ». Et selon qui ? C’est encore subir l’avis d’autrui, se comparer constamment, ne pas s’aimer, se restreindre, se changer, se faire, en somme, du mal. Il y a trop peu de représentations positives de la vieillesse. On montre des femmes « gâteuses » ou aigries, dépendantes (affectivement) ou au contraire insensibles, des grands-mères poules ou bien des « sorcières », dans le sens injustement négatif qui persiste de nos jours. Développer d’autres images est important. Nous ne pouvons pas vivre en craignant demain. Faire la paix avec soi et avec le temps, avec son corps et ses capacités serait salvateur. Pourquoi marquer l’injuste différence : un homme serait mûr et superbe en assumant ses cheveux « poivre et sel » quand une femme serait négligée et devrait se « reprendre en main » ? Finissons-en, s’il vous plaît, avec l’hypocrisie et les doubles-standards.

Il en va de même pour les handicaps, qu’ils soient définitifs, momentanés ou chroniques, physiques comme mentaux ou psychologiques. Ne pas être « au top », à « 100% » de ses capacités est vu, dans notre monde capitaliste, comme de la mauvaise volonté ou de la fainéante, comme une « faiblesse de caractère ou de constitution ». Cette façon de penser est particulièrement négative et néfaste. Elle reprend le mépris du patriarcat pour les femmes, et la fertilité : qu’il s’agisse des règles, de la grossesse, de l’avant ou de l’après, toute faiblesse est une raison de moquer, d’avilir le corps et la personne. Le validisme, c’est effacer et oublier les, justement « non-valides ». Les personnes qui n’ont pas les mêmes capacités, les mêmes possibles. C’est, encore une fois, ne pas être prévu : il n’y a pas d’ascenseurs, les escaliers sont trop raides avec de petites marches, il n’y a pas de pente, pas de bancs (ou, s’il y en a, ils sont scindés de barres inconfortables), les mobiliers sont inadaptés, entraînent de l’inconfort, l’impossibilité de les utiliser, de se déplacer, des douleurs, du stress, toute une charge mentale (trouver les endroits accessibles, réagir en cas de finalement non-accessibilité, rebondir, s’épuiser davantage encore pour être prêt.e, etc…) et même une mise en danger. Toutes les maladies, tous les maux ne sont pas visibles. Il y a différents degrés, de la nuance, comme toujours. Tout ce qui est maladie fait peur. La société prime la santé parfaite, est particulièrement véhémente et hostile, fuit ceux qu’elle juge « anormaux », voire « moribonds » – ceux qui ne peuvent remplir les quotas de productivité et de travail dits « importants » ( = qui brassent de grosses sommes d’argent) de notre société.

Mais ce que le capitalisme et le patriarcat prônent ne sont PAS la seule voie. Cette « norme » n’est, en vérité, même pas majoritaire. Les corps, ne font pas que du S. Il est normal et même sain qu’ils évoluent. Représenter la beauté et la diversité de TOUS les corps est fondamental. Pour briser les tabous, redonner confiance, soutenir, faire preuve d’acceptation et de bienveillance. Deux autres points, pour finir sur les normes : l’hétéronormativité et la cisnormativité. Tout le monde n’est pas hétérosexuel (attiré par les personnes du sexe opposé). Il y a ici aussi tout un spectre (ce pourquoi l’acronyme LGBT (Lesbienne, Gay, Bisexuel.le, Trans) évolue et grandit), différentes manières d’être, de penser ou d’exprimer sa sexualité (ou son identité de genre). Le mythe du couple parfait papa-maman doit être repensé. La famille ne se pense pas qu’à deux. Il est aberrant d’opprimer et de restreindre à ce point la vie des autres. Pourquoi vouloir effacer, chercher à interdire, à faire du mal ? De la même façon, de nombreuses personnes ne sont pas cisgenres (personne dont l’IDENTITE – c’est une construction sociale – de genre (masculin, féminin) correspond avec son corps de naissance – l’inverse de transgenre). Dans notre société, nous avons du mal à séparer identité de genre et organes sexuels (de naissance). Nous assignons, plaquons alors des caractéristiques, des envies et des besoins sur les enfants et personnes, en fonction de ce avec quoi ils.elles sont né.es. Il y a, pourtant, des personnes non-binaires et transgenres. Les deux options que la société prônent actuellement ont été crées et construites : il n’est pas bien compliqué de décider, tout aussi arbitrairement que la première fois, qu’il est temps d’en ajouter / de les changer. L’apparence de genre (le « passing »), les réalités biologiques, l’amour et la sexualité sont des thèmes particuliers, sans évidences, sans véritables normes. On peut par exemple ressembler à une femme, ne pas en être une, aimer les hommes sans avoir de sexualité. Ce n’est pas aussi simple / duel / binaire que ce que notre société actuelle aimerait nous faire croire. Et, si vous voulez mon avis, les représentations / images / symboliques ne montrent pas assez de ce qu’il y a, dans notre monde. Les points de vue adoptés sont généralement ceux des « dominants », donc, pour faire court, des hommes blancs, valides, cisgenres et hétérosexuels. Les représentations de l’amour et de la famille sont, dans les jeux de cartes, très normées. Pourquoi ne pas travailler le doute ? Une figure n’a pas à être clairement ou définitivement genrée. Pourquoi ne pas laisser à chacun et à chacune projeter l’identité de genre qu’ils préfèrent ? En attendant de diversifier les visuels et les symboles, pour dissoudre la norme et la rendre moins agressive et violente (en invisibilisant et niant les vécus et réalités).

J’espère que mes synthèses auront été claires sans trop simplifier, que cette réflexion, bien affirmée, aura su interloquer et questionner. Ouvrir des ponts, créer une discutions, une possibilité d’ouverture, accueillir « l’autre ». Le but n’est pas de crier à la perfection, mais de tenter une plus grande bienveillance. Et pour cela, pour ne pas faire d’ « impairs », il faut essayer, apprendre, se renseigner. Il est impossible de faire mieux sans s’interroger et apprendre. Ce qui passe par un changement de point de vue, de « gaze » : il faut prendre une autre place que la sienne, regarder le monde différemment. Déconstruire, surtout. Sortir du binaire et des « normes », prendre suffisamment de recul pour les questionner.

Tout ça pour dire que je rêve de jeux de cartes (mais aussi de publicités, pendant qu’on y est) plus inclusives et respectueuses. Je ne veux pas que des symboles / archétypes mais des représentations variées et non-stéréotypées. Je veux du respect, de la réflexion, pour sortir de la pensée dominante masculine. Pour sortir de la domination tout court.

Liens et Ressources :
#CartoCringe
L’incroyable Cathou Tarot : ici et, sur son blog, sa chaîne Youtube et .
Sélections de ses écrits : sur les représentations dans les Tarots, la part 2, un coup de gueule.
Un exemple de Roue des privilèges (Slide 2 !) chez @Clear_the_deck
@tellmeoceane « Comprendre la notion de privilège social »
@tellmeoceane « Complexes VS discriminations »
« Spirituality without Shadow Work is denial » par @serpentfire
Inciting A Riot, « Yes, this is our paganism » sur le racisme et l’appropriation culturelle dans les maisons d’édition ésotériques
@Lanuitremueparis sur l’écriture inclusive
@Laharpy « Le masculin n’est pas neutre »
@Lanuitremueparis « Le Mansplaining »
@francetvslash « Si tu es une femme, ces trucs du quotidien n’ont pas été pensés pour toi »
@nour_tjrs_pas_ltemps « Les processus discriminatoires par étapes »
@Lanuitremueparis sur la non-mixité
@Lanuitremueparis Le Mythe de Méduse, part 2
@Lanuitremueparis : « Je ne m’habille pas comme une salope, c’est toi qui pense comme un violeur »
@Lanuitremueparis « Tenue appropriée »
@Elodie.arnould « Les femmes et la beauté »
@Lanuitremueparis « Le corps »
@Preparez_vous_pour_la_bagarre Sur la question de point de vue (gaze) dominant
@Lanuitremueparis La Parité

Grossophobie
@Corpsgros : « Définition de la grossophobie »
Rosen.Lev, « « On peut être en bonne santé à toutes les tailles » Pourquoi on ne devrait plus dire ça en 2021 »
@alexlight_ldn, Sur l’IMC (en anglais)
@lespiedsdanslesplats_, « Pourquoi l’IMC est grossophobe, raciste, sexiste »
@lespiedsdanslesplats_ « la notion de surpoids est obsolète »
@Stopgrossophobie : « L’apologie de la minceur »
@yourbodyisworthy « My body is not trip advisor, you can keep the comments to yourself »
@alexlight_ldn
« The best weight you can ever lose is the weight of people’s opinions »

@Corpscools : « pourquoi la corrélation entre grosseur et mauvaise santé est faussée » (sur le covid et les comorbidités)
@Corpscools : Grossophobie, covid, comorbidité et santé
@Corpscools : « Du choix des mots » (le termes « obèse »)
@Corpscools : « A diet is a cure that doesn’t work, for a disease that doesn’t exist »
@Corpscools : « I am not a body positivity campaigner, I am a fat liberationist… »
@Corpscools : « Est-ce que c’est grossophobe de vouloir perdre du poids ? »
Article de Gabrielle Lisa Collard : « Est-ce que c’est grossophobe de vouloir perdre du poids ? »
@Stopgrossophobie : « Je ne suis pas un.e mince emprisonné.e dans une carapace de gros.se »
@tellmeoceane « Nous ne sommes pas des corps minces emprisonnés dans des corps gros »
@Corpsgros : « Le mouvement Body-Positivity n’a pas de limite DE TAILLE »
@Corpsgros : « Phrases grossophobes à ne plus utiliser »
@Corpsgros :  » « La FAT Tax » ou l’économie des personnes grosses »
@Corpsgros : « La grossophobie VS le Body-Shaming »
@Corpsgros : « Les trois niveaux de la grossophobie »
@Corpscools : « Je suis radicalement opposée à la chirurgie bariatrique »
@Asmae (@Rosecitronvg) « Body Positivity, Fat Acceptance et Body Neutrality »
@Tessholiday Grossophobie et médias

Body-Shaming
@Maedusa, part 1 : « Toustes mes héroïnes » (non aux injonctions, oui aux goûts personnels)
@Maedusa, « The Do and the Don’t, partie 2 : les standards de beauté »
@Mel Robbins, « Trash the pants, not yourself »
@Corpscools : « Oppression et libération de la grosseur : la plupart des femmes minces croient qu’elles pourraient devenir très grosses si elles « se laissaient aller »… »

Racisme et Appropriation
@Lanuitremueparis : Le Fétichisme
@henikapetal « Tantra does not mean sex »
@elodie.rosewitch « Fumigation : penser local pour décoloniser ta spiritualité »
Le live d’@africcan_ et de @themagicianstribes : « Spiritualité et appropriation culturelle, les conséquences sur nos héritages »
@lecerclevertueux « Le vrai prix de la sauge blanche »
@lecerclevertueux « Alternatives plus éthiques à la sauge blanche / palo santo »

Validisme
@raplapla_et_porte_voix : Définition du validisme
@autistequeer_le_docu « La rhétorique validiste »
@Corpscools : Capitalisme et santé/validisme
@psy.tabou « On n’est pas fainéant.es, ni faibles. On lutte tous les jours contre une/des maladie.s chronique.s. Ça demande bien plus d’énergie et de force que vous ne pourriez imaginer ou supporter.
@raplapla_et_porte_voix « Maladie ou handicap invisible ne signifie pas imaginaire. »
@le_validisme_cest sur l’autisme
@_conpassion_ exemples de phrases validistes ; ou ici ; ou là
@CathouTarot sur les biais et la question des auto-diagnostiques

Agisme
@LaNuitRemueParis, définition illustrée
@féminisetaculture : définition de l’âgisme
@lesgrenades présente Caroline Ida Ours, mannequin de 61 ans qui milite contre l’invisibilisation et l’âgisme
@fiona.n.schmidt
« Agisme et sexisme au cinéma »

@labanane.bxl
« Luttons contre l’âgisme »

@laisselesridestranquilles sur la ménopause
@laisselesridestranquilles sur l’horreur du vieillissement et de la mort
@laisselesridestranquilles sur l’âgisme
@laisselesridestranquilles sur l’âge dans la publicité
@coupdevieilles : Age et cinéma
@coupdevieilles « 4 raisons pour expliquer l’âgisme anti-vieux (et anti-vieilles) »
@soyonselegantes « Les hommes ne vieillissent pas mieux que les femmes, ils sont juste autorisés à vieillir »
@jaipiscineavecsimone « IL N’Y A PAS D’AGE POUR ENTREPRENDRE QUOI QUE CE SOIT »

Hétéronormativité / Cisnormativité
« Pour plus de diversité dans les romans jeunes-adultes » par Planète Diversité
@ftm_is_human, Eclaircissements sur le termes « trans »
@Rosen.lev : « « Ton orientation sexuelle, ton genre, c’est une phase… » Sauf que… »

Je regrette de n’avoir pas autant de ressources à proposer selon les sujets, n’hésitez pas à les compléter avec vos propres recherches !

[Cartomancie] Le Tarot de la Dévotion par le Page Novembre

A

Mise à jour du 03/11/2021 : Une deuxième édition est disponible en précommande ici.

Je vous retrouve pour vous présenter un de mes derniers jeux de cartes, un jeu indépendant de toute beauté. Ce jeu a d’abord été présenté en Reels sur mon compte Instagram, .

Il s’agit d’un jeu de quarante cartes inspiré par la construction fragmentaire (et complémentaire) du Tarot avec des Arcanes majeurs et des mineurs (Sorcière, Chevalier, Pèlerin). N’ayant pas d’équivalents avec les soixante-dix-huit cartes du Tarot (Marseille comme Rider-Waite), il entre, dans mes définitions personnelles (par son nombre de cartes), dans la catégorie des « oracles ». L’artiste derrière ce jeu est aussi un.e tatoueur.euse Français.e, Le Page Novembre. Vous pouvez retrouver ses autres créations de cartes ici et en acheter . Son prix tournait autour des 50€. Il n’est pour l’heure plus vendu mais, sait-on jamais, vous pouvez peut-être le trouver d’occasion, à moins qu’une autre édition ne sorte à un moment ou à un autre.


La boîte de rangement cartonnée, un peu grande par rapports aux cartes

C’est un très beau jeu inspiré par le visuel des cathédrales, avec des vitraux et des bas-reliefs. Il est très coloré avec un effet ancien voire abîmé sur les bords des cartes. Outre ses spécificités visuelles, les cartes comme les descriptions et interprétations sont non-genrées, donc rédigées en utilisant l’écriture inclusive (les familles de cartes étant neutres en anglais, langue d’origine du projet : witch, knight, pilgrim). Chaque carte possède aussi son symbole ou sigil, bien que le livret n’en parle pas.


Le dos des cartes


Les arcanes majeurs, qui forment de véritables vitraux


Les Chevaliers


Les Sorcières


Les Pèlerins

En termes de qualité et de fini, les cartes sont mattes, très souples et solides, elles s’arquent sans se froisser ou en garder de traces. Le format est agréable pour les petites mains, les cartes n’étant ni très larges, ni très hautes. Elles sont agréables à mélanger et glissent bien.
Un point d’importance, pour moi : la variété des physiques. Les corps ne se ressemblent pas tous, malgré les contraintes liées aux effets vitraux et bas-reliefs qui limitent les détails. Les cartes ont ce qu’il faut de mouvement et d’abstraction pour se projeter et ajouter un côté ancien, presque mystique aux cartes, comme une relique médiévale retrouvée. C’est à mes yeux un petit trésor.

Le livret décrit chacune des cartes, ce qui est souvent utile pour aider à percevoir les détails (certains effets vitraux méritant d’éloigner la carte et de prendre le temps de la regarder), avant de proposer des pistes d’interprétation. Les arcanes majeurs sont plus développés et proposent des questions et pistes de réflexion pour aller plus loin et creuser les thèmes abordés en profondeur. J’aime beaucoup le travail apporté aux sens et thèmes des cartes, qui leur permettent de la variété et d’être juste dans de très nombreux contextes. Si les pistes sont généralement courtes, elles n’en restent pas moins efficaces et sont parfaitement suffisantes – à mon sens – avec un peu d’introspection et d’intuition.

Ce jeu me frappe par sa justesse : il est doux et très coloré en même temps, direct sans être agressif. Il a rapidement su s’imposer parmi mes autres jeux, je ne regrette absolument pas mon achat, presque impulsif quand j’ai découvert la mise en vente des cinquante derniers jeux. Je regrette seulement qu’une autre édition n’ait pas été annoncée pour pouvoir partager mon coup de cœur. Je tenais quand même à le présenter ici, pour ne pas montrer que des jeux imprimés en masse et mettre en avant de « petit.es » créateurs.rices, ceux qui travaillent généralement pour sortir des normes et proposer de nouvelles perspectives, ô combien importantes.


Que pensez-vous de ce jeu ?

[Réflexions] Loi de l’attraction, positivité toxique, privilèges et responsabilités

A

Je vous retrouve pour un nouvel article réflexions, qui a pris plus de sept mois pour voir le jour, sur un autre sujet qui me tient à cœur. J’ai tenté de développer ma pensée au mieux pour partager ma réflexion, en espérant qu’elle puisse mettre en avant un autre point de vue sur le sujet. Pour lire les précédents articles de la série : sur la purification systématique et les privilèges puis sur les notions d’énergies genrées sacrées et de polarité masculine-féminine. En sorcellerie comme en développement personnel, l’idée de la fameuse loi karmique de l’attraction est très importante. Si je ne pense pas tout savoir, j’ai essayé d’apprendre et de me renseigner pour que ma pensée soit la plus complète et la plus nuancée possible. Malgré cela, il faut s’attendre à quelques raccourcis, bien que j’espère les éviter. Mon but est moins de juger et d’accuser que de mettre en avant et questionner des normes dominantes ainsi que nos œillères, des points de vue subjectifs se faisant passer pour objectifs (des « lenses » en anglais, ou les objectifs / verres d’un microscope ou de lunettes, ce qui teinte notre perception du monde).

Tout d’abord : qu’est-ce que la loi de l’attraction ?
C’est à l’origine le Conseil Wiccan (The Wiccan Rede) mis en place par Gerald Gardner de ne pas faire de mal. Les actions, bonnes comme mauvaises, sont répercutées par trois (La Règle des Trois / The Rule of Three). Ainsi, il est plus profitable de faire le bien que le mal. On attire ce que l’on fait, en quelque sorte. Cette idée, dans l’ensemble, peut paraître cohérente. Que la Wicca se montre extrêmement positive, lumineuse et inoffensive aussi. Historiquement, la sorcellerie est et a été très mal vue. Il n’est pas inutile de rappeler qu’il y a eu des mort.es. Vouloir protéger ses arrières, mettre en avant une philosophie de vie spécifique et montrer « patte blanche » fait sens. Autrement, le mouvement, en partie précurseur des hippies, aurait certainement été étouffé ou aurait subi encore plus de violences et de récriminations. Il en allait de la survie, de l’acceptation et de la popularisation de la Wicca.

Le concept est-il seulement lié à la spiritualité ou à la magie ? Dans les faits, non : les sciences cognitives / du comportement s’y intéressent et mettent en avant les notions de « manifestations », d’ « affirmations » et de « visualisations ».
Le développement personnel vient se baser sur ces idées, généralement pour « recalibrer » son cerveau, sortir de ses schémas et habitudes de pensées, pour modifier la structure et le mode de fonctionnement de ses pensées. En effet, le cerveau est habitué à reconnaître des signes et à les interpréter d’une certaine manière, en fonction de ses expériences passées. C’est pour cela qu’il peut être si difficile de modifier ses habitudes et de changer ses manières de faire, ce que nous faisons et pensons ayant de fortes influences sur notre manière d’appréhender et de faire sens du monde. Si l’on est optimiste, on aura tendance à voir le bien de manière plus systématique et, du coup, d’enregistrer plus de positif qu’une autre personne. L’inverse est aussi vrai. Un exemple concret, avec les synchronicités. Quand on commence à « ouvrir les yeux » et à faire attention à un certain type de signe, les messages ont généralement tendance à affluer. Quand la voiture familiale a changé de marque, nous avons commencé à voir le même modèle partout, parfois dans la même couleur. Si cette découverte était troublante, tout le monde n’a pas adopté ce modèle en même temps que nous : il était donc déjà-là, avant. Mais nous ne le remarquions pas. S’éveiller à certains points peut avoir des conséquences sur nos perceptions : selon l’endroit où l’on se situe, nous ne vivons ou ne voyons pas les mêmes choses. Nous ne donnons pas les mêmes significations aux mêmes événements, certains étant occultés quand d’autres peuvent nous sembler (subjectivement) de première importance. Ce que nous pensons nous influence – c’est le biais de confirmation : nous agissons plus ou moins consciemment de manière à valider nos biais et idées préconçues, d’où l’idée de prendre du recul sur ce qui nous paraît évident ou aller de soi. Nous ne sommes pas aussi objectifs et impartiaux que nous le pensons, notre expérience n’est pas universelle et ne peut pas faire loi. Nous ne pensons pas tous de la même manière. Il peut alors être intéressant d’entraîner son cerveau à percevoir certaines choses et à se laisser impacter davantage par le positif, plutôt que d’être écrasé et assailli par le négatif. Le principe peut donc être un outil de développement personnel, la sorcellerie et la science se rencontrant avec l’idée de « manifester », de faire advenir, d’attirer quelque chose dans sa vie, par la mise en place d’affirmations ou de visualisations, qui doivent préparer le cerveau et l’esprit à aller dans la direction choisie.

Les limites et dérives : abus et privilèges
Dans le cas du développement personnel comme dans celui de la spiritualité, les affirmations et les tentatives d’attirer x chose dans sa vie peuvent finir par être problématiques. Je m’explique : l’idée que l’on est parfaitement responsable de ce qui nous arrive est fausse et même dangereuse.
Avoir en tête sa responsabilité personnelle est important. Vouloir se soulager et aller bien / mieux n’est pas négatif. Il est question de morale, d’éthique, de légalité aussi. Mais, vous me voyez peut-être venir… Quoi de ce qu’on ne contrôle pas ? Le hasard ou le destin, ou bien les deux, ont une grande part dans nos vies. Si l’on peut se contrôler, essayer de n’attirer que le bien et le positif, par exemple, qu’en est-il des autres ? Chacun et chacune ayant cette même liberté, il est impossible d’empêcher les accidents et les conflits. Et l’idée d’attraction est devenue une manière de responsabiliser les victimes. Non, tout n’arrive pas « pour une raison ». Un exemple très courant, après une agression sexuelle : « et tu étais habillé.e comment, déjà ? ». Il y a inversion des responsabilités. Et ce n’est pas tout. Il y a d’autres problèmes, de nombreuses, à mon sens, dérives.

La loi de l’attraction est un des piliers de la Wicca par la fameuse Règle des Trois : tout ce que l’on fait, en bien comme en mal, nous revenant par trois, ce qui motive les bonnes actions et vise à décourager tout ce qui ne serait pas totalement positif ou lumineux. La NéoWicca (« Nouvelle Wicca ») se veut plus hétéroclite et rompt avec les règles, hiérarchies et enseignements premiers de la religion, accumulant et mêlant les connaissances et panthéons, les mythologies et les savoirs. Il est courant de voir des pratiques mêlant des cultures très différentes, empruntant aux modes de pensées nordiques, aux panthéons égyptiens, grecs comme aux pratiques Indiennes (en reprenant les chakras, le yoga, …). Ce mouvement, plus libre, moins « contraignant », cherche le synchrétisme et appelle à une certaine « mondialisation » : au mélange des savoirs, sans questionner certaines associations ou se souvenir de réalités historiques ou géographiques. Ainsi, l’idée de Karma n’est pas européenne. C’est une notion qui a été récupérée ailleurs et est, le plus souvent et comme bien d’autres, simplifiée. La pensée hindoue dépasse l’idée de conséquence, entre dans un cadre précis, avec les idées de réincarnations et de travail vers la paix intérieure (pour se défaire des conditionnements néfastes qui nous retiennent et nous rendent malheureux, le but étant d’atteindre la fin de son cycle de réincarnations et de réduire ses blocages et son karma négatif – littéralement « actions » ou « actes »). Le karma en tant que répercutions immédiates est une version occidentalisée, son utilisation hors-contexte étant une façon de faire coloniale et dominante, en particulier quand on parle de cultures ayant subi l’invasion européenne. L’idée de karma est, de fait, de plus en plus associée à la Règle des Trois, les termes pouvant être utilisés de manière interchangeable. Quoiqu’on puisse en trouver après une déconstruction et un long apprentissage, les termes n’ont pas les mêmes origines, ne sont pas issus des mêmes pensées : la Wicca est anglosaxonne et européenne, ne repose pas sur la culture de natifs opprimés et soumis à l’esclavage. Certaines réalités sont trop souvent oubliées. Il y a, derrière certaines appropriations, beaucoup de violence. Etre curieux et vouloir développer ses savoirs n’est pas une mauvaise chose, mais il faut, comme toujours, prendre du recul et questionner ses motivations et façons de faire. C’est la question de l’appropriation culturelle, des biais racistes, des privilèges et de la (re)mise en place d’une interaction de dominant à dominé, de supérieur à inférieur.
Cette façon de se servir ailleurs et de nier les réalités historiques, sociales et géopolitiques a encore lieu aujourd’hui, et de bien des façons, notamment par le spiritual bypassing ou la « fuite spirituelle » en français. C’est l’idée de refuser les émotions et ressentis d’une personne au nom d’un statut spirituel plus haut, de ne pas se remettre en question mais plutôt d’attaquer, de nier l’humanité d’autrui en argumentant qu’il faut « voir le positif » ou que la colère indique un problème en profondeur chez la personne victime d’abus (par exemple en niant systématiquement les problèmes qu’une appropriation peut soulever). Ce comportement est très commun dans la sphère sorcière en ce qui concerne le racisme, l’appropriation culturelle, le sexisme, les mots ou comportements plus que limites. L’injustice est commune, oui. Et il faut du courage pour la signaler. Petite parenthèse : ce qui ne veut pas dire que c’est à cette personne d’éduquer, de prendre par la main celui ou celle qui lui a fait du tort pour lui expliquer et lui permettre d’évoluer. Parce que c’est une charge mentale, de temps et d’énergie conséquente et qu’il est impensable d’exiger cela d’une personne. Sauf dans le cadre d’un cours rémunéré, cela va de soi. Exiger, c’est encore entrer dans et perpétuer une dynamique de domination. L’autre ne vous doit rien. Si cette personne fait remonter quelque chose de problématique, à vous de vous interroger. Sans entrer dans le déni. Oui, il est plus confortable de faire l’autruche et de se sentir attaqué en tant qu’individu. Sauf qu’il faut prendre du recul et remettre les éléments à leur place. Il y a déjà eu attaque, et dans l’autre sens. Des mots ou comportements ont blessés. Peut-être n’étaient-ils pas conscients, soit, mais ça n’excuse pas tout.
Se déconstruire est un travail long et compliqué, désagréable. Mais nécessaire. Il est temps que chacun et chacune prenne ses responsabilités et fasse ce travail, sans refuser légitimité, écoute et respect à autrui, minorité ou non. Les ressources existent, parfois même gratuitement, il suffit de chercher. Il est bien trop simple, par exemple, de dire « je ne vois pas les couleurs ». Alors que si, bien sûr. La société est profondément inégalitaire. Elle repose sur des principes stéréotypés, des normes voulues universelles – je vous renvoie à mes précédents articles. Le sexisme et le racisme sont systémiques – tout comme, entre autre, le validisme. Enregistrés dans le cerveau comme normaux. Mais tous les corps n’ont pas la même force, la même énergie, les mêmes possibles. Tous les corps ne sont pas traités de la même façon. Nous le savons. Nous ne pouvons plus le nier. C’est refuser les handicaps, visibles ou pas, ignorer le mal-être et les maladies mentales, ignorer les différences que l’on fait, qui sont faites, entre les corps. Tout le monde n’a pas la même disponibilité, le même niveau d’énergie, les mêmes possibles, les mêmes moyens. Insinuer le contraire est un mensonge. Non, tout n’est pas possible du moment que la « volonté », y est. Le concept de volonté lui-même, de « will-power » (le pouvoir de l’esprit / du vouloir), est faussé. C’est un des mythes du développement personnel et de la recherche de la productivité qui est à présent réfuté. Il n’est pas, plus question de faire plus mais, à mon sens, il faut faire moins, mais mieux. Choisir ses batailles pour ménager son énergie, ses « cuillers » (spoons en anglais). Prendre des décisions est drainant. Se disperser, faire plusieurs choses à la fois (le fameux multitasking) l’est encore plus. La volonté ne changera pas la course du soleil dans le ciel. La volonté ne suffira pas à une personne malade pour vaincre sa maladie, son mal-être. Il y a des maux chroniques, durables. Tout ne peut pas être surmonté, ce n’est pas une question de motivation, de « vouloir » ou de fainéantise.
Dire « passe à autre chose, fais-toi à l’idée, je ne vois pas de quoi tu parles, ta parole est fausse et n’a pas de valeur à mes yeux, je refuse ton ressenti et ton témoignage, ton histoire »… Ne va pas. Nous ne pouvons pas continuer. Cette forme de manipulation a un nom. Gaslighting en anglais et « décervelage » en français. Je répète : c’est une forme de manipulation. De domination. Déshumaniser et refuser la parole à une personne n’est pas positif. Loin de là. C’est simplement hypocrite et bas.
Oui, je le sais bien : c’est, bien souvent, une question de point de vue. Jusqu’où aller dans l’écoute et le « respect de la parole » d’autrui. Tout ne se dit pas forcément. Comment faire, pour trancher ? Pour identifier les dynamiques dont il est question, différencier la vraie blessure d’un ego habitué à dominer ? Je n’ai qu’une solution – je suis au courant de sa fragilité, de sa faiblesse potentielle, oui, mais que faire d’autre ? Ne rien faire n’étant plus une option – et c’est d’apprendre. De lire ou d’écouter, de se renseigner. De voir ce que les concernés et concernées ont à dire sur le sujet. Ecouter leurs expériences, les accepter, apprendre, pour mieux réagir, en savoir plus, pour la prochaine fois. Ne surtout pas rester sur ses acquis et sur ses positions, faire travailler son empathie, adopter un autre point de vue, sortir de ses œillères personnelles. Faire le deuil du passé, des erreurs. Ce qui est fait est fait. Il faut avancer, faire mieux, d’une manière ou d’une autre.

Comment, autrement, parler de positivité et de « ne pas faire de mal » ? Tous les adeptes de développement personnel / de la lumière (avec le « light-work » par exemple) ne sont pas wiccan, j’en ai conscience. Mais quand on prône « la lumière », le « bien », l’optimisme et le positif, il faut que son impact aille dans le même sens, vous ne trouvez pas ? Une question de logique, pour moi. Aller au bout de ses idées, faire ce que l’on met en avant et loue.
Il en va de la responsabilité générale et individuelle de se regarder en face, pour de bon. Pourquoi être sur la défensive ? Aller directement vers la colère et la haine ? S’il était vraiment question de respect, de dialogue et de positivité, il n’y aurait pas besoin d’avoir recours à ce genre d’outils. X personne n’est pas moins humaine parce qu’elle implique d’aller au fond du sujet, de voir les rouages cachés, de comprendre d’où viennent les choses, de les remettre en question.
Pour reprendre la formule « ne pas faire de mal » : quoi de l’impact écologique ? Qu’est-ce qui est mangé, qu’est-ce qui est consommé ? Quoi des discours, de l’attitude ? S’agit-il d’être vocal pour défendre les autres, de promouvoir le respect et l’égalité ? Parce que si ce n’est pas le cas, il s’agit de se complaire dans ses privilèges. Non, rester silencieux ne rend pas une personne « positive ». Bien au contraire. La colère peut aussi être légitime, user de son statut ou de ses pratiques magiques pour écraser une personne en souffrance avec des injonctions à « la lumière », non merci. Il me semble aberrant d’invoquer une « neutralité » ou une envie de ne garder que « de bonnes ondes » quand il est question d’humanité, de respect et de responsabilité. Pour reprendre la pensée hindoue, le yoga n’est pas qu’un travail du corps mais aussi de l’esprit, qui avec les yamas, cherche la non-violence et l’équité, le respect et la sincérité. De la même façon, la loi de l’attraction n’est pas un joker pour oublier les sujets sensibles. Il est plus que temps de voir le problème en face, d’essayer de faire quelque chose. Ce conseil ou cette règle de vie ne peut pas être une incitation à la passivité. Ce n’est pas juste quand ça me plait, quand ça me sert. Non. Mettre en doute la victime et lui intimer que c’est de sa faute, qu’il est question de sa responsabilité à elle ? Non. Cette personne n’a pas choisi d’avoir peur, de souffrir, d’être violentée et rabaissée. C’est aux bourreaux de prendre leurs responsabilités, pas l’inverse.

Après cette prise de position plutôt définitive, je tiens à nuancer un peu, pour, sans abandonner mes valeurs et ma logique, être réaliste et éviter de tomber dans la « pureté militante » (régulièrement utilisée pour rabaisser et essayer de soumettre au silence certaines personnes, jugées non spécialisées ou pas assez actives dans leur champ d’action). Il n’est ni bon ni possible de demander un engagement constant et parfait. Nous sommes tous humain.es, en cours d’apprentissage. Ce qu’il y a de mieux à faire, c’est justement de faire de son mieux, sans chercher les lauriers, la validation. À chacun, à chacune son chemin, pourvu qu’il soit lancé, que l’itinéraire soit envisagé. Le monde est fatiguant. À nous de nous préserver, en veillant à ce que ce ne soit ni systématique, ni au détriment d’autrui. Et en évitant les double-standards. Une femme, une personne issue d’une minorité raciale ou non, n’a pas à faire plus d’efforts qu’une autre personne. Le militantisme, la responsabilité individuelle, le respect des autres, c’est pour tout le monde. Exiger qu’une personne vocalise, se positionne sur tout, tout le temps, ce n’est pas possible. Il faut être réaliste, et commencer à son échelle. Faire ce que l’on peut. Dans le respect et la limite de son corps, en toute conscience. Ce travail, cette charge en plus, tout le monde doit la porter, pour soulager certains et certaines. C’est un travail finalement de groupe que de changer le putride de cette société, d’y planter de nouvelles graines. Ce n’est pas seulement pour les femmes, elles ont – à bon entendeur – déjà bien assez à porter.

Ressources :
En Français :
Sur la positivité toxique, par @tetedanslune sur Instagram
Loi de l’attraction et privilèges, par rosen.lev sur instagram
Racisme et Féminin Sacré par @dreamingraccoon (Cléa- Doula des bois)
Rappel : Tout ce qui brille n’est pas bienveillant, et c’est valable aussi pour la spiritualité par @elodie.rosewitch (Élodie, sorcière des jardins)
Santé gynécologique et pouvoirs magiques – le Witch Gaze par @dreamingraccoon (Cléa- Doula des bois)
Le développement personnel peut-il être problématique ? par @aurane.k sur Instagram
Vidéo Youtube « Les 3 problèmes du développement personnel » de Sarah Lazarey
Vidéo « Pourquoi le développement personnel ne marche pas ? Solution : le Shadow Work » (Sur les affirmations positives) de Sarah Lazarey
Sur la pureté militante, par @aurane.k
Sur le gaslighting, par @aurane.k
Elite matérielle, élite spirituelle, par @labulledalissia
La vidéo youtube « Le problème du Féminin Sacré » de Sarah Lazarey
En anglais :
Toxic positivity vs genuine optimism par @anxietyhealer
Toxic positivity and privilege par @carloshappynpo
Toxic positivity par @mind_witch_mama
Signs of toxic positivity par @doodledwellness
Spiritual Bypassing by @machasjustice

[Revue] Le Wild Unknown Animal Spirit Oracle

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Mise à jour du 03/11/2021 : Une traduction française est prévue pour le 4 Novembre 2021 sous le titre « L’Oracle de l’Esprit Animal – Sauvage et inconnu ».

Je vous présente aujourd’hui un autre des jeux de cartes en ma possession. C’est un des premiers oracles que j’ai reçu (après mon cher Belline), pour lequel j’ai encore beaucoup de tendresse malgré de grandes interrogations, que je vous partage rapidement. Il s’agit d’un oracle anglais, pensé et réalisé par l’artiste Kim Krans et édité chez HarperElixir.

Je ne sais pas, rétrospectivement, quoi penser du titre, ou de sa potentielle traduction française (l’Oracle des Esprits Sauvages et Inconnus ou l’Oracle des Animaux Sauvages et Inconnus dans les meilleurs des cas ? L’Oracle des Animaux Totems dans le pire ?). Si le concept du bestiaire est en soit innocent, je ne peux pas m’empêcher de grincer des dents quant à tout ce qui concerne les figures « totem » – il s’agit pour moi d’un terme connoté aux pratiques des différentes cultures amérindiennes qui, hier comme aujourd’hui, subissent de nombreuses violences et oppressions. Vulgariser et voler leurs pratiques, en plus de leurs terres et de leurs vies, me semble de trop. S’il était question d’une étude et d’une véritable curiosité, j’aurai beaucoup moins de problème avec cette notion. Sauf qu’ici, et comme bien souvent, on (je m’y inclus) ne prend que ce qui nous plaît de ces cultures, qui, je le rappelle, sont victimes de cuisantes injustices, dont on ne parle pas assez. En tant que culture native, elle a, entre autre, le souvenir et le poids d’un génocide à porter, subit aussi du racisme, des stéréotypes et des violences généralisées. La plupart du temps, on, donc, ne prend que ce qui nous plaît : le concept d’ « animal totem », les attrapes-rêves et la sauge blanche. Les idées sont creusées et vidées, ne portent plus leurs concepts de base : on parle ici non pas de l’âme de l’animal mais d’une potentielle affinité de la figure / de l’archétype de cette animal, censé nous représenter. Le concept de base, lié à l’appellation, n’est pas respecté, la pensée et la spiritualité qui y sont intégrées ne sont pas étudiées ou travaillées, il y a juste récupération et transposition dans un autre contexte de pensée d’un élément traditionnel, le concept étant lié à une pensée particulière, chamanique et animiste. Les termes esprits animaux ou animaux esprits (en traductions de « spirit animal ») portent eux aussi cette connotation amérindienne. Je leur préfère encore l’idée d’Animaux-Ombres ou d’Animal-Reflet (termes empruntés à Lyra Ceoltoir – vidéo ici). Il faut différencier l’idée d’animal-représentation de celle d’un esprit / d’un guide (ou d’un « familier »). Pour référer une fois de plus à la vidéo de Lyra, il y a aussi toute une hiérarchie des animaux : on souhaite être une panthère, une licorne ou un corbeau, pas un rat ou un moineau. Nos connotations et stratégies de dévalorisations du vivant relèvent, je le pense, d’une idée que l’on se fait de notre supériorité humaine. Les créatures qui ne nous servent pas ou ne nous semblent (esthétiquement) pas assez « nobles » sont alors considérées comme de la vermine à éradiquer. Sauf que, dans la pensée animiste, toute chose de la nature a un esprit, même le pigeon. Et il n’y a d’ailleurs pas que les animaux, mais aussi les roches et les végétaux. L’utilisation du terme « totem », donc, ne me plaît pas et je ne l’utiliserais pas, pour ses connotations d’appropriation et de spécisme. C’est un peu confus, j’en suis consciente – je voulais simplement partager ma réflexion pour expliquer mon point de vue et non seulement l’énoncer. Il s’agit de ma pensée, vous pouvez ou non la partager. Dans ma vision des choses, une réelle curiosité et des efforts de recherches peuvent justifier de s’intéresser à d’autres cultures. Il faut « seulement » se poser des questions, questionner sa démarche et ses sources. Il peut aussi s’agir d’un Guide ou d’un Esprit, alors pourquoi préciser ? Dans l’optique où certains esprits se transforment et possèdent plusieurs formes, c’est à mon sens encore plus abstrait. Le livret du jeu reprend rapidement ce thèle pour y apporter les idées d’humilité et de ne pas se restreindre à un seul animal ou à notre système de valeur humain. Comme ce n’est pas ici le sujet, je ne vais pas approfondir davantage la question – bien qu’elle le mérite. Les jeux de cartes ne sont pas à l’abri de refléter des clichés ou des méconnaissances, portent parfois des symboliques négatives et nocives. Dans le cadre des jeux animaliers, ils sont presque, de fait, systématiquement associés aux pratiques amérindiennes, souvent sans vraie réflexion ou questionnement. Ceci étant fait… Je reprends mon propos initial.

Cet oracle comporte 63 cartes animalières, organisées en 5 catégories : terre, air, eau, feu et esprit. Les animaux sont associés à leur type d’habitat ou à l’élément qui les représente le plus, sauf dans le cas des créatures ou figures de l’imaginaire, reliées à l’esprit. C’est un oracle détaillé et consistant, la plupart des jeux tournant plutôt autour des 40-44 cartes.

Chaque carte possède, dans le livret, une bonne page de notes, avec des mots-clefs, une description, des éléments positifs et négatifs puis une piste pour développer ou travailler cette énergie.
C’est un jeu édité, donc produit en masse, qui est toujours disponible à la vente pour 25-30€ selon les vendeurs.
Il est disponible dans sa langue d’origine, en anglais. Il n’y a pas encore de version française, mais le jeu précédent de sa créatrice a été traduit l’année dernière – j’ai bon espoir que cet oracle le soit aussi. Le niveau de langue demandé n’est, de mon point de vue pas si exigeant que cela mais il faut quand même pouvoir se débrouiller. Le livret est complet, avec une bonne présentation / introduction ainsi que des exemples de tirages (dont le tirage en deux cartes Chemin/Obstacle). Deux bémols : la police d’écriture, manuscrite, pourrait être petite pour certains, puis, et surtout, le fait que les animaux ne soient pas, dans leurs catégories (les éléments), classés par ordre alphabétiques et qu’il n’y ait pas de sommaire. J’aurai aimé avoir une précision ou une indication sur ce choix, qui, je l’imagine, repose sur le niveau d’adéquation avec tel élément de l’animal ou de leurs correspondances énergétiques, le premier étant le plus « faible » et le dernier de la catégorie le plus « élevé ».
Le tout est présenté dans une boîte cartonnée, dont j’ai fini par me séparer pour gagner de la place.
Attention, il y a beaucoup de contrefaçons sur internet. Je le précise puisque la qualité d’impression et de papier sera moins bonne, mais aussi par principe, les droits d’auteur et le travail de sa créatrice étant bafoués.

Les cartes sont cartonnées, assez épaisses, avec des dos plutôt simples (ils reprennent un motif d’écaille simplifié, en gris clair sur un fond blanc). Les côtés ne sont pas colorés ou métalliques. Elles sont mattes et de bonne qualité : elles ne se décollent pas malgré plusieurs années d’utilisations. Les cartes sont assez grandes mais pas trop, elles se prennent bien en main et sont simples à mélanger – elles glissent bien. Je regrette le fait que le dos des cartes ne reprenne pas le côté brillant et métallique du bandeau qui maintenait le carton de rangement et dont j’ai dû me séparer, mais c’est un détail.

Les cartes sont très évocatrices, entre aquarelle, encre et traits au feutre noir. Le côté « croquis » est très joli, le traitement du noir et blanc et des ajouts de couleur est aussi très agréable à l’œil. Kim Krans a un style bien à elle que je trouve très reconnaissable et très intéressant pour travailler la suggestion et l’intuition. Leur aspect minimal et sans fond travaillé permet de se concentrer sur l’animal et son élément, d’aller directement vers ce qui est pensé comme « l’essence » de l’animal en question. Les figures animales sont ici davantage perçues comme positives que comme neutres. Les interprétations et descriptions tentent de créer des archétypes et de penser les énergies de ces animaux, parfois en ayant plus de mal à s’éloigner des clichés ou des représentations (par exemple avec le dauphin), mais pas toujours. J’apprécie le travail opéré sur des figures plus négatives pour leur offrir un regard neuf, moins biaisé (la hyène, le requin, l’araignée, le vautour, etc). Il y a finalement plus de positif que de négatif, bien que chaque carte mette en avant ses aspects « positifs » et ses aspects plus « sombres ». Le jeu est très intéressant et est quand même bien pensé. Il faut aussi savoir que le jeu se base sur des pratiques et spiritualités diverses, en particulier sur des pratiques hindoues, comme le travail des chakras ou le yoga – principalement en tant que pistes de développement personnel et spirituel.

Les cartes sont assez douces mais justes. Elles ont, je trouve, quelque chose d’aquatique et d’intuitif : elles savent repérer les problèmes et mettre au jour des contextes ou énergies particulières. Ce jeu est, à mon sens, très bon pour s’ancrer et pour appréhender différemment le quotidien. Il est un très bon guide, peut-être plus dans le présent que dans le futur toutefois. Il pourrait peut-être être une introduction en douceur vers du travail de profondeur sur soi ou sur ses ombres, étant plus accueillant et tendre que d’autres jeux.

Que pensez-vous de ce jeu ?

[Présentation] Le Tarot of the Unknown de QuarterPress

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Mise à jour du 06.10.2021 : Une édition « de voyage » vient de sortir, à 25$, si le jeu vous intéresse, c’est par ici.

Avertissement : Les cartes, comme la vidéo (les visuels ou les sons ajoutés) peuvent montrer quelques spoilers concernant la série, je recommande donc de la regarder avant (10 épisodes de 10 minutes, trouvables sur Dailymotion dans leur version originale sous « otgw ») !

Je vous retrouve aujourd’hui pour parler jeux de cartes, ici, avec un Tarot anglais (Rider-Waite). Ce n’est pas une revue à proprement parler étant donné que le jeu, indépendant, est devenu difficile à trouver, mais plutôt une présentation, avec une vue des différentes cartes en vidéo et en images.

Ce Tarot me plaît particulièrement puisqu’il reprend les codes d’origine du Rider-Waite, créé par Pamela Colman Smith (avec des fonds jaunes et un style plus affirmé que les Tarots de Marseille par exemple) et les figures de la mini-série Over the Garden Wall. C’est la troisième et a priori dernière édition (la « Farewell Printing ») à l’habillage hivernal du jeu de cartes de QuarterPress. Après deux tentatives infructueuses pour me le procurer, je suis ravie d’avoir pu l’acheter, surtout avec son nouvel habillage (pour en savoir plus).
Il y a donc 78 cartes, les arcanes majeurs et les quatre familles de mineurs, ici deniers, bâtons, coupes et haches (qui remplacent les épées).

J’aime énormément le travail effectué pour les illustrations. Les personnages sont bien mis en avant, qu’ils soient importants ou non à l’intrigue. Les personnages de l’épisode bonus « Tome of the Unknown » apparaissent aussi ! Les figures font sens et montrent une grande connaissance de la mini-série, ce qui fait toujours plaisir, le tout respectant le style de la série.
Les cartes sont plastifiées, glissent bien et sont de bonnes qualités, légèrement brillantes. Les tranches sont argentées / métalliques, une touche supplémentaire à laquelle je suis sensible.
Un livret était disponible mais il n’y en avait plus au moment de ma commande, alors qu’il ne restait plus qu’une poignée de jeux de cartes. En considérant les frais de ports internationaux et l’urgence du moment je n’ai pas de regrets. Les cartes suivent fidèlement les sens et caractéristiques des autres Tarots Rider-Waite – j’utilise généralement le livret de mon Tarot Mucha.

Que pensez-vous de ce format vidéo ?