[Réflexions] Carto-cringe et Représentation : les normes et injonctions aux corps (Grossophobie, Validisme, Agisme, Racisme)

Je vous retrouve pour un nouvel article réflexion, où, souvent, je tente de questionner des normes, donc des sujets ou points de vue dits « habituels » voire « majoritaires » (et encore). Cet article est en lien avec un de mes précédents, sur les stéréotypes genrés. Certains thèmes me sont devenus, au fil du temps, plus tangibles, apparaissant de plus en plus dans mon quotidien, cette familiarisation m’invitant à recalibrer mes valeurs, tout comme ma façon de voir les choses. Le thème des représentations est important – il cesse d’être personnel ou intime à partir du moment où il touche à l’identité et à la vie. Nous ne pouvons pas continuer à compartimenter, à accepter le sexisme, le racisme, les lgbtq+phobies, le validisme et l’âgisme. Ce qui est dit « politique » continue de toucher des personnes, même à la fin de la conversation. Ne pas percevoir ou comprendre ces problèmes est le marqueur d’un privilège – les biais négatifs sont donc intériorisés et jugés normaux, sinon acceptables. Notre société (patriarcale et capitaliste, entre autre) est encore loin d’être égalitaire. Elle conserve la trace de son histoire, de ses dominations et bains de sang. Tous ses thèmes se retrouvent dans les pratiques ésotériques et magiques, ont vu naître ce que j’appelle « carto-cringe » ou, en plus long : ces cartes qui me font grincer des dents / me mettent mal à l’aise (quand elle ne sont pas simplement inacceptables et ne déclenchent de la colère et de la tristesse – mais nous y reviendront). J’ai compilé des images de cartes, par thèmes, en essayant de mettre en avant les biais et stéréotypes, pour inviter à la réflexion, agrandir nos horizons et points de vue. Le but n’est pas d’accuser ou de blesser, d’agresser les créateurs des cartes mais d’ouvrir la conversation : pourquoi et comment accepter des images qui blessent ? Quand une carte dit, symboliquement, que vous n’existez pas ou ne devriez pas exister, qu’elle vous rapproche à la mort, à la monstruosité, à l’anormal ? Si tout n’est pas aussi tranché ou dramatique, ces images existent. Je trouve important d’en parler, de les voir, pour pouvoir, par la suite, mieux faire. C’est la question des valeurs, de ce qui vous fera choisir une action (ou un jeu de cartes) plutôt qu’une autre. La série, sur Instagram, se retrouve ici : #CartoCringe. Mes réflexions, aujourd’hui, bien qu’elles soient peut-être dispersées, veulent cibler les injonctions aux corps des « minorités » – avec des guillemets quand on sait que les femmes, la moitié de l’humanité, sont jugées comme telles.

Il y a un véritable problème de représentation : les images, comme les mots, ont des impacts. Quand ils justifient des agressions, physiques comme verbales, ce n’est pas innocent. Souvent, le mot « représentation » est utilisé pour parler des médias, donc de ce qui est montré et vu. Les publicités, par exemple, et leurs constantes objectivations et sur-sexualisation des corps (perçus comme) féminins, exhibés pour faire vendre. Le terme est ici plus large, parle, de manière générale, de ce qui est mis en avant ou invisibilisé. Les cartes, de Tarot comme d’Oracle (ou autre…), ne sont pas que des archétypes. Les symboliques, des mots comme des images, disent davantage. Elles sont les répercutions directes de nos normes et usages, traduisent de ce qui est communément accepté / encouragé ou refusé / découragé.

De manière un peu simpliste, je mets en avant trois critères (négatifs) de représentation : invisibiliser, fétichiser ou stéréotyper.

L’invisibilisation, c’est ignorer ou supprimer une caractéristique, chercher à effacer une partie de la population dans les images, sinon dans les actes. C’est une violence sournoise : ne pas trouver de vêtements à sa taille, puisque « symboliquement », nous n’existons pas. Ne pas avoir accès aux soins nécessaires. Subir un mobilier inadapté, qui peut aller jusqu’à nous mettre en danger. Ce sont des injustices systémiques – gravées dans notre société, qu’il faut démanteler, en grattant pour des considérations et des droits qui devraient aller de soi. C’est aussi participer à la réécriture de l’histoire (exemple : blanchir une figure racisée, « oublier » qu’il n’y avait pas que des opposants politiques dans les camps de concentration, prétendre que Vichy n’a pas fait tant de mal que ça, et j’en passe). Tout part des mots et des images. Le langage vient définir une réalité, ensuite martelée et appuyée jusque dans les faits.

La fétichisation, ou le fait d’exacerber le caractère aguichant / séducteur d’une personne, souvent en adoptant un point de vue masculin (hétéronormatif et cisgenre). C’est, simplement, ramener une individualité à un physique, la transformer en objet, en bien consommable et utilisable. C’est insultant, ça fait aussi beaucoup de mal. Les corps (perçus comme) féminins subissent de nombreuses injonctions : une jeune femme doit être ci ou ça, souvent fine, lisse, sans « imperfections », douce, « pure », sans poils, etc. C’est subir l’avis d’autrui jusque dans sa chair. C’est participer à la culture du viol, apprendre à certains types de population à ne pas être elle.eux-même pour respecter une idée préconçue, à craindre des répercutions, en cas de non-respect des lois tacites. C’est entretenir la charge mentale, obliger à passer du temps et de l’argent pour entrer dans la norme et ne surtout pas se faire remarquer. Apprendre à se surveiller soi-même, à se juger et à se détester. Ça mène à beaucoup de mal, psychologiquement comme physiquement.

Enfin, l’utilisation et la répétition de stéréotypes néfastes. C’est, comme son nom l’indique, des représentations nocives et négatives – des visuels irrespectueux et insultants, qui reprennent des idées préconçues, absurdes mais particulièrement vicieuses et méchantes. Ne pas connaître ne justifie pas de dénigrer, moquer ou insulter. Des erreurs arrivent, oui, mais il nous appartient d’essayer de faire mieux.

Ici, de manière succincte et simplifiée encore, une partie des thèmes visés, et, un rappel, en art comme en cartomancie : un style ne justifie pas d’affiner / de blanchir SYSTEMATIQUEMENT les corps. Ma réflexion tournant autour de la représentation des corps, je me dois de rappeler la société dans laquelle nous vivons : patriarcale et capitaliste. Où tout doit se vendre, faire du profit, où les corps (perçus comme) féminins sont un bien comme un autre ou presque. C’est la peur des autres, une oppression systématique à peine cachée, que l’on fait semblant de ne pas remarquer. Il est question du « gaze » (le regard, le point de vue, la perspective, de là où on se place, etc) : la norme contient des injonctions, cherche à forcer une façon d’être, d’en faire un moule, un modèle à reproduire. Ce modèle de beauté veut alors plaire à ceux qui l’ont conçu et cherchent à le maintenir.

Le Male Gaze et la fétichisation des corps reprennent une vision de la femme comme appartenant à l’homme. Son apparence est alors pensée pour séduire et plaire, n’a pas de but et d’existence en soi. Les corps qui ne respectent pas ses injonctions arbitraires sont alors dénigrés et rabaissés, vus comme « moins que » et effacés : ils deviennent tabous, rares et anormaux. Or, les corps n’existent ni pour servir ni pour plaire à autrui. Prendre du poids ou de l’âge ne devrait pas être un critère de beauté ou de supériorité. Nous sommes tellement plus que nos enveloppes.
Ce regard passe par la mise en avant de corps nus ou de choses considérées comme attirantes sexuellement. On y retrouve entre autre la mise en avant de poitrines rondes et fermes, de tailles marquées, avec de la nudité gratuite et des cambrures / positions voulues aguichantes. Cela sert dans un même temps à rabaisser les corps plus communs / réalistes avec leurs dissymétries, poils, rondeurs et marques – il y a oppression et processus d’humiliation.

Il est difficile de parler des injonctions patriarcales sur les corps sans parler de body-shaming. Il y a des conséquences à sortir de la norme – volontairement ou non. Les corps, comme les esprits, sont surveillés et « shamés » (dans la version française du mot verbe anglais « to shame », qui désigne l’action de rendre honteux.euse / de critiquer). Le but est de pousser une personne à manquer d’assurance. C’est une tactique de dépréciation systématique pour faire entrer dans la « majorité » (qui n’en est pas vraiment une) et pousser à suivre les normes. Les personnes perdent en estime de soi et en amour-propre, reproduisent les schémas toxiques envers elles-mêmes et envers les autres, ce qui permet de faire perdurer un système oppressif et néfaste. Le corps subit de nombreuses discriminations, qui diffèrent selon les identités genrées pour lesquelles nous passons (le « passing » : fait d’adopter des codes genrés ou de ressembler à ce qui est accepté comme féminin ou comme masculin). S’ensuivent de nombreuses violences, psychologiques comme physiques (remarques constantes sur le poids, moqueries, harcèlement, agressions, etc.) Le body-shaming cherche (entre-autre) à éradiquer la prise de poids et fait culpabiliser le moindre changement de taille – même quand un.e enfant est simplement en train de grandir et s’approche de sa silhouette d’adulte. Chez certain.es, la grosseur démarre au 40 ou au premier bourrelet. À partir du moment où les médias et les marques de vêtements insistent sur la minceur et suggèrent que faire du S (une taille 36) est préférable à une autre taille, au danger de quitter la « normalité » quand, en France, la véritable taille « moyenne », selon les sondages, est le L ou le XL (une taille 40 ou un 42), il y a un problème.
[« En 2016, une start-up de la mode nommée ClicknDress, a réalisée une enquête auprès de 55 000 femmes françaises âgées de 17 à 65 ans, qui a prouvé que les tailles 36 avaient 3 fois plus de choix que les tailles 40. Or, en France, se sont les tailles 40 et 42 qui sont le plus portées, et les Françaises sont 40% à faire une taille 44 et plus. » issu d’un article de mars 2021 ou encore cet excellent article Lemon Curve de décembre 2020 : « (…) la taille 34 qui est répandue sur 0,7% des femmes en France leur offre la possibilité de choix d’environ 14% de l’offre des robes donc 1470 modèles (la robe est pris comme vêtement de comparaison). En parallèle, la taille 46 que porte 9% des femmes, ne propose que 0,6% de robes soit seulement 65 modèles. Il est donc évident que les marques de mode n’ont pas conscience de la taille des femmes et qu’elles ne proposent pas assez une offre adéquate. »]
Les faits sont réécrits pour suivre les injonctions patriarcales et plaire aux regards masculins – si les faits sont moins tranchés, la théorie l’est. Le poids est une autre de ces injonctions : tout comme l’âge, l’ethnie, la couleur de peau ou nos capacités physiques ou mentales, elles sont particulièrement vicieuses puisque nous n’y pouvons rien. Ce sont des discriminations réelles qui ont des impacts. Le but est d’effrayer et de culpabiliser les corps : tout ce qui est associé à la grosseur est vu comme dangereux et malsain, ce qui pousse à se surveiller, à violenter son corps (par exemple en cessant de s’alimenter, à faire des « détox », des régimes et tout un tas d’autres choses que le capitalisme nous propose pour non pas régler un problème de santé mais pour s’aligner aux injonctions). Le problème, ici, est que les injonctions aux corps sont irréalistes. Il est normal et même sain que nos corps et morphologies évoluent au cours de nos vies, des saisons, etc. Beaucoup de ce qui est jugé comme des « imperfections », des choses « sales » ou « dégradantes » sont en réalité parfaitement naturelle. Les règles, la pilosité, la « peau d’orange », les vergetures… Les corps ne sont pas faits pour rester lisses et « doux ». Ils évoluent sans cesse, et pas en « avant » et en « après ». Au lieu d’examiner le passé ou le futur, pourquoi ne pas se concentrer sur le maintenant et sur le présent ? Sur les sensations, sur ce que votre corps vous permet de faire ? Chacun et chacune n’a pas les mêmes possibilités, j’en suis bien consciente. Vivre peut être un combat, chaque jour peut-être difficile. Je ne cherche pas à édulcorer les vécus ou à les effacer, seulement à proposer une voie plus juste, qui demande moins. Moins de sacrifices, moins de haine et de honte. Second problème, et pas des moindres : la société joue de nos complexes. Elle nous les impose, leur donne forme, les nourris pour mieux nous proposer ses « solutions miracles », pourvu que l’on donne de l’argent. L’économie de la minceur et des régimes, mais aussi de la chirurgie esthétique, gagnent de l’argent en utilisant nos peurs, nos envies et besoins de se sentir acceptés et aimés. Des besoins qui, soit dit en passant, sont normaux. Notre humanité est utilisée contre nous. Se changer physiquement n’est généralement pas la solution. S’aimer ne devient pas une évidence quand un certain chiffre ou une certaine taille est atteinte. Au contraire : les « rechutes » sont encore plus dures, sont vécues comme des échecs, comme des erreurs. Quand on sait que les régimes, les « coupe-faim » mènent toujours à une reprise de poids – à moins de suivre un régime à vie – on comprend l’étendue des dégâts. Et c’est sans compter, évidemment, sur les problèmes de notre système de santé qui, l’œil exercé, juge et tâte de la marchandise (surtout quand elle est perçue comme féminine) pour la prévenir, avec « tendresse et bienveillance », qu’elle vient de prendre un peu de gras et qu’il serait bon qu’elle les perde aussi sec. Des représentations négatives laissent des traces, notamment sur le plan psychologique. Autre point : le patriarcat souhaite nous occuper, préfère que l’on accepte ses normes, que l’on s’épuise à les suivre plutôt que de se questionner et de le remettre en question. Il préfère insulter ses opposants, met en place des discriminations et des boucs émissaires pour s’assurer de l’acceptance voire de la complaisance de sa « majorité ».

La grossophobie ou l’hostilité envers les personnes grosses ou jugées comme. Sans vouloir diminuer une lutte ou des ressentis, il faut savoir que la grossophobie est plus profondément ancrée dans notre société que le body-shaming : les personnes grosses voient leur vie bien plus impactée que s’il était simplement question de discours culpabilisants ou d’insultes. Vivre dans une société qui souhaite vous effacer est difficile. Quand même les places de train ne sont pas adaptées et que prendre les transports mène presque systématiquement à subir des agressions… Tout part de certaines idées et symboles, sur-véhiculés et globalisés pour qu’ils soient perçus et vécus comme vrais. Il en va de la pensée commune / majoritaire, de la doxa et des stéréotypes. L’un d’entre eux, repris et nourris par une partie elle-même du corps médical, est que le poids impacte directement la santé. La présence de graisse est vue comme maladive, pensée comme la source de tous les maux. Il est négatif et inutile de tout relier au poids. Se blesser peut ne pas y être relié. Et oui. Tout n’est pas aussi simple. Une personne peut être grosse et faire beaucoup de sport. Même être un.e athlète. Le fameux IMC (Indice de Masse Corporel), utilisé pour statuer sur les « stades de la grosseur », a été pensé par un homme, pour… Roulement de tambour. Oui oui, pour les hommes. Il prend en compte un homme caucasien. L’IMC est alors complètement caduc (donc nul) quand on parle des femmes. Pire encore quand on parle d’une femme non-caucasienne. Les corpulences, silhouettes, densités osseuses et manière de stocker le gras ne sont pas les mêmes. Cet indice voulu universel ne l’est pas. Et, pour couronner le tout… Il était pensé pour une utilisation à échelle nationale, pas individuelle. Ce qui n’empêche pas notre cher système de santé de le brandir à tout bout de champ.
On confond à tort forme physique (cardio) et apparence / poids. La force, l’indice musculaire et les capacités cardiaques ne sont pourtant pas des indicateurs de « minceurs ». Pire encore : les doubles-standards. On accepte qu’une personne mince n’aime pas le sport, qu’elle n’en fasse pas. On ne surveille pas son alimentation, elle peut librement manger en grande quantité et tous les types de nourriture, y compris les plus grasses, sans un commentaire ou presque. Au contraire, la moindre rondeur amène les commentaires. À croire que la personne a besoin de conseils et de remontrances, qu’elle, comme un.e enfant, ne sait pas s’occuper d’elle. Un physique ne donne pas de droits : non, nous ne pouvons pas toucher, tâter, pousser, palper, commenter ou éduquer une personne parce qu’elle est comme elle est. La supériorité, le mépris voilé de bonnes intentions doit s’arrêter. C’est rabaissant, culpabilisant, déshumanisant et très patronisant (récupéré de l’anglais « patronizing » pour parler de mansplaining ou d’une attitude condescendante et supérieure qui vise à éduquer et à infantiliser – patriarcal, donc). Il faut arrêter de culpabiliser les corps : chacun et chacune, en soi, a le droit d’exister. Il ne devrait pas y avoir de « sous-corps » ou de hiérarchie du souhaitable. La vie n’est pas une course ou une compétition. Il n’y a, à mon sens, pas de but universel. Nous sommes simplement là. À nous de trouver ce que nous voulons ou non faire. À nous d’apprendre à nous connaître et de faire nos choix en connaissance de cause / conscience.
Juger une partie de la population « moins bien que » par son poids est une aberration. Les associer au glauque, au monstrueux et à la mort tout autant. Dire qu’une personne grosse est forcément en mauvaise santé est un amalgame dangereux. Une personne peut avoir pris du poids à cause d’un traitement médicamenteux. La prise de poids n’est pas systématiquement antérieure ou première, elle peut être une conséquence : ce n’est pas un « mal », une maladie unique qui fonctionnerait d’une seule et même façon. Certains corps sont naturellement plus larges que d’autres. La densité osseuse joue aussi beaucoup. Alors refuser des soins médicaux à une personne sous prétexte qu’elle est forcément en mauvaise santé parce que grosse est ridicule. C’est comme ça que l’on stigmatise, que l’on ajoute des oppressions et des maux, psychologiques comme physiques. L’injonction à la maigreur doit cesser. À certaines époques et dans certains pays, être rond.e était un signe de bonheur et de bonne santé. Ce qui, malheureusement, de nos jours, n’est rappelé ou réutilisé que pour enfoncer davantage les corps osant sortir de la norme fine : une personne grosse sera alors le.a grand.e méchant.e riche, insensible et fainéant.e ou, dans un cas plus genré, la femme de famille trop fertile, « flasque » et large – « dégoutante » (et je ne parle même pas des intersections et des biais racistes qui viennent s’y ajouter). Il serait bon d’éviter les clichés. Parce qu’ils sont dépassés, qu’ils font plus de mal que de bien. Et que les maux endurés sont réels.
Soyons clair.es, je ne dis pas qu’il n’y a pas, dans certains cas, des conséquences, (j’évite l’utilisation du mot « surpoids », puisqu’il se base sur une norme de poids dite « idéale » et « normale », et pire encore avec le terme « obèse », qui est censé indiquer une maladie mais désigne une morphologie basée sur le fameux IMC (ou comment réifier / chosifier les gens en les réduisant à une taille / a une maladie : pour reprendre les mots de @Corpscools, dit-on « le.a cancéreux.euse » pour désigner une personne malade ? Pas trop, puisque c’est insultant et très péjoratif) – un amalgame mauvais et dangereux) mais, et même dans ce cas : et alors ? La santé est du domaine de l’intime, du confidentiel. En quoi nous regarde-t-elle ? En rien. Contrairement à ce que certaines personnes pensent, la « body positivity » (littéralement « positivité des corps ») n’a pas de taille maximale (voir @Corpsgros, dans les ressources de fin d’article). Le mouvement cherche à mettre en avant l’amour de soi et de son corps, quelle que soit sa taille, sa morphologie. Il s’agit de déconstruire les pensées pour sortir du schéma patriarcal et de l’image de la « Femme » – comme concept / objet. C’est un processus long et non-linéaire, avec, aussi, des jours sans et des « rechutes » où l’on ne se trouve pas aussi belle.beau que nous le devrions. Ce n’est, parfois, pas possible. Pas quand on nous a appris à haïr notre reflet, dans le miroir. Pas quand on a appris à détester et à violenter son corps. Dans ces cas-là, s’accepter est déjà un grand pas (d’où le terme « body acceptance » : acceptation du corps).
La santé va au-delà des chiffres, et ne devrait plus se penser qu’en termes de corps : le mental a énormément d’importance. Il nous est impossible d’aller bien et d’être bien quand nous nous détestons, même inconsciemment. Tous les corps méritent d’exister. Aucun corps ne mérite d’être pointé du doigt, moqué ou violenté. Certains corps ne sont pas plus méritants d’amour que d’autres. Il faut chercher une voie d’équilibre qui soit respectueuse, en arrêtant de survaloriser la perte de poids, bien trop mise en avant comme positive, belle et plus acceptable et souhaitable. Il faut mettre en avant un changement de perspective, de point de vue : ce n’est pas au corps de changer pour entrer dans x vêtement ou taille ou mobilier. Il ne faut pas changer son physique, son corps, mais au contraire changer sa façon de penser et voir le monde. Laissons les corps tranquilles. Arrêtons de culpabiliser, de rendre honteux.euses. Nous devons arrêter la surveillance et le jugement. Cela ne nous mène nulle part, notre société peut en témoigner. Pourquoi ne pas écouter, au lieu d’invisibiliser et de blesser ?

Une autre oppression systémique qui ne devrait pas avoir lieu : le racisme. Les corps devraient pouvoir exister en paix. Le simple fait d’être ne devrait en aucun cas pouvoir justifier d’une soi-disant infériorité. Contrairement à ce que l’on nous dit, nous ne naissons, dans les faits, ni parfaitement libres, ni parfaitement égaux. La preuve : une certaine corpulence, un trait physique, une couleur de peau et il est presque accepté, presque normal que l’on demande certaines choses de vous. Des avis, des contacts, des actes sont imposés. Ce n’est absolument pas normal. Nous connaissons les grandes lignes de nos Histoires et patrimoines. Et pourtant. Nous continuons de rejouer les mêmes biais, les mêmes violences et dynamiques de domination. Selon le lieu de vie, le nom de famille, la couleur de peau, les possibles ne sont pas les mêmes. Les conditions de vie non plus. Les stéréotypes racistes évoluent pour mieux se cacher, sont d’autant plus fourbes qu’ils prennent une autre apparence. C’est la question des « cités », des « jeunes à problèmes ». Le manque de moyens et d’aides, l’indifférence attirent la criminalité – pas les origines ou la couleur de peau. D’autres amalgames dangereux, issus de stéréotypes racistes (la fainéantise, le manque d’intelligence, le goût du mal et de la violence, la sauvagerie, etc) sont ici exprimés. Le racisme prend de multiples formes, est, dans tous les cas, une charge systémique non négligeable. En plus de porter un passé difficile, les personnes subissent, chaque jour, le rappel de leur « différence ». Des regards, des gestes, des paroles, des actes. Leurs ressentis doivent être écoutés et pris en compte. Etre n’est pas une invitation. Notre société est particulièrement viciée, sait être aveugle quand bon lui semble (quand elle en tire profit). C’est ce dont il est question : on profite des corps, de la peur. Tout un marché essaie de vous faire changer. Il veut vous blanchir, vous affiner, vous lisser, vous façonner. En plus de ces injonctions qui souhaitent effacer les traits individuels (et ici, européaniser/franciser en dénigrant le multilinguisme, les traditions et les racines), il y a l’appropriation culturelle.

C’est un sujet trop souvent mis de côté. Non, ce n’est pas innocent. Non, en tant qu’êtres sur cette planète, nous n’avons pas droit à tout. C’est un privilège que de réclamer et prendre sans rien donner en retour. Les cultures en question ont été (sont peut-être encore) discriminées et dominées. L’esclavage, la colonisation, les guerres sont passées par là. Pour saper les bases, détruire les traditions et les enseignements de peuples dits « sauvages », « sans connaissances » ni « cultures ». L’appropriation culturelle repose sur un mouvement de domination : une personne d’une autre culture cherche à prendre, à faire sien (à approprier) un sujet ou objet sensible, qui a une histoire particulière. Pour en lire plus, c’est ici. Je tenterais tout de même de résumer le phénomène : l’appropriation culturelle, c’est quand on décide de devenir un chaman (terme russe issu du sybérien šaman qui désigne les peuples toungouses et, de manière géographique, les peuples de l’Asie de l’Est / de l’Extrême-Orient, à tort utilisé de manière interchangeable pour tous les peuples natifs et leurs pratiques, surtout avec les peuples premiers d’Amérique). C’est quand on décide de devenir prof de Yoga quand on ne connait que les asanas (les positions et mouvements – le Yoga est bien plus large qu’un « sport »). C’est quand on utilise du palo santo et des plumes d’aigle (protégées et réglementées) pour purifier sa maison. C’est quand on décide de « devenir » un.e pratiquant.e natif.ve américain.e (seul.e). L’appropriation c’est quand on s’accapare d’un concept sans faire de véritables recherches, sans faire d’efforts ou être véritablement initié. C’est déplacer le concept du tantrisme pour qu’il ne tourne qu’autour de la sexualité. Evider et lisser des thèmes pour qu’ils nous plaisent, qu’ils nous servent, qu’ils nous rapportent, qu’ils ne choquent pas des sensibilités et connaissances caucasiennes/européennes. Il y a aussi toute une dimension mercantile, qui vient, une fois de plus, prendre ce qui appartient aux communautés déjà opprimées, portant souvent de lourds passés et héritages. Pour l’éviter : il faut questionner, remettre en contexte, s’intéresser, donner de soi. Au sujet en question, aux détenteurs.rices du savoir qui nous intéresse. Se rapprocher de la source, voir ce qui se fait, ce qui se dit. Découvrir que la sauge blanche est une plante native américaine sacrée dont l’utilisation massive par la communauté sorcière menace de faire disparaître. Qu’elle est volée par d’autres pour le profit. Que les natifs américains sont perdants de ce marché, que la plante est en voie de disparition, qu’on leur vole leurs pratiques. Encore ! Les exemples sont multiples. Il ne faut plus effacer, supprimer les voix des concerné.es. À nous d’écouter, de voir ce qu’il se passe, de se renseigner, même si c’est désagréable, même si ça prend de nos ressources et de notre temps. Si nous ne sommes pas décidés à mettre quelques heures de côté pour chercher et apprendre, si lire 3 articles ou définitions, écouter 2 vidéos et lire un livre est de trop… Alors nous ne sommes pas intéréssé.es. Alors il vaut mieux que nous en restions à nos propres cultures, toutes aussi riches, importantes et passionnantes. Il est possible d’apprécier une culture sans se l’approprier, mais cela demande de l’humilité et des efforts. L’appropriation est une forme de racisme : elle dit de manière détournée que les personnes en question ne méritent pas d’argent, de respect ou de rétribution, que la « culture » en question n’en est pas vraiment une, qu’il n’y a pas de mal à venir piocher ce qui nous arrange pour refuser ou oublier ce qui ne nous plaît pas. C’est une nouvelle violence, un acte de pillage, qui indique la supériorité de celui qui prend et fait sentir ses privilèges et son mépris. Il n’y a pas de respect ou d’échange mais la continuation de dynamiques de domination.

Les corps, quand ils sortent des canons de beauté patriarcaux, sont dénigrés. Ils ne sont plus vus comme « utiles » et « séduisants ». Ils se rapprochent du monstrueux, sont vus comme une menace, comme un phénomène à rendre honteux et à réprimer. Or, nous sommes comme nous sommes. Nos corps ne devraient pas être des sources de stress et de honte – nos héritages, besoins et cultures non plus. Nous ne devrions pas à avoir à subir un monde qui n’a pas été pensé pour soi, qui se moque, veut cacher, étouffer, et même supprimer… Car oui, il n’y a qu’un pas. On commence par invisibiliser, puis, se faisant, on fait sortir de la norme, on accepte les agressions, avant de maintenir en place les injustices et les horreurs – on rend systémique les discriminations, on les tolère, quand on ne les encourage pas.

Une autre injonction sur les corps : l’âgisme (discriminer sur l’âge / le vieillissement). Prendre de l’âge, grandir, vieillir, même, ne devraient pas être des expériences négatives. Les personnes âgées (quand elles sont perçues comme des femmes notamment) subissent des discriminations, et pas qu’à l’embauche. Si elles sont coquettes, féminines et « bien conservées », elles sont socialement acceptées – et encore, en tant qu’exception qui confirme la règle, ce qui n’empêche pas certains regards, du mépris entre les générations. Mais si elles ne le sont pas… Elles deviennent trop « masculines », ne sont plus désirées, sont jugées inutiles. C’est une des conséquences du patriarcat et du regard masculin. Si la femme ne peut plus rapporter, n’est plus fertile, elle est alors « défaillante », sa « valeur marchande » baisse. C’est tout simplement honteux. Et pourtant, cette honte, c’est les corps qui la portent. En essayant de cacher les cheveux blancs, d’atténuer les rides, les tâches de soleil, en subissant divers traitements ou régimes pour rester « belle.beau ». Et selon qui ? C’est encore subir l’avis d’autrui, se comparer constamment, ne pas s’aimer, se restreindre, se changer, se faire, en somme, du mal. Il y a trop peu de représentations positives de la vieillesse. On montre des femmes « gâteuses » ou aigries, dépendantes (affectivement) ou au contraire insensibles, des grands-mères poules ou bien des « sorcières », dans le sens injustement négatif qui persiste de nos jours. Développer d’autres images est important. Nous ne pouvons pas vivre en craignant demain. Faire la paix avec soi et avec le temps, avec son corps et ses capacités serait salvateur. Pourquoi marquer l’injuste différence : un homme serait mûr et superbe en assumant ses cheveux « poivre et sel » quand une femme serait négligée et devrait se « reprendre en main » ? Finissons-en, s’il vous plaît, avec l’hypocrisie et les doubles-standards.

Il en va de même pour les handicaps, qu’ils soient définitifs, momentanés ou chroniques, physiques comme mentaux ou psychologiques. Ne pas être « au top », à « 100% » de ses capacités est vu, dans notre monde capitaliste, comme de la mauvaise volonté ou de la fainéante, comme une « faiblesse de caractère ou de constitution ». Cette façon de penser est particulièrement négative et néfaste. Elle reprend le mépris du patriarcat pour les femmes, et la fertilité : qu’il s’agisse des règles, de la grossesse, de l’avant ou de l’après, toute faiblesse est une raison de moquer, d’avilir le corps et la personne. Le validisme, c’est effacer et oublier les, justement « non-valides ». Les personnes qui n’ont pas les mêmes capacités, les mêmes possibles. C’est, encore une fois, ne pas être prévu : il n’y a pas d’ascenseurs, les escaliers sont trop raides avec de petites marches, il n’y a pas de pente, pas de bancs (ou, s’il y en a, ils sont scindés de barres inconfortables), les mobiliers sont inadaptés, entraînent de l’inconfort, l’impossibilité de les utiliser, de se déplacer, des douleurs, du stress, toute une charge mentale (trouver les endroits accessibles, réagir en cas de finalement non-accessibilité, rebondir, s’épuiser davantage encore pour être prêt.e, etc…) et même une mise en danger. Toutes les maladies, tous les maux ne sont pas visibles. Il y a différents degrés, de la nuance, comme toujours. Tout ce qui est maladie fait peur. La société prime la santé parfaite, est particulièrement véhémente et hostile, fuit ceux qu’elle juge « anormaux », voire « moribonds » – ceux qui ne peuvent remplir les quotas de productivité et de travail dits « importants » ( = qui brassent de grosses sommes d’argent) de notre société.

Mais ce que le capitalisme et le patriarcat prônent ne sont PAS la seule voie. Cette « norme » n’est, en vérité, même pas majoritaire. Les corps, ne font pas que du S. Il est normal et même sain qu’ils évoluent. Représenter la beauté et la diversité de TOUS les corps est fondamental. Pour briser les tabous, redonner confiance, soutenir, faire preuve d’acceptation et de bienveillance. Deux autres points, pour finir sur les normes : l’hétéronormativité et la cisnormativité. Tout le monde n’est pas hétérosexuel (attiré par les personnes du sexe opposé). Il y a ici aussi tout un spectre (ce pourquoi l’acronyme LGBT (Lesbienne, Gay, Bisexuel.le, Trans) évolue et grandit), différentes manières d’être, de penser ou d’exprimer sa sexualité (ou son identité de genre). Le mythe du couple parfait papa-maman doit être repensé. La famille ne se pense pas qu’à deux. Il est aberrant d’opprimer et de restreindre à ce point la vie des autres. Pourquoi vouloir effacer, chercher à interdire, à faire du mal ? De la même façon, de nombreuses personnes ne sont pas cisgenres (personne dont l’IDENTITE – c’est une construction sociale – de genre (masculin, féminin) correspond avec son corps de naissance – l’inverse de transgenre). Dans notre société, nous avons du mal à séparer identité de genre et organes sexuels (de naissance). Nous assignons, plaquons alors des caractéristiques, des envies et des besoins sur les enfants et personnes, en fonction de ce avec quoi ils.elles sont né.es. Il y a, pourtant, des personnes non-binaires et transgenres. Les deux options que la société prônent actuellement ont été crées et construites : il n’est pas bien compliqué de décider, tout aussi arbitrairement que la première fois, qu’il est temps d’en ajouter / de les changer. L’apparence de genre (le « passing »), les réalités biologiques, l’amour et la sexualité sont des thèmes particuliers, sans évidences, sans véritables normes. On peut par exemple ressembler à une femme, ne pas en être une, aimer les hommes sans avoir de sexualité. Ce n’est pas aussi simple / duel / binaire que ce que notre société actuelle aimerait nous faire croire. Et, si vous voulez mon avis, les représentations / images / symboliques ne montrent pas assez de ce qu’il y a, dans notre monde. Les points de vue adoptés sont généralement ceux des « dominants », donc, pour faire court, des hommes blancs, valides, cisgenres et hétérosexuels. Les représentations de l’amour et de la famille sont, dans les jeux de cartes, très normées. Pourquoi ne pas travailler le doute ? Une figure n’a pas à être clairement ou définitivement genrée. Pourquoi ne pas laisser à chacun et à chacune projeter l’identité de genre qu’ils préfèrent ? En attendant de diversifier les visuels et les symboles, pour dissoudre la norme et la rendre moins agressive et violente (en invisibilisant et niant les vécus et réalités).

J’espère que mes synthèses auront été claires sans trop simplifier, que cette réflexion, bien affirmée, aura su interloquer et questionner. Ouvrir des ponts, créer une discutions, une possibilité d’ouverture, accueillir « l’autre ». Le but n’est pas de crier à la perfection, mais de tenter une plus grande bienveillance. Et pour cela, pour ne pas faire d’ « impairs », il faut essayer, apprendre, se renseigner. Il est impossible de faire mieux sans s’interroger et apprendre. Ce qui passe par un changement de point de vue, de « gaze » : il faut prendre une autre place que la sienne, regarder le monde différemment. Déconstruire, surtout. Sortir du binaire et des « normes », prendre suffisamment de recul pour les questionner.

Tout ça pour dire que je rêve de jeux de cartes (mais aussi de publicités, pendant qu’on y est) plus inclusives et respectueuses. Je ne veux pas que des symboles / archétypes mais des représentations variées et non-stéréotypées. Je veux du respect, de la réflexion, pour sortir de la pensée dominante masculine. Pour sortir de la domination tout court.

Liens et Ressources :
#CartoCringe
L’incroyable Cathou Tarot : ici et, sur son blog, sa chaîne Youtube et .
Sélections de ses écrits : sur les représentations dans les Tarots, la part 2, un coup de gueule.
Un exemple de Roue des privilèges (Slide 2 !) chez @Clear_the_deck
@tellmeoceane « Comprendre la notion de privilège social »
@tellmeoceane « Complexes VS discriminations »
« Spirituality without Shadow Work is denial » par @serpentfire
Inciting A Riot, « Yes, this is our paganism » sur le racisme et l’appropriation culturelle dans les maisons d’édition ésotériques
@Lanuitremueparis sur l’écriture inclusive
@Laharpy « Le masculin n’est pas neutre »
@Lanuitremueparis « Le Mansplaining »
@francetvslash « Si tu es une femme, ces trucs du quotidien n’ont pas été pensés pour toi »
@nour_tjrs_pas_ltemps « Les processus discriminatoires par étapes »
@Lanuitremueparis sur la non-mixité
@Lanuitremueparis Le Mythe de Méduse, part 2
@Lanuitremueparis : « Je ne m’habille pas comme une salope, c’est toi qui pense comme un violeur »
@Lanuitremueparis « Tenue appropriée »
@Elodie.arnould « Les femmes et la beauté »
@Lanuitremueparis « Le corps »
@Preparez_vous_pour_la_bagarre Sur la question de point de vue (gaze) dominant
@Lanuitremueparis La Parité

Grossophobie
@Corpsgros : « Définition de la grossophobie »
Rosen.Lev, « « On peut être en bonne santé à toutes les tailles » Pourquoi on ne devrait plus dire ça en 2021 »
@alexlight_ldn, Sur l’IMC (en anglais)
@lespiedsdanslesplats_, « Pourquoi l’IMC est grossophobe, raciste, sexiste »
@lespiedsdanslesplats_ « la notion de surpoids est obsolète »
@Stopgrossophobie : « L’apologie de la minceur »
@yourbodyisworthy « My body is not trip advisor, you can keep the comments to yourself »
@alexlight_ldn
« The best weight you can ever lose is the weight of people’s opinions »

@Corpscools : « pourquoi la corrélation entre grosseur et mauvaise santé est faussée » (sur le covid et les comorbidités)
@Corpscools : Grossophobie, covid, comorbidité et santé
@Corpscools : « Du choix des mots » (le termes « obèse »)
@Corpscools : « A diet is a cure that doesn’t work, for a disease that doesn’t exist »
@Corpscools : « I am not a body positivity campaigner, I am a fat liberationist… »
@Corpscools : « Est-ce que c’est grossophobe de vouloir perdre du poids ? »
Article de Gabrielle Lisa Collard : « Est-ce que c’est grossophobe de vouloir perdre du poids ? »
@Stopgrossophobie : « Je ne suis pas un.e mince emprisonné.e dans une carapace de gros.se »
@tellmeoceane « Nous ne sommes pas des corps minces emprisonnés dans des corps gros »
@Corpsgros : « Le mouvement Body-Positivity n’a pas de limite DE TAILLE »
@Corpsgros : « Phrases grossophobes à ne plus utiliser »
@Corpsgros :  » « La FAT Tax » ou l’économie des personnes grosses »
@Corpsgros : « La grossophobie VS le Body-Shaming »
@Corpsgros : « Les trois niveaux de la grossophobie »
@Corpscools : « Je suis radicalement opposée à la chirurgie bariatrique »
@Asmae (@Rosecitronvg) « Body Positivity, Fat Acceptance et Body Neutrality »
@Tessholiday Grossophobie et médias

Body-Shaming
@Maedusa, part 1 : « Toustes mes héroïnes » (non aux injonctions, oui aux goûts personnels)
@Maedusa, « The Do and the Don’t, partie 2 : les standards de beauté »
@Mel Robbins, « Trash the pants, not yourself »
@Corpscools : « Oppression et libération de la grosseur : la plupart des femmes minces croient qu’elles pourraient devenir très grosses si elles « se laissaient aller »… »

Racisme et Appropriation
@Lanuitremueparis : Le Fétichisme
@henikapetal « Tantra does not mean sex »
@elodie.rosewitch « Fumigation : penser local pour décoloniser ta spiritualité »
Le live d’@africcan_ et de @themagicianstribes : « Spiritualité et appropriation culturelle, les conséquences sur nos héritages »
@lecerclevertueux « Le vrai prix de la sauge blanche »
@lecerclevertueux « Alternatives plus éthiques à la sauge blanche / palo santo »

Validisme
@raplapla_et_porte_voix : Définition du validisme
@autistequeer_le_docu « La rhétorique validiste »
@Corpscools : Capitalisme et santé/validisme
@psy.tabou « On n’est pas fainéant.es, ni faibles. On lutte tous les jours contre une/des maladie.s chronique.s. Ça demande bien plus d’énergie et de force que vous ne pourriez imaginer ou supporter.
@raplapla_et_porte_voix « Maladie ou handicap invisible ne signifie pas imaginaire. »
@le_validisme_cest sur l’autisme
@_conpassion_ exemples de phrases validistes ; ou ici ; ou là
@CathouTarot sur les biais et la question des auto-diagnostiques

Agisme
@LaNuitRemueParis, définition illustrée
@féminisetaculture : définition de l’âgisme
@lesgrenades présente Caroline Ida Ours, mannequin de 61 ans qui milite contre l’invisibilisation et l’âgisme
@fiona.n.schmidt
« Agisme et sexisme au cinéma »

@labanane.bxl
« Luttons contre l’âgisme »

@laisselesridestranquilles sur la ménopause
@laisselesridestranquilles sur l’horreur du vieillissement et de la mort
@laisselesridestranquilles sur l’âgisme
@laisselesridestranquilles sur l’âge dans la publicité
@coupdevieilles : Age et cinéma
@coupdevieilles « 4 raisons pour expliquer l’âgisme anti-vieux (et anti-vieilles) »
@soyonselegantes « Les hommes ne vieillissent pas mieux que les femmes, ils sont juste autorisés à vieillir »
@jaipiscineavecsimone « IL N’Y A PAS D’AGE POUR ENTREPRENDRE QUOI QUE CE SOIT »

Hétéronormativité / Cisnormativité
« Pour plus de diversité dans les romans jeunes-adultes » par Planète Diversité
@ftm_is_human, Eclaircissements sur le termes « trans »
@Rosen.lev : « « Ton orientation sexuelle, ton genre, c’est une phase… » Sauf que… »

Je regrette de n’avoir pas autant de ressources à proposer selon les sujets, n’hésitez pas à les compléter avec vos propres recherches !

[Cartomancie] Le Tarot de la Dévotion par le Page Novembre

A

Mise à jour du 03/11/2021 : Une deuxième édition est disponible en précommande ici.

Je vous retrouve pour vous présenter un de mes derniers jeux de cartes, un jeu indépendant de toute beauté. Ce jeu a d’abord été présenté en Reels sur mon compte Instagram, .

Il s’agit d’un jeu de quarante cartes inspiré par la construction fragmentaire (et complémentaire) du Tarot avec des Arcanes majeurs et des mineurs (Sorcière, Chevalier, Pèlerin). N’ayant pas d’équivalents avec les soixante-dix-huit cartes du Tarot (Marseille comme Rider-Waite), il entre, dans mes définitions personnelles (par son nombre de cartes), dans la catégorie des « oracles ». L’artiste derrière ce jeu est aussi un.e tatoueur.euse Français.e, Le Page Novembre. Vous pouvez retrouver ses autres créations de cartes ici et en acheter . Son prix tournait autour des 50€. Il n’est pour l’heure plus vendu mais, sait-on jamais, vous pouvez peut-être le trouver d’occasion, à moins qu’une autre édition ne sorte à un moment ou à un autre.


La boîte de rangement cartonnée, un peu grande par rapports aux cartes

C’est un très beau jeu inspiré par le visuel des cathédrales, avec des vitraux et des bas-reliefs. Il est très coloré avec un effet ancien voire abîmé sur les bords des cartes. Outre ses spécificités visuelles, les cartes comme les descriptions et interprétations sont non-genrées, donc rédigées en utilisant l’écriture inclusive (les familles de cartes étant neutres en anglais, langue d’origine du projet : witch, knight, pilgrim). Chaque carte possède aussi son symbole ou sigil, bien que le livret n’en parle pas.


Le dos des cartes


Les arcanes majeurs, qui forment de véritables vitraux


Les Chevaliers


Les Sorcières


Les Pèlerins

En termes de qualité et de fini, les cartes sont mattes, très souples et solides, elles s’arquent sans se froisser ou en garder de traces. Le format est agréable pour les petites mains, les cartes n’étant ni très larges, ni très hautes. Elles sont agréables à mélanger et glissent bien.
Un point d’importance, pour moi : la variété des physiques. Les corps ne se ressemblent pas tous, malgré les contraintes liées aux effets vitraux et bas-reliefs qui limitent les détails. Les cartes ont ce qu’il faut de mouvement et d’abstraction pour se projeter et ajouter un côté ancien, presque mystique aux cartes, comme une relique médiévale retrouvée. C’est à mes yeux un petit trésor.

Le livret décrit chacune des cartes, ce qui est souvent utile pour aider à percevoir les détails (certains effets vitraux méritant d’éloigner la carte et de prendre le temps de la regarder), avant de proposer des pistes d’interprétation. Les arcanes majeurs sont plus développés et proposent des questions et pistes de réflexion pour aller plus loin et creuser les thèmes abordés en profondeur. J’aime beaucoup le travail apporté aux sens et thèmes des cartes, qui leur permettent de la variété et d’être juste dans de très nombreux contextes. Si les pistes sont généralement courtes, elles n’en restent pas moins efficaces et sont parfaitement suffisantes – à mon sens – avec un peu d’introspection et d’intuition.

Ce jeu me frappe par sa justesse : il est doux et très coloré en même temps, direct sans être agressif. Il a rapidement su s’imposer parmi mes autres jeux, je ne regrette absolument pas mon achat, presque impulsif quand j’ai découvert la mise en vente des cinquante derniers jeux. Je regrette seulement qu’une autre édition n’ait pas été annoncée pour pouvoir partager mon coup de cœur. Je tenais quand même à le présenter ici, pour ne pas montrer que des jeux imprimés en masse et mettre en avant de « petit.es » créateurs.rices, ceux qui travaillent généralement pour sortir des normes et proposer de nouvelles perspectives, ô combien importantes.


Que pensez-vous de ce jeu ?

[Revue] Le Wild Unknown Animal Spirit Oracle

A

Mise à jour du 03/11/2021 : Une traduction française est prévue pour le 4 Novembre 2021 sous le titre « L’Oracle de l’Esprit Animal – Sauvage et inconnu ».

Je vous présente aujourd’hui un autre des jeux de cartes en ma possession. C’est un des premiers oracles que j’ai reçu (après mon cher Belline), pour lequel j’ai encore beaucoup de tendresse malgré de grandes interrogations, que je vous partage rapidement. Il s’agit d’un oracle anglais, pensé et réalisé par l’artiste Kim Krans et édité chez HarperElixir.

Je ne sais pas, rétrospectivement, quoi penser du titre, ou de sa potentielle traduction française (l’Oracle des Esprits Sauvages et Inconnus ou l’Oracle des Animaux Sauvages et Inconnus dans les meilleurs des cas ? L’Oracle des Animaux Totems dans le pire ?). Si le concept du bestiaire est en soit innocent, je ne peux pas m’empêcher de grincer des dents quant à tout ce qui concerne les figures « totem » – il s’agit pour moi d’un terme connoté aux pratiques des différentes cultures amérindiennes qui, hier comme aujourd’hui, subissent de nombreuses violences et oppressions. Vulgariser et voler leurs pratiques, en plus de leurs terres et de leurs vies, me semble de trop. S’il était question d’une étude et d’une véritable curiosité, j’aurai beaucoup moins de problème avec cette notion. Sauf qu’ici, et comme bien souvent, on (je m’y inclus) ne prend que ce qui nous plaît de ces cultures, qui, je le rappelle, sont victimes de cuisantes injustices, dont on ne parle pas assez. En tant que culture native, elle a, entre autre, le souvenir et le poids d’un génocide à porter, subit aussi du racisme, des stéréotypes et des violences généralisées. La plupart du temps, on, donc, ne prend que ce qui nous plaît : le concept d’ « animal totem », les attrapes-rêves et la sauge blanche. Les idées sont creusées et vidées, ne portent plus leurs concepts de base : on parle ici non pas de l’âme de l’animal mais d’une potentielle affinité de la figure / de l’archétype de cette animal, censé nous représenter. Le concept de base, lié à l’appellation, n’est pas respecté, la pensée et la spiritualité qui y sont intégrées ne sont pas étudiées ou travaillées, il y a juste récupération et transposition dans un autre contexte de pensée d’un élément traditionnel, le concept étant lié à une pensée particulière, chamanique et animiste. Les termes esprits animaux ou animaux esprits (en traductions de « spirit animal ») portent eux aussi cette connotation amérindienne. Je leur préfère encore l’idée d’Animaux-Ombres ou d’Animal-Reflet (termes empruntés à Lyra Ceoltoir – vidéo ici). Il faut différencier l’idée d’animal-représentation de celle d’un esprit / d’un guide (ou d’un « familier »). Pour référer une fois de plus à la vidéo de Lyra, il y a aussi toute une hiérarchie des animaux : on souhaite être une panthère, une licorne ou un corbeau, pas un rat ou un moineau. Nos connotations et stratégies de dévalorisations du vivant relèvent, je le pense, d’une idée que l’on se fait de notre supériorité humaine. Les créatures qui ne nous servent pas ou ne nous semblent (esthétiquement) pas assez « nobles » sont alors considérées comme de la vermine à éradiquer. Sauf que, dans la pensée animiste, toute chose de la nature a un esprit, même le pigeon. Et il n’y a d’ailleurs pas que les animaux, mais aussi les roches et les végétaux. L’utilisation du terme « totem », donc, ne me plaît pas et je ne l’utiliserais pas, pour ses connotations d’appropriation et de spécisme. C’est un peu confus, j’en suis consciente – je voulais simplement partager ma réflexion pour expliquer mon point de vue et non seulement l’énoncer. Il s’agit de ma pensée, vous pouvez ou non la partager. Dans ma vision des choses, une réelle curiosité et des efforts de recherches peuvent justifier de s’intéresser à d’autres cultures. Il faut « seulement » se poser des questions, questionner sa démarche et ses sources. Il peut aussi s’agir d’un Guide ou d’un Esprit, alors pourquoi préciser ? Dans l’optique où certains esprits se transforment et possèdent plusieurs formes, c’est à mon sens encore plus abstrait. Le livret du jeu reprend rapidement ce thèle pour y apporter les idées d’humilité et de ne pas se restreindre à un seul animal ou à notre système de valeur humain. Comme ce n’est pas ici le sujet, je ne vais pas approfondir davantage la question – bien qu’elle le mérite. Les jeux de cartes ne sont pas à l’abri de refléter des clichés ou des méconnaissances, portent parfois des symboliques négatives et nocives. Dans le cadre des jeux animaliers, ils sont presque, de fait, systématiquement associés aux pratiques amérindiennes, souvent sans vraie réflexion ou questionnement. Ceci étant fait… Je reprends mon propos initial.

Cet oracle comporte 63 cartes animalières, organisées en 5 catégories : terre, air, eau, feu et esprit. Les animaux sont associés à leur type d’habitat ou à l’élément qui les représente le plus, sauf dans le cas des créatures ou figures de l’imaginaire, reliées à l’esprit. C’est un oracle détaillé et consistant, la plupart des jeux tournant plutôt autour des 40-44 cartes.

Chaque carte possède, dans le livret, une bonne page de notes, avec des mots-clefs, une description, des éléments positifs et négatifs puis une piste pour développer ou travailler cette énergie.
C’est un jeu édité, donc produit en masse, qui est toujours disponible à la vente pour 25-30€ selon les vendeurs.
Il est disponible dans sa langue d’origine, en anglais. Il n’y a pas encore de version française, mais le jeu précédent de sa créatrice a été traduit l’année dernière – j’ai bon espoir que cet oracle le soit aussi. Le niveau de langue demandé n’est, de mon point de vue pas si exigeant que cela mais il faut quand même pouvoir se débrouiller. Le livret est complet, avec une bonne présentation / introduction ainsi que des exemples de tirages (dont le tirage en deux cartes Chemin/Obstacle). Deux bémols : la police d’écriture, manuscrite, pourrait être petite pour certains, puis, et surtout, le fait que les animaux ne soient pas, dans leurs catégories (les éléments), classés par ordre alphabétiques et qu’il n’y ait pas de sommaire. J’aurai aimé avoir une précision ou une indication sur ce choix, qui, je l’imagine, repose sur le niveau d’adéquation avec tel élément de l’animal ou de leurs correspondances énergétiques, le premier étant le plus « faible » et le dernier de la catégorie le plus « élevé ».
Le tout est présenté dans une boîte cartonnée, dont j’ai fini par me séparer pour gagner de la place.
Attention, il y a beaucoup de contrefaçons sur internet. Je le précise puisque la qualité d’impression et de papier sera moins bonne, mais aussi par principe, les droits d’auteur et le travail de sa créatrice étant bafoués.

Les cartes sont cartonnées, assez épaisses, avec des dos plutôt simples (ils reprennent un motif d’écaille simplifié, en gris clair sur un fond blanc). Les côtés ne sont pas colorés ou métalliques. Elles sont mattes et de bonne qualité : elles ne se décollent pas malgré plusieurs années d’utilisations. Les cartes sont assez grandes mais pas trop, elles se prennent bien en main et sont simples à mélanger – elles glissent bien. Je regrette le fait que le dos des cartes ne reprenne pas le côté brillant et métallique du bandeau qui maintenait le carton de rangement et dont j’ai dû me séparer, mais c’est un détail.

Les cartes sont très évocatrices, entre aquarelle, encre et traits au feutre noir. Le côté « croquis » est très joli, le traitement du noir et blanc et des ajouts de couleur est aussi très agréable à l’œil. Kim Krans a un style bien à elle que je trouve très reconnaissable et très intéressant pour travailler la suggestion et l’intuition. Leur aspect minimal et sans fond travaillé permet de se concentrer sur l’animal et son élément, d’aller directement vers ce qui est pensé comme « l’essence » de l’animal en question. Les figures animales sont ici davantage perçues comme positives que comme neutres. Les interprétations et descriptions tentent de créer des archétypes et de penser les énergies de ces animaux, parfois en ayant plus de mal à s’éloigner des clichés ou des représentations (par exemple avec le dauphin), mais pas toujours. J’apprécie le travail opéré sur des figures plus négatives pour leur offrir un regard neuf, moins biaisé (la hyène, le requin, l’araignée, le vautour, etc). Il y a finalement plus de positif que de négatif, bien que chaque carte mette en avant ses aspects « positifs » et ses aspects plus « sombres ». Le jeu est très intéressant et est quand même bien pensé. Il faut aussi savoir que le jeu se base sur des pratiques et spiritualités diverses, en particulier sur des pratiques hindoues, comme le travail des chakras ou le yoga – principalement en tant que pistes de développement personnel et spirituel.

Les cartes sont assez douces mais justes. Elles ont, je trouve, quelque chose d’aquatique et d’intuitif : elles savent repérer les problèmes et mettre au jour des contextes ou énergies particulières. Ce jeu est, à mon sens, très bon pour s’ancrer et pour appréhender différemment le quotidien. Il est un très bon guide, peut-être plus dans le présent que dans le futur toutefois. Il pourrait peut-être être une introduction en douceur vers du travail de profondeur sur soi ou sur ses ombres, étant plus accueillant et tendre que d’autres jeux.

Que pensez-vous de ce jeu ?

[Présentation] Le Tarot of the Unknown de QuarterPress

A

Mise à jour du 06.10.2021 : Une édition « de voyage » vient de sortir, à 25$, si le jeu vous intéresse, c’est par ici.

Avertissement : Les cartes, comme la vidéo (les visuels ou les sons ajoutés) peuvent montrer quelques spoilers concernant la série, je recommande donc de la regarder avant (10 épisodes de 10 minutes, trouvables sur Dailymotion dans leur version originale sous « otgw ») !

Je vous retrouve aujourd’hui pour parler jeux de cartes, ici, avec un Tarot anglais (Rider-Waite). Ce n’est pas une revue à proprement parler étant donné que le jeu, indépendant, est devenu difficile à trouver, mais plutôt une présentation, avec une vue des différentes cartes en vidéo et en images.

Ce Tarot me plaît particulièrement puisqu’il reprend les codes d’origine du Rider-Waite, créé par Pamela Colman Smith (avec des fonds jaunes et un style plus affirmé que les Tarots de Marseille par exemple) et les figures de la mini-série Over the Garden Wall. C’est la troisième et a priori dernière édition (la « Farewell Printing ») à l’habillage hivernal du jeu de cartes de QuarterPress. Après deux tentatives infructueuses pour me le procurer, je suis ravie d’avoir pu l’acheter, surtout avec son nouvel habillage (pour en savoir plus).
Il y a donc 78 cartes, les arcanes majeurs et les quatre familles de mineurs, ici deniers, bâtons, coupes et haches (qui remplacent les épées).

J’aime énormément le travail effectué pour les illustrations. Les personnages sont bien mis en avant, qu’ils soient importants ou non à l’intrigue. Les personnages de l’épisode bonus « Tome of the Unknown » apparaissent aussi ! Les figures font sens et montrent une grande connaissance de la mini-série, ce qui fait toujours plaisir, le tout respectant le style de la série.
Les cartes sont plastifiées, glissent bien et sont de bonnes qualités, légèrement brillantes. Les tranches sont argentées / métalliques, une touche supplémentaire à laquelle je suis sensible.
Un livret était disponible mais il n’y en avait plus au moment de ma commande, alors qu’il ne restait plus qu’une poignée de jeux de cartes. En considérant les frais de ports internationaux et l’urgence du moment je n’ai pas de regrets. Les cartes suivent fidèlement les sens et caractéristiques des autres Tarots Rider-Waite – j’utilise généralement le livret de mon Tarot Mucha.

Que pensez-vous de ce format vidéo ?

[Cartomancie] Commencer à se tirer les cartes : tour d’horizon et conseils

A

Je vous retrouve aujourd’hui pour ce qui me semblait être une suite logique de mon article sur Comment choisir son jeu. Une fois les cartes arrivées, il faut bien commencer quelque part ! Je vais essayer de traiter les différents sujets que j’ai pu voir revenir autour de moi et dans ma propre pratique mais s’il vous reste des questions (et c’est même probable), n’hésitez pas à les poser en commentaire ou sur Instagram, selon vos préférences. Le but n’est pas de définir de nouvelles normes, des codes ou des obligations mais de proposer des pistes et alternatives, de donner des conseils pour s’approprier son jeu de carte et développer sa pratique en cartomancie. Il n’y a bien sûr pas qu’une seule voie ou qu’une manière de faire, ce que je souhaite mettre en avant en particulier avec certains thèmes. Je vais tenter une semi-exhaustivité et d’être aussi claire que possible. J’en profite pour ajouter des ressources en fin d’article !

Première question : Purifier ou non ses cartes ? Si oui, de quelle manière ?
Si vous êtes familiers avec ma pensée, vous savez peut-être que je suis plutôt en désaccord avec ce qui est devenu une norme et un « passage obligatoire ». J’en parle plus longuement ici et une vidéo de Valiel est disponible sur le sujet. Pour vous épargner une relecture, je simplifierais ma pensée en ces mots : l’acte de purification est un grand nettoyage, qui implique une souillure ou une énergie dite « néfaste ». Si le jeu est neuf, qu’y a-t-il à enlever ? S’il ne l’est pas, ses énergies vous déplaisent-elles vraiment ? Le but n’est pas de toujours tout purifier et de prendre le risque d’abîmer ou d’endormir l’esprit du jeu, il est, à mon sens, préférable de se poser la question, de voir ce qui est possible ou non. L’objectif étant bien de développer sa pratique et de se familiariser avec le jeu de cartes en question, je pense qu’il est plus intéressant de le laisser s’exprimer et de ne pas chercher à le faire fuir en voulant « remettre à zéro » les cartes (en les purifiant). Une visualisation peut-elle suffire et remplacer une fumigation (très abrasive) ? Je n’ai pas la réponse, elle dépend de vos perceptions, intuitions et circonstances. Toujours est-il que l’acte de purification, par le sel comme par la fumée, ne devrait pas être vu comme obligatoire, comme un indispensable ou comme une base de travail. Une suggestion – à prendre ou à laisser : demander au jeu s’il nécessite ou s’il aurait envie d’être purifié, et de quelle façon (en attendant une réponse positive ou une réponse négative). La réponse pourrait être floue, mais, dans le doute, j’imagine que demander son avis ou sa permission ne peut pas faire de mal.

Deuxième point : Comment se connecter aux cartes ?
Personnellement, j’aime prendre le temps de garder le jeu en main, de le déballer et de voir chacune des cartes, de voir son fonctionnement, son éventuelle structure. S’il dispose d’un livret, je vais aussi m’y pencher, surtout s’il y a une introduction ou une partie explicative qui présentera le jeu : j’essaie de m’informer et de le connaître. Après quoi, je prends généralement le temps de me tirer au moins une carte, pour entamer notre travail ensemble et mêler nos énergies. Il n’y a bien sûr pas de meilleure façon de faire qu’une autre et il ne s’agit que de ma pratique. Il existe des tas de tirages, spontanés comme plus précis. Aussi, je pense qu’il n’y a pas de secret : plus on tire les cartes et plus on gagne en confiance, en apprenant à lire les différents symboles et à se familiariser avec le système du jeu. Vous pouvez commencer en vous aidant d’un livret ou d’un guide, essayer, ou non !, de le mettre de côté ou de compléter ses instructions avec ce qui vous passe par la tête : une image peut déclencher une image ou un message particulier. Se tirer régulièrement les cartes aide, forcément. Je recommande donc du temps et de la patience, un peu de curiosité et d’envie. Un autre point : parfois, les jeux ont un message très précis (sur le moment ou non) à nous apporter, ce qui peut se retranscrire par le tirage très régulier d’une seule et même carte. Pour pouvoir se rendre compte des doublons ou d’un motif récurrent (et voir sa fréquence), garder des notes ou des photos de vos tirages peut aider. Je préfère pour ma part prendre en note les messages, pour pouvoir m’y référer plus tard, mais aussi pour pouvoir découvrir des thèmes généraux et des liens entre mes différents tirages et jeux de cartes. Dans mon expérience, des sessions de tirages peuvent se recouper et s’harmoniser pour décrire un même thème. Si vous avez besoin de vous « motiver », des tirages, ponctuels ou sur plusieurs jours existent, il y a même des « challenges », qui pourraient vous aider à tirer plus souvent vos cartes et à passer du temps avec. Après, si tirer une fois par mois ou par semaine vous suffit, acceptez-le, il s’agit là de votre rythme et de votre pratique, il n’y a aucune honte à avoir sur ce sujet ! Nous n’avons pas besoin de nouvelles normes et d’une nouvelle course à la productivité en matière de spiritualité.
Pour aller plus loin sur l’idée du « journal » de cartomancie, un post de Deborah Denny (@lame.defond sur instagram)

Troisième point : Faut-il « couper » les cartes ?
« Couper » veut dire séparer en deux tas les cartes. C’est souvent ce qui est montré quand on parle de cartomancie, notamment avec l’image de la « diseuse de bonne aventure ». Certaines personnes aiment séparer les cartes pour n’en étaler qu’une partie, pour s’assurer de leur bon mélange ou choisir la carte du dessus ou du dessous. À vous de voir ce que vous préférez ou non ! Il n’est en tout cas pas obligatoire de procéder de cette manière. Elle est parfois recommandée quand on tire les cartes à une autre personne, pour l’impliquer et transmettre son intention aux cartes. Vous pouvez aussi très bien laissez la personne étaler et choisir ses cartes, les étaler pour elle, lui laisser le jeu en main avant ou même laisser le hasard ou la numérologie désigner sa carte. Il n’y a pas de règle, seulement une grande variété de possibilités !

Suivi de : Comment mélanger ses cartes ?
Je connais plusieurs façons de faire, que je présente ici. L’une n’est pas intrinsèquement pire ou meilleure qu’une autre – et il vous appartient de créer votre manière de faire ou variante. Le but étant de bien mélanger les cartes – pour échapper à la remarque sceptique du « c’est un simple hasard, c’est juste mal mélangé, ça ne veut rien dire » et être mieux réceptif au message des cartes, quand ses dernières se répètent ou se suivent.
Il est possible de battre les cartes, simplement en extrayant de petits paquets de cartes et en les redistribuant à d’autres endroits dans le tas, mais aussi de faire un « riffle-shuffle ». Cette deuxième manière demande de l’entraînement et comporte plus d’étapes : couper le jeu en deux tas puis les rapprocher pour les mêler une sur deux – ne me demandez pas comment, j’en suis incapable. À savoir : certains jeux de cartes sont fragiles et peuvent s’abîmer plus rapidement avec cette méthode. Vous pouvez aussi former différents tas avant de les redistribuer et de les remélanger ou même étaler les cartes sur une surface lisse avant de les brouiller / éparpiller ! Ces deux dernières méthodes peuvent vous aider à bien mélanger un jeu encore ordonné (je pense à un Tarot) ou si les cartes sont un peu trop grandes pour être bien prises en main. N’hésitez aussi pas à les mélanger dans le sens de la largeur ou de la longueur, selon vos préférences.

Quatrième : Quelle main utiliser pour étaler / choisir les cartes ?
Pour certains encore, il convient de n’utiliser que la main gauche, dite « du cœur », pensée plus réceptive et intuitive que la main droite. Dans les faits, je pense qu’il peut être intéressant d’utiliser sa main non-dominante, pour faire plus attention à ses perceptions et sortir de ses habitudes et du quotidien. À nouveau, c’est une question d’habitude et d’envie. Votre tirage ne sera pas moins vrai ou moins bon selon la main utilisée ! Je pense qu’il faut davantage se concentrer sur son intention et sur son lien avec les cartes que sur sa façon de faire.

Cinquième question : Quel usage ?
Là encore, le sujet est vaste. Tout le monde ne se tire pas les cartes dans le même but, il y a une grande variété d’usages. Le tirage peut accompagner un rituel, une méditation, répondre à une problématique, de la divination, de l’introspection, faire office de rappel visuel pour essayer d’habiter et d’invoquer ce qu’une carte représente, pour déclencher une canalisation, et même de l’écriture automatique (fictionnelle / créative ou non : guidance, introspection, message du divin ou des guides, …) et j’en passe ! S’il est plus courant de tirer les cartes pour répondre à des interrogations et faire de la divination, vous n’avez pas à vous cantonner à un usage strict et unique.

Sixième point : Comment tirer les cartes ?
Je commence à me répéter mais il n’y a pas de façon de faire qui soit plus correcte ou plus universelle qu’une autre. Débuter est intimidant, oui, mais il n’y a pas de risque ou de mauvaise façon de faire. Dans ma pratique personnelle, j’ai mis au jour plusieurs points qui m’aident. D’abord, je salue toujours mes cartes quand je vais les utiliser, je remercie la carte tirée et le jeu, pour son message. Quelques exemples, en vrac : les prendre dans ses mains, les mettre au niveau de son cœur, visualiser un « éveil » de l’énergie ou que les vôtres se lient, tapoter, attendre que ses mains « chauffent », les embrasser, et j’en passe. Le but, pour moi, est de traiter avec respect l’esprit du jeu ou de vos guides, de ne pas les cantonner à un rôle de matière morte et « d’objet ». Cette pensée découle de mon point de vue animiste, qui, j’en suis consciente, n’est pas celui de tous. Je l’invoque ici pour proposer cette façon de faire, vous êtes toujours libre de l’intégrer ou non dans votre pratique.
Il est ainsi possible de créer des mouvements et des moments « rituels », la répétition aidant, je trouve, à sortir du quotidien et à se concentrer sur ce qui a lieu. Certaines personnes apprécient ainsi de méditer ou de faire des exercices de respiration avant, pour se détendre. D’autres pourraient ouvrir un cercle ou suivre des méthodes type « crystal countdown » (ce que fait Laurie Cabot, un mélange de respiration et de visualisation axée sur les couleurs et les emplacements des chakras). À chacun et à chacune ses envies et ses besoins. Après avoir testé plusieurs manières de faire, j’ai découvert que le résultat ne changeait pas – pour moi. Toutes les méthodes sont, à mon avis, bonnes. Le but est simplement d’être présent sur le moment et de ne pas être trop crispé, nerveux ou fatigué. Il n’y a pas de règles en soi !

Ensuite, venons-en aux fatidiques questions du tirage : que ou quoi demander, et comment ?
Si certaines personnes ont des questions précises en tête, restreintes (demandant un oui ou un non) ou mêmes larges (demandant une réponse construite et plus développée), d’autres auront un thème ou une vague idée en tête. Il est possible de penser à son sujet en tenant les cartes, en les mélangeant ou en les étalant, de le dire à voix haute, de l’écrire… Les possibilités sont multiples ! Parfois, il n’y a rien de tout cela. Il est aussi possible de ne pas orienter les cartes, de les laisser faire remonter ce qu’elles pensent nécessaire. De toute façon, certains jeux ou certaines réponses s’imposeront, dévieront parfois des questions posées pour mettre en avant ce qu’elles ont décidé de dire.
Pour compléter, un post de Deborah Denny (@lame.defond sur instagram).

Enfin, un point d’importance : comment choisir sa (ou ses) carte(s) ?
La réponse est, vous devez vous en douter, plurielle. J’ai entendu parler de plusieurs choses, que je vais nommer ici – la liste ne sera pas exhaustive. Je suis persuadée qu’il y a beaucoup d’autres façons de faire. Le but n’est pas d’imposer des pratiques mais de vous pousser à expérimenter pour trouver et définir ce qui vous convient. Quand les cartes sont étalées (ou mélangées sur une surface) et qu’il faut faire son choix, que peut-on faire ? Certaines personnes sauront, au regard, la carte qu’il leur faut. L’intuition peut se faire passer pour un hasard, toujours est-il que si vous tirez une carte, c’est pour une raison. Il n’y a pas de tirage raté – le message se révélera peut-être plus tard, s’il est trouble. N’hésitez pas à creuser, à tirer une carte de plus pour essayer d’en éclaircir ou d’en développer le sens. Pour d’autres, la carte sera brillante ou attirante, sera comme mise en évidence (avant ou après un creux, la première ou la dernière, une carte s’étant retournée toute seule, plus haute ou plus basses que les autres, etc). Pour d’autres personnes, il faudra passer la main au-dessus des cartes pour « sentir » la « bonne ». Que la carte fasse chauffer ou « pétiller » la main, qu’elle semble être chaude ou « pulser », il s’agit d’un signe et de votre façon de percevoir les énergies des cartes. Une manière n’est absolument pas meilleure qu’une autre et nous pouvons même en changer ou les mêler. Ce qui compte, c’est de recevoir notre message. Je suis absolument contre les dogmes et les « how to », qu’ils soient sceptiques ou non. Nous sommes tous et toutes différents, les jeux aussi. Les manières de faire sont multiples, et non, choisir sa carte n’est pas juste un hasard ou, au mieux, une synchronicité. Mon avis est sur ce point tranché : oui, il y a du divin, du magique, de l’au-delà et de la spiritualité dans la cartomancie. Nier tout un pan de son histoire et de sa réalité… Très peu pour moi. Il est donc possible de ressentir quelque chose en choisissant sa carte, de « ressentir » et de savoir laquelle prendre. Ce n’est pas seulement une histoire de suggestion et de psychologie, même si les cartes peuvent être un bon moyen de créer un dialogue, avec l’Autre comme avec soi, pour se voir plus clairement.

Pour continuer à se lancer, continuer à se tirer les cartes et développer son lien, je vous propose quelques exemples de tirages – il n’y a pas d’obligation ou de nécessités, j’expose ainsi simplement ma pratique, dans l’espoir que certaines pistes puissent vous inspirer et vous aider à sauter le pas !

Il y a pour moi deux possibilités, déjà : mettre en place un (ou des) tirage(s) régulier(s). Par exemple la carte du jour / du mois / de la semaine / de la saison / de l’année, etc. Vous pouvez utiliser un tirage par jeu de carte ou les faire varier, ce n’est qu’une idée. Le but, dans ma pratique, est de tirer les cartes et d’utiliser mes jeux, pour développer mes liens à mes jeux et poursuivre ma pratique. De cette façon, il peut être intéressant de voir les différents moments / passages de votre vie, de voir leur évolution et les différentes guidances et messages des cartes. Ensuite, il est possible de tirer ses cartes de manière ponctuelle et/ou spontanée : en effectuant un tirage selon une problématique ou un événement précis, en suivant un challenge ou un tirage trouvé sur internet, par exemple. Je recommande de changer parfois ses habitudes, pour ajouter de la nouveauté et découvrir, potentiellement, de nouvelles facettes de ses cartes. Je m’explique ! Je possède un Tarot de Marseille (l’édition de Grimaud), qui, en tirage d’une carte, est parfois assez abstrait ou sec. Après avoir essayé un tirage à cinq cartes, j’ai été troublée par sa justesse et par sa réponse, bien plus cordiale qu’à l’accoutumée. Parfois, développer un lien avec ses cartes demande de changer ses façons de faire ou ses habitudes : il est possible d’avoir de bonnes surprises, et par exemple d’arriver plus facilement à se lier et à communiquer avec un jeu. Il n’y a bien sûr pas de ratio imposé ou de meilleure possibilité.

Exemples de tirages « simples » ou courants : message/contexte/énergie du moment (une carte), Chemin/Obstacle (deux cartes), Energie et Mise en pratique / approfondissement (deux ou trois cartes), Passé-Présent-Futur (trois cartes)… – Le nombre de cartes varie selon le niveau de détail et de précision souhaités ou bien selon le nombre de questions ou de « prompts »/d’énoncés ou d’instructions.

Où trouver des tirages : il y en a de plus en plus de disponibles, sur internet notamment. Initialement, la plupart des livrets de jeux proposent des tirages. Vous pouvez aussi créer vos tirages selon les besoins et les questions qui vous préoccupent. De plus en plus de contenus, qu’il s’agisse d’articles de blog ou sur pinterest ou instagram par exemple, en proposent – une liste vous attend en fin d’article !

Je conseille aussi le tirage Speed Dating d’Iria Del et / ou le tirage (en français toujours) « Face to Face » de @tarot-et-potins, qui cherchent tous les deux à développer votre lien avec votre jeu, en apprenant à connaître ses goûts, expertises et envies. Je préfère attendre une ou deux semaines avant d’effectuer l’un ou l’autre de ces tirages, en manipulant d’abord régulièrement mon jeu pour me faire un avis et m’y connecter – il s’agit là encore de ma façon de faire personnelle. Vous pouvez ou non suivre ces tirages, comme vous pouvez créer votre propre variante avec les questions et thèmes qui vous semblent importants.

J’espère que ces informations sauront vous faire réfléchir et vous donner envie ! Dans tous les cas, votre pratique est importante, qu’elle soit nouvelle, en reprise ou ancienne ! Et, juste pour le plaisir, je me permets une dernière répétition : il n’y a pas d’obligation, juste des possibilités ! Je vous laisse avec des propositions de tirages en ressource.

Ressources tirages :
Vous pouvez retrouvez une partie des tirages que j’ai testé sur Instagram en regardant ce tag : #tiragecrapaudlunaire
Réflexion sur « On doit toujours couper avec la main gauche » de Pauline Mizon (@larcaniste sur Instagram)
Réflexion « Les Choses qu’il faut absolument faire avec le Tarot » de Deborah Denny (@lame.defond sur instagram)
Quelques pistes pour commencer à travailler avec les arcanes majeurs du Tarot, par Deborah Denny (@lame.defond sur instagram)
Des astuces pour interpréter les cartes par Deborah Denny (@lame.defond sur instagram)
La Banque de Tirage de Valiel – Sur le Seuil (avec des traductions de tirages anglais !)
Les Tirages d’Aurélie Javey – Le Chaudron d’Auré
Les Tirages de CathouTarot (dont la traduction de son tirage Self-Expression sur Little Red Tarot)
Les Tirages d’Iria Del sur Eaux Cultes
Les Tirages de Mrs.Kuartz (ainsi que sa formidable base de donnée sur les cartes de Tarot)
Les Tirages et Bilan Tarot de @lestarophiles
Les Tirages de @clear_the_deck
Les Tirages de @June.moonochromy
Les Tirages-histoires de @Domusterra
Pinterest (épingle de Terrorem.vitriol)
(Anglais) Les Tirages d’Asali sur Instagram
(Anglais) Les Tirages de Threads Of Fate sur Instagram

Ainsi que des tirages particuliers :
Le tirage « May the 4rth be with you » de @clear_the_deck
Le Tirage des Métamorphoses de @Walderya1
Le Challenge #TarotPolar de @loa_strega
Le challenge #SummerSpirit de @loa_strega
Le Challenge des Plantes Printanières de @matin.sauvage
La Traduction du Tirage Self Care d’Asali par Valiel
(Anglais) Tirage « Self Expression » de CathouTarot sur LittleRedTarot
(Anglais) « Monthly Intuitive Planning » de Biddy Tarot
Le tirage de la Créativité de @Tarot_psycho
Le Tirage « Planter ses Idées » de @Mysticsmoons
Tirages Shadow Work d’Aurélie Javey – Le Chaudron d’Auré
Tirage « Acheter ou non un livre » – Terrorem.vitriol
Tirage « Rencontrer son tatouage » – Terrorem.vitriol
Le Tirage du surmenage de @clear_the_deck
Le Tirage de l’Arbre de @clear_the_deck
Le Tirage #FuckthePatriarchy de @clear_the_deck
Le Tirage de l’Empoisonneuse de @de.brume.et.de.seve (Eryn Lyblace)
Mes propres tirages, sur le blog ou sur instagram sous #abhtirage

[Cartomancie] Tirage de cartes 2 « le Soi et le Soin » (Self-Care)

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Je vous retrouve aujourd’hui pour vous présenter un tirage en huit cartes centré sur la notion de « care », donc de soin. La vie de tous les jours étant ce qu’elle est (souvent une course, des dates butoirs qui se rapprochent, des demandes dans tous les sens et des notifications « urgentes » qui se multiplient), prendre le temps de faire une pause et se recentrer sur ses besoins me semble important, en ce moment comme dans le futur – pour mon précédent tirage « Faire le point », c’est ici. L’idée de « Self-care » reprend la comparaison du masque à oxygène, dans les avions : il faut mettre le sien avant de penser aux autres. Je sais que prendre ce temps est déjà important, demande beaucoup. Ne pas se culpabiliser, d’abord, et refuser la vitesse, l’immédiateté et d’être presque systématiquement interrompu. On peut avoir tendance à trop donner, à vouloir en faire toujours plus, pour soi ou pour les autres. Dans tous les cas, on manque régulièrement les signes, que l’on a appris à ne pas voir pour répondre aux attentes d’un monde qui en demande toujours plus. Sauf que nous avons tous et toutes des limites, et qu’il vaut mieux respirer, faire une pause avant de les atteindre et d’en payer le prix, notamment pour notre santé. Pour en savoir plus sur cette notion, je vous propose deux développements, respectivement par Rosen Lev (@rosen.lev) et Sarah (@themagicianstribes) sur le compte d’Asmae (@asmaeha_) : ici et .

Pour avancer, mieux vaut respirer, prendre du recul et identifier les points et critères dont il est question, le positif comme le négatif. Je propose ici de se poser pour identifier ce qui pèse et pose problème (et trouver des solutions) en s’aidant des cartes, qui sont d’excellentes guides. Les cartes sont pour moi plus que des outils, ont des caractères et des humeurs, des personnalités : elles sont, dans ma pratique, de véritables esprits avec qui communiquer et auprès desquels apprendre. Apprendre sur soi, mais aussi sur le monde. Apprendre sur le présent, le passé et le futur. Ce tirage se spécialise sur le momentané et sur un laps de temps assez restreint dans le but de mieux comprendre ce qui se passe et essayer de prendre du recul sur une situation, la voir dans sa globalité, avec un regard nouveau.

Un dernier point, avant d’entrer dans le vif du sujet : parfois, il vaut mieux tout lâcher et se laisser vivre, s’ennuyer, attendre et ne rien faire, simplement être, dormir si possible. D’autres personnes y préféreront la lecture ou même une activité physique, de la méditation ou se vider la tête en parlant à quelqu’un ou en utilisant un journal. Toutes les façons de faire sont valides, il s’agit simplement de trouver la vôtre ou d’avoir un « coup de pouce » pour mieux cerner ce qui peut vous aider au quotidien. Faire attention à dormir suffisamment, avoir des périodes de calme et « non-productivité » est très important, tout comme de boire de l’eau et bien se nourrir. Souvent, quand quelque chose ne va pas, le reste à tendance à se dérégler et c’est un « cycle vicieux » qui se répète : en dormant moins, nous gagnons moins d’énergie, ce qui impacte ensuite notre capacité à réfléchir et à faire, notre niveau d’attention, même nos humeurs, notre santé et notre bien-être général. Tout, ou presque, est lié. Tout ça pour mettre l’emphase sur le soin, le respect de ses besoins et un peu plus de bienveillance. Si vous seriez prêt ou prête à soutenir, à complimenter et à aider une autre personne dans la même situation, commencez maintenant à vous aider, vous ! C’est toujours plus simple à dire qu’à faire, mais un rappel était peut-être nécessaire (ça l’est en tout cas pour moi). Il n’y a pas de mal à avoir besoin d’un peu d’aide ou de temps, bien au contraire, il faudrait même normaliser les pauses et des moments plus « lents », pour se régénérer et veiller à notre bien-être sur le long terme.

Il n’y aura pas de tirage compliqué ou de forme précise cette fois, le but étant d’aller au plus simple, de trouver du soutien et de l’aide, pas d’utiliser plus votre énergie en compliquant le processus. Ce tirage peut être réalisé avec un oracle ou avec un tarot (ou avec un autre système de carte / divinatoire), en utilisant un seul jeu ou bien plusieurs, en une fois, deux, ou même huit : à vous de voir. Le tirage ayant été pensé pour agir rapidement sur le présent, je conseille de le faire au maximum sur une semaine, avec deux cartes par jour, mais tout est possible et n’hésitez pas à suivre vos envies, vos besoins et vos intuitions – faîtes-vous confiance ! Il y a une carte par lettre, chacune ayant sa spécificité pour identifier ce qui vous travaille / vous constitue puis des pistes pour prendre un peu plus soin de soi et protéger son énergie. Le tirage peut être coupé en deux : la partie « Self » (Soi) et la partie « Care » (Soin).

Partie Soi

Soi : ce qui vous représente, quelque chose qui vous tient à cœur. Ce sera votre représentation pour ce tirage, la base sur laquelle travailler. Cette carte correspond à vos valeurs et à vos centres d’intérêts, de manière générale mais surtout en relation avec votre contexte. Il peut aussi s’agir de la manière dont vous choisissez d’apparaître ou de ce que vous supportez actuellement.
Essence : ce qui vous compose profondément et autour duquel vous articulez votre vie et vos passions. C’est la carte qui correspond à vos aspirations et à votre intérieur, qui entrent parfois en contradiction avec vos actions et occupations dans le monde. Elle peut être liée à vos rêves ou à vos objectifs de vie, à la partie de vous que vous négligez peut-être actuellement. La carte indique ce que vous mettriez en avant dans un monde idéal, ce que vous gardez peut-être (trop ?) secret. N’ayez pas peur de ce qui vous constitue, en bien, en force, en fragilité comme en moins « positif ». S’accepter est un long chemin, sinueux et incertain, mais qui, petit à petit, peut vous libérer du poids de vos propres jugements puis de ceux des autres. Faire la paix avec soi est un très bon début, permet de relâcher des injonctions ou des « identités » qui ne nous correspondent pas (ou plus).
Lucidité : cette carte identifie une énergie propre à la situation / au contexte actuel. Le sujet qui vous tracasse ou vous draine. C’est la carte du maintenant, du « là » et du présent, qui caractérise ce qu’il convient de regarder avec attention. Le nœud du problème se trouve ici. La carte met en avant un message qu’il faut entendre, ce que vous ne voyez ou n’osez pas encore voir. Il ne suffit plus de faire un détour ou de fermer les yeux, il faut maintenant regarder la source de votre fatigue, de votre mal-être ou de vos angoisses. Il peut s’agir d’un thème comme d’un aspect très précis de votre vie. Comprendre ce dont il est question est une avancée non négligeable, il faut connaître son objectif pour (pouvoir préparer son trajet et) arriver à destination. Tout ne sera peut-être pas résolu en un jour, mais commencer, amorcer un mouvement et un changement peut vous faire le plus grand bien et vous libérer d’un poids. Cette carte donne la couleur, annonce ce qui ne va pas et doit changer. C’est peut-être une action que vous repoussez depuis longtemps, une opportunité d’être vous et d’avancer vers vos rêves que vous ne prenez pas… C’est une carte importante, qui détermine le reste du tirage, mais qui ne doit pas devenir une prison ou une nouvelle manière de vous faire du mal. Le message aura peut-être du mal à passer, se fera sur le long-terme. Ce n’est pas grave. N’oubliez pas d’être bienveillant envers vous-même. Ce qui doit se faire se fera en son temps.
Faire : une action précise, par exemple pour se défaire de ce qui vous pèse / ne vous sert pas. Quelque chose à faire pour se sentir mieux, sur le long terme comme dans l’instant ou dans les jours qui viennent. Cette carte indique une façon de trouver un peu plus d’air et de s’alléger avant de réellement entrer en action.

Partie Soin

Conseil : pour lâcher un peu de lest et prendre soin de soi. Cette carte identifie une vérité à accepter, un message pour plus de bienveillance et prendre en compte vos réalités et besoins.
Apprécier : ce qui mérite plus d’appréciation dans le monde comme en soi. Tout est loin d’être brillant et pailleté, non, mais il y a aussi du bon. Le voir, vraiment, et se souvenir de profiter de ce que nous aimons est important. Surtout, profitez de vous, reconnaissez vos qualités et vos forces – oui, vous en avez. Le but n’est pas de nier les difficultés, simplement de mettre en place une zone de confort et de sécurité où vous pouvez être vous-même, dans la fatigue comme dans la vulnérabilité. Le monde, dans ses détails comme dans ses grands traits, a encore quelque chose de magique. Si la gratitude vous parle, c’est peut-être le moment de s’y pencher un peu plus !
Ralentir : prendre du temps pour ce qui vous plait. Nos journées étant longues et fatigantes, il faudra peut-être retarder ou annuler quelque chose pour se dire oui à soi. La carte indiquera soit ce qu’il vaut mieux mettre de côté pour l’instant ou au contraire amplifier (et donc trouver du temps pour). Si le message n’est pas clair ou ne résonne pas immédiatement avec vous, il reste important de prendre du temps et de vraiment adoucir sa charge pour quelques jours ou semaines. N’hésitez pas à vous ressourcer, à passer du temps (peut-être de manière digitale ou en respectant la distanciation sociale en ce moment…) avec ceux qui vous donnent de l’énergie et vous font du bien. Se redécouvrir du temps est très bon pour le mental et pour l’inspiration, permet de retrouver des activités que l’on a pu mettre de côté, en oubliant le bien qu’elles nous apportaient – le tout en veillant à ne pas reprendre l’habitude de trop en faire et en dormant suffisamment.
Energie : comment la protéger et la conserver. Cette carte indique une façon de continuer à se dégager du temps mais aussi de savoir quoi privilégier et quoi réduire. Elle indique un changement à apporter sur le long terme, une nouvelle manière de penser ses journées et ses obligations, en veillant à équilibrer davantage repos, vie professionnelle et personnelle. Se connaître, être conscient de ses limites et de ses niveaux d’énergie et choisir ce à quoi l’on va se consacrer. Méditer ou faire du sport pourrait vous redonner de l’énergie, quand voir les nouvelles, à la TV, vous en enlèvent. Parfois, certaines barrières (boudaries) doivent être mises en place, des règles ou des restrictions pour conserver du temps pour soi. Etre constamment interrompu ou travailler à toute heure est drainant. S’il est possible de réduire les tâches (non-essentielles) que vous n’aimez pas, il peut être intéressant de s’y pencher. Certaines personnes ou tâches abusent de notre temps et peuvent faire plus de mal qu’elles n’apportent. Simplifier sa vie ou veiller à ne pas passer trop de temps sur les réseaux sociaux peuvent être des pistes à explorer. Le plus important est de savoir ce que l’on veut et de reprendre une part de contrôle et de responsabilité en choisissant comment utiliser son énergie et non plus subir le rythme des autres.

Une nouvelle fois, tentez de vous faire confiance et n’hésitez pas à tirer d’autres cartes pour préciser certains messages. Certains jeux fonctionnent plus par deux que seuls (je pense ici à mon Oracle Belline), n’ayez pas peur d’expérimenter et de vous écouter.
Un exemple de tirage et sa guidance est disponible par ici.

J’espère que ce tirage vous aura été utile, n’hésitez pas à me tagguer ou à faire des retours. Et surtout : prenez soin de vous !

[Réflexions] Purification systématique : fin de la spiritualité et privilèges

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Plus le temps passe et plus certains sujets me hérissent le poil. J’ai souvent l’impression que le racisme et les biais, le point de vue des dominants, de la « norme » ne pourra jamais être véritablement remis en question, qu’en sorcellerie aussi, le capitalisme a tout désacralisé, nous éloigne toujours plus de l’esprit, nous déracine. Quand je vois une remarque de plus sur la nécessité ou même le besoin, l’obligation d’utiliser de la sauge ou du palo santo, par exemple. Quand je vois encore et toujours que des concepts pensés « exotiques » ou « primitifs » deviennent en vogue et sont mentionnés à tort et à travers, qu’ils sont « adaptés » aux européens que nous sommes, souvent en se vidant de leur sens ou de leurs implications premières, au détriment des cultures et des personnes dont c’est l’héritage et la vie. Je sais bien que, souvent, c’est un manque de connaissance et de recherche, de l’innocence, peut-être un peu naïve, mais qu’on ne cherche pas à mal faire. Mais devant l’ampleur de la tâche, je m’épuise. Comment informer, « éduquer » ? Comment pousser les personnes à dépasser l’apparence, la première lecture, à entrer en recherche et trouver ses propres sources ? Ne pas savoir n’excuse pas tout, pas quand il est question de domination et de violence. C’est justement comme ça que l’on excuse un grand nombre de maux : le sexisme et le racisme pour ne citer qu’eux. C’est, une fois de plus, à nous de nous éduquer, de tenter d’apprendre pour mieux faire. Je passe encore par là, c’est un travail sur une vie. Se remettre en question, y consacrer du temps et de l’énergie, se renseigner, être curieux et surtout se montrer humble. Je ne détiendrais jamais toutes les réponses. Ni pour moi, ni pour les autres. Ce qui ne m’empêche pas d’essayer de diffuser cette urgence, ce besoin de faire ses propres choix, en conscience, de savoir pour ne pas suivre la nouvelle « norme » sans s’interroger, sans comprendre ce qui peut être en jeu. Ne pas voir, ne pas savoir, c’est le confort de ceux et de celles qui en sont pas directement concernés : c’est un problème de privilégié.es. Ce n’est pas parce qu’on ne subit pas directement les conséquences de nos actes et de nos discours qu’ils n’en affectent pas d’autres. Il n’y a pas qu’un point de vue, qu’une réalité. Et nos choix, nos achats, nos silences, nos paroles ont un poids. J’ai moi aussi fait des erreurs, je suis moi aussi en cours d’apprentissage. Mais je sais certaines choses et j’éprouve le besoin de rejoindre, de diffuser une réflexion qui a fait changer ma vision du monde, du sujet. Je pense ici beaucoup aux posts d’Occvltacrafts. Toutes mes références, sources et lectures seront regroupées en fin d’article. Il est inconfortable et déstabilisant de se remettre en question. Mais c’est aussi salvateur, nécessaire. Je ne cherche pas à pointer du doigt, à crier une sorte d’avance ou d’ « évolution » par rapport à d’autres personnes. À chacun, à chacune son rythme. En espérant que le temps vienne où il sera normal de tout mettre en doute, de ne pas se reposer sur une ou deux voix, sur ce qui est accepté et encensé. J’aimerais faire changer les choses, oui, j’aimerais une révolte, un bouleversement. Je sais aussi que ce n’est pas cet article, cette tentative de prise de conscience qui fera changer le monde. Alors, en essayant de se souvenir de l’humanité de tous et de toutes, en acceptant que l’erreur est humaine, voilà ma pensée sur le sujet. Au programme : questionner, remettre en question l’injonction à la pureté et à la purification. Développer mon point de vue sur le thème, les ramifications, conscientes ou non, dont il est question.

Ayant été influencée par la Wicca et les suites du mouvement New Age, j’ai découvert une grande variété de panthéons, de manières de faire, de disciplines, de plantes. Mais aussi, un seul mode d’emploi. La lumière, le pur, le propre, le sain, le purifié. Il n’y avait que cette boule de lumière, ce faisceau de blanc. Et si l’idée de cocon ou de protection me rassurait, elle a fini par montrer ses limites. Tout n’est pas soit tout blanc, soit tout noir. Et le « noir » n’est pas forcément mauvais. Les extrêmes, la dualité, la « polarité », ne m’intéressent pas. Je veux de la nuance, de la réflexion, quelque chose qui me parle, vraiment, qui soit plus réaliste, plus adapté à ma vie, à ce en quoi je crois. Et j’ai découvert un mode de pensée des « énergies » qui fuyait les esprits. La Wicca, qui rejette l’idée de diable et de démons Chrétienne – c’était logique – ne savait pas quoi faire des fantômes, des esprits. Dans un point de vue animiste, tout se complique. Parce qu’il n’est plus seulement question d’un méchant esprit frappeur ou du mauvais sort qu’une mauvaise sorcière aura lancé. L’animisme, pour faire très très court, est une philosophie de vie, un mode de pensée où chaque chose aura un esprit. Le vivant, mais aussi les pierres, le minéral, tout ce qui a une étincelle de vie et de « nature » en soi. Les humains, donc, mais aussi les animaux, les plantes et ce qui fait le monde et la nature. On comprend facilement qu’une plante ait un esprit, que ce dernier n’est pas forcément mauvais. La question de l’esprit (que je retrouve dans sa version anglaise dans le mot spiritualité), me semble évidée, creuse. Il y a aussi du gris, du neutre. Un couteau n’est pas mauvais parce qu’il peut couper. Un plant d’ortie n’est pas mauvais parce que l’on peut s’y piquer. Pareil avec les épines d’une rose ou bien avec une plante toxique. Ce n’est pas sa faute si l’on vient s’y frotter. Elle n’est pas responsable de son utilisation. Tout ne peut pas entrer dans le binaire et le manichéisme du bien versus le mal. La vie est bien plus complexe que cela. La nature aussi. Elle n’est pas que verdoyante et nourricière, protectrice et bienveillante. Elle est, simplement, à sa façon. Doit-on vraiment la juger, essayer de la réduire pour la faire entrer dans notre vision lacunaire et duelle de la vie ? Je ne crois pas.

Pour revenir à mon propos initial, la façon dont la purification est devenue systématique (de soi, de son espace, de ses outils, de tout ce que l’on fait entrer dans sa vie, de tout) me paraît problématique. Parce qu’elle sous-entend que le monde est sale. Qu’il a besoin d’être nettoyé et purifié. Je n’aurais jamais l’idée de purifier un bout de jardin ou une plante verte. Sommes-nous censés purifier la nature, notre nature, en nous ? Il ne semble pas y avoir de limite au phénomène, il faut absolument se protéger de cette énergie sombre, noire, négative. D’où vient cette peur ? Ce thème du monde comme souillure et dégradation, qui me semble empreint de l’idéologie chrétienne, par exemple ? Le monde est alors le temps des épreuves et de la tentation, du mal, avant de mériter sa place en haut ? J’ai beaucoup de mal à accepter sans remettre en question cette idée de nécessité. Je ne suis pas contre la purification, les rituels de protections, les fumigations, l’utilisation de sel, ou autres manières de faire. Ce que je remets en question, c’est la généralisation, la banalisation du phénomène. Déjà, dans ma pratique et étant influencées par la pensée de la sorcellerie traditionnelle, comment peut-on être sorcière, comment peut-on se protéger et bénir si l’on ne peut pas répondre et maudire ? En ayant bien sûr conscience de ses actes et en en acceptant les conséquences. Pour rebondir sur les thèmes évoqués, la nature n’est ni bonne, ni mauvaise. En se basant sur cette simple constatation, les esprits qui y habitent et nous entourent sont certainement plus complexes que cela. Des êtres avec des caractères, des envies, des sautes d’humeur et des individus plus malicieux, plus colériques que d’autres. Si on choisit de ne pas catégoriser toute la population humaine, pourquoi décider que tous les esprits, tels qu’ils soient, d’où qu’ils viennent, seraient mauvais et tenteraient de nous porter atteinte ? Cette peur constante, ce rappel de la protection insinue qu’il y a des raisons à cela : si c’est potentiellement le cas à un moment ou à un autre, je ne souhaite pas non plus généraliser, ne vaut-il pas mieux invoquer de la mesure et une étude de la situation ? Cette façon d’être me semble disproportionnée, sinon (attention, le mot est fort) paranoïaque. Tout le monde ne cherche pas à nous faire du mal. Les esprits, le monde, la nature non plus. Alors pourquoi cherchons-nous à ce point l’aseptisé ? Le problème est complexe et nuancé, oui. Il y a différents cas de figures. Pourquoi, donc, systématiser cet acte magique ? Surtout quand on regarde les outils en question : ils sont principalement exportés, amenés d’ailleurs. Du sel d’Himalaya, de la sauge (edit : je parle dans cet article de sauge blanche), du palo santo… Autrement dit des outils que l’on a fait venir de loin, qui ont traversé le monde, viennent avec du plastique et une empreinte carbone importante, et je ne parle même pas des objets en eux-mêmes. Pour ce qui est de la sauge et du palo santo, on sait que ces plantes sont originaires d’Amérique, qu’elles sont utilisées par les Amérindiens, et que leur utilisation intensive ici à des répercutions là-bas. Les concernés en pâtissent, nous utilisons des plantes sans apprendre à les connaître, sans rien savoir de leur histoire ou qui les concerne. Il faut juste en avoir, les brûler pour bien tout nettoyer, tout décaper et être en paix. Quand les plantes sont en voie de disparition, qu’elles sont volées aux personnes qui les font pousser et les utilisent dans leurs pratiques depuis des décennies (pour ne pas dire centaines d’années), que ces dernières ont été colonisées, spoliées, tuées, évangélisées de force, expropriées et j’en passe… Je grince des dents. Vouloir continuer à les utiliser malgré des messages des concernés, c’est abuser. C’est simplement entretenir et reproduire des dynamiques de domination, basées sur des génocides et des bains de sang, se servir de ses privilèges, faire de l’appropriation culturelle. Pas de recherches, pas de réel intérêt, pas de réflexions, c’est du rapide, du tout cuit, livré en 24H. Aucune connexion à sa géographie, aux plantes de sa culture ou de sa région. De l’apparence, de l’argent, du matériel : de la sorcellerie « plastique », donc, du capitalisme avec un joli ruban « spirituel ». Sauf que ce que nous faisons à des conséquences : le Conseil Wiccan (The Wiccan Rede) pour les concerné.es, le Karma pour d’autres, la conscience morale et la responsabilité individuelle pour tous et toutes. Je pense que vous voyez un peu plus où je me situe, et ce n’est pas encore terminé. Parce qu’il en existe évidemment, des alternatives européennes et locales, pour purifier ! Le Thym, l’Armoise et le Romarin, par exemple. Pas besoin de se ruiner, pas besoin de les faire importer, ils peuvent venir de chez nous et faire moins de mal. Le problème étant que la majorité ne les connait pas, ne pense pas à se remettre en question. Pourquoi le ferait-elle ? C’est, je le pense, en toute bonne foi que l’on conseille de la sauge ou qu’on systémise la purification, dans les ouvrages « pour débutants » par exemple ou quand on nous demande par où commencer. Cet article est là pour tenter de proposer une autre voie : l’écoute, l’étude. Vérifier qu’un nettoyage, qu’une purification est nécessaire. Ou proposer quelque chose de différent, de moins fort. Pour ne pas faire fuir ou abîmer les esprits qui nous entourent : ce serait bien la fin de la « spiritualité ».

Ma réflexion (il était bien temps de mettre les pieds dans le plat) se base sur la cartomancie, et la « règle » de nettoyer, de purifier son jeu à l’achat. Je l’ai moi aussi fait, évidemment. Parce que c’était la seule manière de faire, que c’était nécessaire. Mais pourquoi ? (Attention, j’y vais fort) Nettoyer les énergies d’un jeu imprimé en masse et assemblé par des enfants (par exemple) ne changera pas là d’où il vient. Nous, globalement, savons. Nous choisissons simplement quoi voir ou pas, où dépenser notre argent, notre énergie et nos pensées. Pourquoi cette peur de l’ombre, du mal, du « sale » à outrance ? Pourquoi rejeter en vrac, en masse l’achat de jeux de cartes « seconde-main », qui polluent moins et font, éthiquement, moins de mal ? Les esprits ne sont pas tous mauvais et, en cartomancie, c’est de l’esprit du jeu dont il s’agit ! L’accueillir en l’en chassant n’est pas ce qu’il y a de mieux (oui, si les énergies de l’objet vous déplaisent, faites-vous confiance, mais si et seulement si cela vous semble nécessaire). En cas d’objet historique ancien lié à des génocides ou à de grandes catastrophes ou des actes de haine, je peux comprendre ce besoin, oui. Mais pour un jeu qui n’a connu que l’impression, la fabrication et l’emballage, pourquoi se donner cette peine (les livreurs ne sont pas tous des démons, je vous rassure) ? Bon, je force un peu le trait, mais je pense que ce problème est réel. J’ai pu sentir la différence, au fil du temps. Comprendre de première main pourquoi ce jeu qui m’avait tant attiré et plu s’est avéré silencieux, voire apathique pendant des semaines, même des mois, après l’avoir purifié. Je pensais, naïvement, que ce laps de temps était nécessaire pour « forger la connexion », lier nos énergies et apprendre à nous connaître. Ce n’était pas le cas. Forcément, après du sel, de la fumigation, de la visualisation et que sais-je encore ! Le pauvre jeu était déboussolé, vidé. Je pensais bien faire mais je ne faisais que retarder notre collaboration, en considérant le jeu comme souillé, empreint d’énergies basses et effrayantes à faire fuir – ce n’était que lui. Ni bon, ni mauvais. Juste lui. Et, entre nous, pourquoi faire de la cartomancie, utiliser des cartes si ce n’est pas pour dialoguer avec autre que soi ? On dirait presque qu’il faut rationaliser et purifier une pratique sale. Sauf que les cartes, ce n’est pas tout blanc, tout rose ou quoi. Ce n’est pas simplement du développement personnel. Non, c’est de la divination, de la cartomancie, du travail d’énergie et un dialogue avec Autre chose, avec des esprits, selon ma pratique et pensée. C’est une pratique ancienne, avec une histoire. Qui a été diabolisée, humiliée, que l’on cherche à aplanir pour qu’elle plaise, pour qu’elle se vende, pour faire des chiffres. Elle restera, pour moi, une pratique à part, une sortie de la norme, la décision de se tailler une voie en quittant le sentier rassurant du social et de l’admis.

Une dernière pique, pour le plaisir, sur les notions d’appropriation culturelle, de domination et de racisme : cette recherche du pur à tout prix reflètent à mon sens (attention, je répète, ça va piquer) les angoisses et privilèges de personnes qui n’ont pas à subir une oppression réelle et systématique sur leurs pratiques spirituelles, de cartomancie et de magie – cette généralisation peut ne pas être vraie à tous les coups, je l’admets. Mais quand on a peur pour sa vie, que sa pratique peut conduire à la mort, par exemple, il y a d’autres choses à faire, à penser. Si notre véritable problème est de savoir comment purifier notre dernier achat… c’est pitoyable. Dans le cadre d’un tirage de cartes ou de l’acquisition d’un nouveau jeu, ne pas purifier ne devrait pas pouvoir nous porter préjudice, alors pourquoi répéter « bêtement » et de manière automatique ce procédé – dans le cadre d’un objet ancien, très animé ou de seconde-main, pourquoi ne pas visualiser les énergies jugées inopportunes pour choisir quoi purifier sans abîmer l’esprit de l’objet ? Le rendre obligatoire en vide le sens, peut jouer contre nous.

Alors, OUI, la purification peut être importante, voire nécessaire. Mais il faut aussi prendre du recul et s’interroger. Pourquoi sommes-nous en train de recréer, même dans l’ésotérique, dans la sorcellerie (donc le pas de côté, le sauvage et le danger, la nature contre le village et la civilisation) des normes ? Nous sommes tous et toutes différents. Nos pratiques le sont certainement aussi. Il n’y a pas une voie, pas une règle. Expérimentons, marchons à l’aveugle. Apprenons, découvrons.

Ressources :
– En Français :
terrorem.vitriol – DE LA PURIFICATION
terrorem.vitriol – DE LA PROTECTION
terrorem.vitriol – DE L’EXPLOITATION
elodie.rosewitch – D’où viennent les plantes que tu utilises dans ta pratique ?
elodie.rosewitch – Rappel : un rituel n’est jamais neutre, et c’est la moindre des choses que de se renseigner avant de l’utiliser.
jusquiame.pindura – la sorcellerie maintenant
jusquiame.pindura – sorcellerie et prophétie
Eric Fassin : « L’appropriation culturelle, c’est lorsqu’un emprunt entre les cultures s’inscrit dans un contexte de domination »
Valiel Elentári : Comprendre la différence entre l’appropriation culturelle et l’appréciation culturelle
jusquiame.pindura : Réflexions de sorcière – « plastic witchcraft » et l’idée de « norme » en sorcellerie
jusquiame.pindura : Réflexions de sorcière – en sorcellerie aussi, le paraître prône-t-il sur l’être ?
– En Anglais :
occvltacrafts – smudging, palo santo, and cultural appropriation
occvltacrafts – what to ask yourself before magically cleansing or expelling
Occvlta – Cultural Appropriation in the Path of Poisons
Occvlta – How to Kill a Tradition: Appropriation in Current Esotericism and Spirituality
Blood and Spicebush – The Questions of Smoke: Burning Plants and Cultural Appropriation
Alex Fitzpatrick – Not For You: Cultural Appropriation in Neo-paganism and how Archaeology plays a role

Que pensez-vous de l’injonction à la purification ? Est-ce que cette pensée résonne avec votre pratique ?

[Cartomancie] Débuter, choisir ses premiers jeux et les différentes options : Oracles, Tarots, Lenormands…

A

Cet article me trotte dans la tête depuis un petit temps déjà… Je suis contente de le mettre enfin en mots ! Présenter mes jeux de cartes, c’est bien, proposer des tirages, aussi, mais présenter le pourquoi du comment, c’est peut-être mieux ! Je vais essayer de condenser mes idées pour faire un petit tour d’horizon de ce qui existe et de mes astuces pour trouver le jeu de carte qui vous corresponde, en mettant en avant mes différents critères et étapes avant de passer le pas. Il s’agit bien sûr de conseils, pas d’obligations, nous sommes différents, nos sensibilités ne seront certainement pas tout à fait les mêmes. Je vous les propose quand même, avec une réflexion introductive sur le sujet assez massif de la cartomancie, dans le but de, peut-être, casser certains clichés et mettre en avant les enjeux actuels.
Si vous avez déjà plusieurs jeux de cartes (oracles comme tarots) ou que vous n’en avez pas (ou qu’un), le but de cet article sera de vous laisser quelques informations supplémentaires et une meilleure compréhension de vos attentes. Parce que oui, c’est comme pour tout : il vaut mieux commencer par l’éternel « pourquoi ? ».
Si l’image traditionnelle des cartes se trouve dans la tente d’une « bohémienne », les choses ont bien changé et, en plus de pouvoir se faire tirer les cartes assez simplement, via des boutiques sur Etsy par exemple ou des sites plus spécialisés, on peut se tirer nos cartes nous-mêmes. Geste qui demande un peu de temps, d’ouverture et d’étude, oui, mais qui ne peut, à mon sens, que valoir le coup.

Un dernier mot avant de démarrer : comme pour tout, j’essaie de faire travailler ma conscience et mes « besoins ». Oui, le mot est certainement trop fort pour le sujet, mais il retranscrit bien ce que j’en pense. J’ai beaucoup d’envies de cartes. Beaucoup, beaucoup, beaucoup trop. Ce « trop » est subjectif, il m’est évidemment propre. Et je ne suis pas là pour juger vos potentielles possessions ou non, là n’est pas la question. Si vos jeux vous parlent, vous font du bien et qu’ils vous permettent d’aborder différents sujets et que vous avez plaisir à les utiliser, c’est parfait. Si vous avez plus de mal avec certains jeux, je vous conseillerais de changer d’approche, de persévérer, d’apprendre à les connaître, de faire plus de tirages, peut-être en variant les nombres de cartes, etc. Ecoutez-vous, surtout, si vous le pouvez. En essayant de ne pas tomber dans une autocritique ou un pessimisme trop grand (L’arcane sans nom du Tarot de Marseille n’annoncera pas votre mort ! Le Diable ne signifiera pas non plus la fin de votre vie spirituelle, bien au contraire), ni, à l’inverse, une trop grande « complaisance » : certaines cartes ont des messages plus ambiguës voire clairement négatifs, selon les jeux. Et ces messages sont importants : quelque chose doit ici être dit, écouté, pris en compte. Ce n’est pas toujours plaisant, mais le but n’est pas d’être (trop) caressé dans le sens du poil. Je reprends : je ne souhaite pas inciter à une surconsommation, à de trop nombreux achats ou à des pulsions, le système capitaliste s’en sort déjà bien assez comme cela. Avant d’acheter, de potentiellement regretter : faire ses recherches, être sûr de soi. J’y reviens très bientôt. En attendant…

Première question, pour bien commencer : pourquoi (se) tirer les cartes ?
Il y a plusieurs réponses et, finalement, aucune n’est mauvaise. Qu’il s’agisse de curiosité, de mise en place d’une pratique spirituelle (polythéiste ou non, païenne ou non), d’une envie d’introspection et d’auto-psychanalyse (de « développement personnel »), de faire de la divination par les cartes… Et j’en passe ! Que vous croyiez en des (ou une) puissances supérieures, incarnées ou non, que vous y préfériez l’idée de hasard, de Destin, d’Esprits ou de synchronicité, les cartes, par principe, trouveront une façon de se connecter à vous et à votre situation pour vous parler, directement – et de vous, aussi, sans filtre. C’est ici le but premier : écouter, comprendre, demander une vision extérieure, un conseil, un point de vue. Il y a, globalement, deux écoles : la divination par l’étude des symboles et des cartes, donc une portée plus ésotérique, et une autre, plus récente, qui se range davantage du côté de la psychanalyse et/ou du développement personnel, plus centré sur le soi. Je ne vais pas diaboliser l’une ou l’autre et aller vers le purisme. Mais sachez tout de même que la divination, dans l’acceptation de voir le futur, commence maintenant. Le futur peut-être proche, peut parler de l’heure, de la journée, de la semaine qui suit. C’est une notion floue, mouvante. Voir, avec un grand « V », peut se contenter du présent comme d’un futur plus lointain. Tout dépend de l’utilisation que vous comptez en faire. Tout n’est peut-être pas irréconciliable, et à mon avis (fort de toute ma subjectivité) : les barrières ne font pas bon ménage. Se connaître, se voir à travers les cartes n’est pas négatif. Le mieux est d’en finir maintenant avec l’image nocive de l’égo. S’apprendre et se réapprendre, c’est affuter ses armes, se relever, (re)prendre des forces, être mieux équipé pour le monde qui nous entoure. Donc pas de jugement trop sévère, le meilleur étant, pour moi, la nuance. Accepter le côté flou et peut-être « effrayant » des cartes, quand elles voient un peu trop juste. Ne pas renier le côté « ésotérique », sorcière, pour l’imagerie bien lisse et acceptée qui se développe de plus en plus. Se tirer les cartes, c’est faire un pas de côté, s’écarter un peu de la norme, trouver du temps de calme, à soi et pour soi, avec les esprits, cartes, divinités, avec le destin, selon ce que vous préférez. Ce changement de rythme, ce temps d’introspection, de non-productivité (dans le sens mercantile du terme) est déjà important. Pour ne pas écraser, historiquement, les marges, les personnes qui ont et portent toujours ces traditions, avant qu’elles ne deviennent plus « en vogue » (pour preuve, le nombre de maisons d’éditions et de jeux actuellement vendus et publiés !). Les mots, comme toujours, disent déjà beaucoup. Si, enfin, tirer les cartes est un acte de moins en moins étrange ou « choquant », de plus en plus habituel et qu’il sort du tabou ou du secret, je pense qu’il ne faut pas oublier la tradition ésotérique qui a précédé, les violences et morts qu’il y a eu pour en arriver là. Je ne peux, comme toujours, que conseiller de connaître son histoire, de connaître aussi les histoires, individuelles comme collectives, dans la mesure du possible. Si l’image de la cartomancienne a été tant abîmée, c’est bien parce que c’est une femme et qu’il s’agit d’une discipline qui ne correspond pas aux standards de certains, que cette science n’est « pas assez dure », pas assez protocolaire – encore que ! Il y aurait à redire là-dessus, mais ce n’est pas le sujet. La cartomancie est une discipline vaste et générale, ouverte. Il n’y a pas vraiment de contre-indications, d’interdictions. Mais j’apposerais quand même une condition : respecter les personnes que l’on associe à la bonne aventure et aux traditions en sorcellerie (ce qui demande donc de ne pas refuser respect et humanité aux minorités).


Une possibilité : regarder ce qui existe sur internet en utilisant des mots-clefs

Ce préambule maintenant derrière nous, qu’y a-t-il à savoir sur le sujet ? Les jeux de cartes étant de plus en plus acceptés et la demande augmentant, l’offre s’est diversifiée et des maisons d’édition sont maintenant spécialisées. Il n’est pas non plus rare que des créateurs (et créatrice) et des illustrateurs (et illustratrices) se lancent dans la création de jeux de cartes divinatoires ou « decks » en anglais. Il existe un très, très grand nombre de jeux. Comment, alors, trouver le sien ?
Il faut déjà réaliser qu’il n’y a pas UNE manière de trouver le jeu parfait : le thème peut-être bon, les illustrations aussi, si le livret, la qualité des cartes ou leur esprit ne fonctionne pas bien avec ou pour vous, il y a de fortes chances pour que vous soyez déçu. Il y a plusieurs « écoles », plusieurs envies. Certaines personnes ne jurent que par l’achat en direct, pour voir et toucher le jeu. Acheter ou se renseigner en ligne au préalable n’est pas moins bon, si les recherches sont précises pour éviter de « mauvaises surprises ». Certaines personnes préféreront le hasard et la surprise, d’autres voudront voir toutes les cartes et juger le contenu du livret avant de se lancer. Il n’y a, à nouveau, pas d’erreur. Je préfère ne pas avoir de surprise que d’être déçue, mais je suis aussi assez difficile (au niveau des styles et de la représentation notamment), les risques que le jeu ne me correspondent pas étant donc plus grands. Pour commencer, si vous n’avez pas encore de critères précis, je conseille de faire l’effort de se renseigner. Si le jeu vous attirait « à l’instinct », il devrait résister à votre « inspection ». Si ce n’est pas le cas, c’est sans doute pour le mieux : il peut arriver de confondre envie, compulsion et un véritable appel, notre ère n’aidant pas à se déconstruire et à se (re)connecter à son intuition profonde. Dans tous les cas, pas de problème, je vais faire le tour des critères qui m’aident moi dans l’espoir de vous donner des pistes.


Autre façon de faire : regarder des présentations et revues en ligne, en vidéos comme en articles

Le mieux serait donc de voir ce qui existe pour se faire une idée des thèmes, des styles, des formats, des types et des prix que l’on peut retrouver. Pour cela, Youtube (des revues et unboxing de jeux), des sites ésotériques (ou des enseignes plus traditionnelles vendant des cartes comme la Fnac ou Cultura, par exemple) peuvent aider. Un petit avertissement avant : comme il y a beaucoup, beaucoup de choses, faire un repérage peut être long et parfois angoissant, et ne résout pas notre question de comment choisir ? Aussi : comment se retenir de tout acheter, ou, en tout cas, de craquer sur ce jeu qui semble (et est peut-être) celui qu’il vous faut ? Ces questions en tête, je vais proposer une autre piste, plus large et moins culpabilisante : Vinted. Si l’application est connue pour ses publicités un chouilla répétitives, c’est maintenant une place de choix pour vendre ou acheter des jeux de cartes. Il y a bien sûr quelques éléments à prendre en compte : tous les jeux ne sont pas neufs, justement, c’est le principe de l’application, mais beaucoup sont en très bon état voire encore emballés. Autre détail : les prix ! Si certains jeux dits « rares » sont revendus très chers, la majorité peut vous faire faire des économies (en ajoutant les frais de ports et taxes, dans les quatre euros pour une livraison en point relais). Si je propose cet outil, c’est pour mettre en avant une alternative au canal de première main et essayer de privilégier une méthode un peu moins polluante, mais aussi pour mettre en avant des jeux de cartes moins récents, noyés par les dernières nouveautés sur la plupart des autres sites ou étagères, en magasin. C’est une belle plateforme pour avoir un tour d’horizon de ce qui se fait et s’est fait, avec énormément d’ajouts toutes les semaines (plus d’une centaine !). Dernier point : il est possible de demander des photos supplémentaires et de poser des questions aux vendeurs, ainsi que de marchander ou de faire des prix de gros si plusieurs articles vous intéressent. Je m’arrête là avant de devenir une publicité de plus !


Une recherche par thème sur Vinted

Il n’est pas nécessaire, si l’idée que l’objet soit passé dans d’autres mains vous rebute particulièrement, d’acheter dessus, mais il sera au moins possible, dans tous les cas, de voir ce qui vous plait le plus et ce qui existe, au niveau des visuels comme des thèmes. Il est toujours possible de « nettoyer » l’objet à son arrivée, même si ça pas besoin d’être systématique : mieux vaut ne pas être trop virulent envers l’esprit du jeu qui pourrait se sentir chassé ou maltraité. Un autre conseil : faire des recherches par style ou mot-clef, sur votre moteur de recherche, par exemple « oracle Art Nouveau » (style), « cartes Edgar Allan Poe » (figure ou label ayant un style précis) ou bien « Tarot + amour » (thème), et j’en passe. Quand je parle de « style », je me réfère au type de visuel : du collage (photomontage), un dessin digital ou « papier », sans compter la patte de l’artiste en question. Le but est ici de lister ce qui existe pour, potentiellement, créer une grande liste avant de se renseigner sur les jeux de manière individuelle et définir ses critères pour la réduire.


Un exemple de projets participatifs

Premier critère : le prix. Entre jeu indépendant (plus cher : entre 45 et 85€ frais de ports compris et neuf) et produit en masse / édité (moins cher : entre 15 et 40€ neuf). Il est possible de pré-commander et de soutenir des campagnes participatives à condition d’être prêt à attendre et à payer plus cher. Pourquoi ? Pour soutenir de plus petits artistes, voir le processus de création, sortir du canal principal et aussi voir des jeux qui sortent de la norme, par leur originalité ou leur niveau de représentation ou style (que les maisons d’édition refuseraient certainement de proposer de peur qu’il ne se vende pas assez bien). Pour commencer, un budget plus modeste (une trentaine d’euros maximum) convient tout à fait mais je tenais à proposer l’alternative. Où ? Sur Etsy, sur les sites des créateurs ou sur des plateformes de financements participatifs. Pour débuter, ne pas se ruiner est même préférable, pour ne pas placer la barre trop haut et se décourager. Quand on démarre une activité, s’il peut être bénéfique de faire quelques investissements, il vaut quand même mieux y aller doucement. Ces jeux auto-édités sont généralement plus rares, parce que produits en nombres limités : il n’est pas simple de les trouver d’occasion. Il faut aussi souvent prendre en compte d’importants frais de port, la plupart des jeux étant anglophones, et s’assurer de bien parler la langue ou qu’une traduction soit disponible.

Deuxième critère : le type de jeu. Maintenant que votre fourchette de prix est fixée et que vous commencez à savoir ce que vous aimez au niveau du style ou des thèmes, il faut faire un choix de plus. Allez-vous choisir un oracle, un tarot, ou un lenormand ? La liste est évidemment plus complexe que cela, ce pourquoi je vais développer mon propos et proposer des descriptions des types de jeux que je connais. Quelle différence entre un oracle et un tarot ? Il y en a plusieurs puisqu’il n’y a pas un Tarot mais des tarots, comme il existe plusieurs genres d’oracles. Je m’explique !
Un Tarot contiendra toujours le même nombre de cartes, les mêmes figures et la même structure. Un oracle, au contraire, est bien plus libre, ils sont tous différents, n’ont pas de minimum ou de maximum de cartes. Un Tarot aura donc 22 arcanes majeurs et 56 arcanes mineurs, en quatre « suites » : Epée, Coupe, Bâton et Deniers (ou Pentacles). Chaque jeu possède donc forcément 78 cartes. Le Tarot est un jeu de carte divinatoire, le plus ancien datant du XVe siècle, entre le sud de la France et l’Italie. Il s’agit du « Tarot de Marseille » français, dont il existe là encore plusieurs versions. L’éditeur Grimaud se base sur une version de 1748, l’éditeur Camoin, lui, reproduisant et restaurant une version de 1471 avec davantage de couleurs et de détails. Les arcanes mineurs du Tarot de Marseille sont plus minimaux voire abstraits, ils ne représentent pas de personnages ou de scènes mais des objets. À l’inverse, le Tarot anglais dit de Rider-Waite montre des mineurs plus détaillés et intuitifs, les expressions et poses des personnages aidant à en deviner le sens. Les deux Tarots ont d’autres différences (notamment dans les noms ou l’ordre de certaines cartes) mais je ne vais pas les lister ici, pour que le tout reste lisible et ne soit pas trop écrasant. Il existe enfin des tas d’interprétations et de recréations modernes, dans tous les styles – bien qu’il soit plus régulièrement question de la version anglaise (très souvent disponible dans sa traduction française). J’ai aussi entendu parler de nom du Tarot Egyptien dit de Thoth, associé à la figure d’Aleister Crowley. Je n’en sait pas assez pour développer mon propos mais un Tarot Italien existe aussi, le Visconti-Sforza, qui partage certains des codes du Marseille.

Comparaison entre le Tarot Alfons Mucha (un Rider-Waite) et le Tarot de Marseille (de Grimaud)

Les différences de représentations entre un arcane majeur et un mineur


Les différences de numérotation / dans l’ordre des cartes

Au passage : un Tarot n’est pas moins bien ou mieux qu’un autre, il en va seulement des goûts et affinités de chacun. Pour commencer, une version qui vous est agréable à l’œil est un très bon point voire une base. Les Tarots de Rider-Waite viennent généralement avec de bons livrets explicatifs, ce qui n’est pas toujours le cas pour les Tarots de Marseille, pour lequel il peut être intéressant d’investir dans un livre plus détaillé. De nos jours, de plus en plus de jeux cherchent à brouiller les pistes et les lignes, se présentent comme une union de ces deux Tarots. Je pense ici au Marseille-Waite d’Emmanuelle Iger ou au Tarot de la Fortune de Mrs Kuartz. Commencer la cartomancie se fait souvent par l’utilisation d’oracles, où les symboles sont souvent plus évidents mais il n’y a pas de règle, il s’agit de votre choix !
Les « Lenormand » : C’est un type de carte moins connu, pensé et crée par la cartomancienne Française Marie-Anne Lenormand au XIXe siècle. Il existe en deux tailles : le « Petit », avec 36 cartes et le « Grand » avec 54, qui prolonge le premier. Les cartes sont assez simples et reprennent des figures précises, auxquelles sont associées des sens et des mots-clefs. Vu sa structure particulière, ce n’est pas exactement un oracle mais un type d’oracle, qui est aujourd’hui varié et réinventé par des artistes.

Les oracles : la différence est ici moins fixe et officielle mais il en existe, à mon sens, plusieurs genres. Tout est lié au type d’interprétation, de message et de livret fourni. Les « petits » oracles reprennent des cartes où le dos de la carte est le seul visuel disponible, l’autre face présentant directement le message de la carte. Ces oracles n’ont pas besoin de livret, les messages se voulant assez clairs. Ce sont généralement les moins chers, pour moins de quinze euros : ils sont plus petits, nécessitent moins de travail et de matériaux. Comme ils demandent moins d’efforts d’interprétations et / ou d’intuitions, ils peuvent être une manière de commencer en douceur, ou d’apaiser des craintes ou des sceptiques. Leurs messages sont généralement très positifs et ils sont parfaits pour tirer rapidement une carte par jour.

Il y a ensuite, à mon sens, les « oracles minimalistes » : les visuels sont assez simples et directs, le fond de la carte n’est pas détaillé. Les messages, de la même façon, tiennent en peu de mots. Etant plus abstraits, ce n’est peut-être ce vers quoi je me tournerais pour commencer, les cartes fournissant moins de pistes et de symboles. Ce n’est bien sûr que mon avis et si un jeu de ce « type » vous parle, il vaut mieux se faire confiance. Ce qui est intéressant, avec ces cartes, c’est de travailler l’intuition et ce qu’elles peuvent suggérer de plus et faire remonter au moment de l’interprétation, au-delà des mots-clefs et thèmes proposés.

Enfin, les « oracles plus détaillés », avec des visuels et des livrets plus complets. Ici, les messages prennent entre une et trois pages, dans tous les formats, ont des messages travaillés et plus complets. Les livrets sont généralement développés et proposent de bonnes pistes, avec notamment des tirages et des conseils pour débuter, ce qui ne peut qu’aider ! Les symboles et guidances peuvent même contenir des exemples de rituels, de méditation ou d’affirmations. Ils combinent régulièrement messages des cartes, interprétations et mots-clefs, pour permettre une très bonne compréhension des cartes.

Comme pour les Tarots, il n’y a pas de meilleur type de jeu de cartes qu’un autre, c’est une question de goûts et d’envies. Je tenais quand même à présenter les différences que j’ai pu découvrir entre les jeux, pour mettre l’accent sur un point important : le niveau de détail et de guidance des livrets, que l’on pourrait oublier face au visuel des cartes. Pour commencer, je conseille de faire un choix en conscience, de savoir quel type d’interprétation et de message vous allez retrouver. Attention de bien vérifier si le livret est compris avec le jeu de manière physique ou à imprimer, mais aussi les langues disponibles (en anglais, en français, en version multilingue, etc). Dernier conseil sur ce point, dans le cas des versions multilingues, il n’y a en général pas de différence au niveau des textes avec la version française, excepté pour les finitions. Il n’est pas rare que les éditions françaises ajoutent des tranches métalliques et des dorures, voire un pochon satiné pour ranger les cartes. À vous, donc, en cas de traduction, de regarder les différentes éditions existantes pour faire le meilleur choix possible. Il y a bien sûr des tas d’autres critères : le fini des cartes, leur taille et matière, par exemple.

Troisième critère : les valeurs du jeu. Ce point est un peu plus global et un peu plus flou mais il a, à mon sens, son importance. Il est reflété par le thème du jeu, les titres des cartes tout comme leurs visuels et ce qu’elles représentent. Un grand nombre de jeux propose par exemple des figures humaines exclusives, en termes de traits physiques, de morphologies et de couleurs, voire des images et représentations négatives (à mon sens anormales et allant jusqu’à mettre en avant des connotations portant atteinte à l’humanité des minorités dont il est question). S’il y a une différence entre manque de représentation (invisibilisation) et un véritable manque de respect, il est très facile de passer de l’un à l’autre et j’ai malheureusement vu trop de l’un et de l’autre. A vous de connaître vos valeurs et de les, si possible, faire suivre dans les jeux que vous choisissez (ce qui passe, pour moi, par la connaissance, en amont, des visuels et des titres des cartes). Le but n’est pas de donner des leçons ou de faire culpabiliser, si vous avez déjà des jeux entrant dans une de ces catégories, juste de faire ressurgir certaines problématiques, histoire de faire un choix en conscience et pas par ignorance. Un autre point : l’appropriation culturelle et le white-washing, le fait de blanchir des personnes racisées, par exemple lorsqu’il est question de divinités hindoues. En espérant que les valeurs du jeu qui vous donne envie corresponde avec les vôtres – je sais déjà combien cela peut être frustrant.

Bon. C’est un gros morceau, mais j’espère que vous en retirerez quelques pistes, qu’il s’agisse de potentiels lieux d’achats, de critères ou de genres spécifiques pour vous aider à trouver ce qui vous plaira !

[Cartomancie] Tirage de carte 1 – Faire le point

A

J’inaugure une nouvelle série en lien avec les cartes : après avoir commencé à vous présenter mes jeux, je vous montre ce que je fais avec et vous propose mes propres tirages !
Pour commencer, mon tirage « Faire le point » en quatre cartes, idéal pour se poser, prendre un peu de recul et voir plus clairement ce qui se tient devant nous. Ce tirage est assez simple en soi (a peu de choses près) mais sa particularité réside dans la façon de choisir les cartes, en s’aidant de nombres et de leur combinatoire. Pas besoin d’être doué pour les calculs, ça ne devrait pas demander beaucoup de temps ou de ressources.
Il est vrai que les tirages à quatre cartes sont courants mais il s’agit pour moi du chiffre de la stabilité et d’un certain équilibre, bienvenue, je pense, pour ce genre d’interrogations, en période de crise comme de blocage. Il ne possède pas de tirage « visuel » ou de forme à proprement parler, le plus gros se passe au moment de choisir les cartes : au hasard, oui, mais pas trop ! Je m’explique : il s’agit d’additionner les chiffres de la date du jour pour obtenir un chiffre compris entre 1 et 9 avant de choisir la première carte de votre choix pour commencer, avant de partir d’elle comme référente, en tant que carte « zéro » pour commencer à compter pour atteindre ce fameux chiffre. Décomposer les chiffres de la date pour atteindre un plus petit numéro est un mouvement idéal pour aller de l’avant et agir : nos objectifs nous semblent généralement trop lointains, trop ambitieux avant que nous ne mettions un plan en place avec de petites étapes pour avancer dans la direction choisie. Ancrer le tirage dans le temps et dans le présent permet de bien centrer sur la période en cours et, peut-être, de mettre un peu à distance ses difficultés en passant par un médium plus neutre. N’avoir à prendre qu’une décision (la fameuse première carte) permet de moins s’épuiser et de lâcher prise en se remettant (doublement) au hasard. Pas besoin de remettre vos choix de cartes en cause, de douter : les cartes tirées sont bien celles qu’il fallait, qui vous étaient destinées – écoutez leurs messages.

En plus concret : nous sommes le 24.02.2021, ce qui fait : 24+2+2021 = 2047 = 2+4+7 = 13 = 1+3 = 4. Il est aussi possible d’additionner directement les chiffres de l’année d’un coup en s’épargnant des étapes (2+4+2+2+2+1 = 13 = 4), c’est à voir selon vos préférences ! Le but est de décomposer la date pour parvenir à votre chiffre du jour, qui déterminera le choix des cartes deux, trois et quatre. En suivant mon exemple, ma deuxième carte (la première étant le fruit du « hasard » – en contraste avec le calcul déterminant les trois autres) sera la cinquième carte en partant de la gauche, ma première étant mon « zéro », et ainsi de suite. Ne vous inquiétez pas, je vais illustrer mon propos pour le rendre le plus clair possible.

Pour ce faire :
Munissez-vous de votre jeu, oracle comme tarot et de son livret d’interprétation. Mélangez vos cartes comme vous le faites habituellement puis étalez-les (en demi-cercle ou en ligne pour ma part). Obtenez votre chiffre du jour en calculant la date. De là, choisissez votre première carte à l’intuition. Faites-la ressortir en la remontant par rapport aux autres sans la prendre complètement ou bien la retourner. Cette carte symbolisant votre départ, votre « case zéro », comptez le nombre de cartes nécessaires pour atteindre votre chiffre, et ainsi de suite, la carte précédente devenant la base pour trouver la prochaine. Si vous atteignez la fin de votre arc (de votre ligne de cartes), pas de problème, reprenez où vous en étiez en repassant par la gauche et les cartes « du début ». Quand vous avez vos quatre cartes, isolez-les en veillant à conserver leur ordre de tirage.

Un schéma reproduisant, en plus réduit (seulement 9 cartes), les cinq étapes, avec mon chiffre du jour (le 4).

Ligne 1 : identifier, au hasard, ma carte 1.
Ligne 2 : ma carte 1 devient un « zéro », je compte quatre cartes (mon chiffre du jour) pour arriver à ma carte 2.
Ligne 3 : ma carte 2 fait office de « zéro », de là, je compte à nouveau quatre cartes (en repassant par la gauche / le début si nécessaire) pour atteindre ma carte 3.
Ligne 4 : je compte quatre cartes à partir de ma carte 3 pour parvenir à ma carte 4 (si elle tombe sur une carte déjà tirée, je décale à la carte suivante).
Ligne 5 : mes quatre cartes, avec leur ordre de tirage.

Les messages des cartes :
Carte 1 (Présent) = Elle représente le moment actuel, la situation dans laquelle vous êtes. Elle permet de définir clairement où vous en êtes et de voir les blocages et problèmes que vous pouvez rencontrer. Cette carte est en quelque sorte votre place de départ ou votre emplacement sur une carte, les suivantes devant vous aider à appréhender les-dits blocages. Il est en soi normal d’en rencontrer, ils font partie de la vie, mais c’est quand même plus simple quand on a un plan en tête ou une idée, d’où ce tirage.

Carte 2 (Piste) = Elle indique le but, la destination qu’il serait souhaitable d’atteindre, ou en tout cas une piste, un élément à tempérer ou à exacerber dans votre vie. C’est une des cartes dont le message est le plus important pour ce tirage étant donné qu’elle va vers du concret, qu’elle vous montre ou va vers une solution ou une leçon qu’il faudrait intégrer. Il s’agit du chemin le plus évident, la guidance la plus claire ou la plus importante pour votre situation actuelle.

Carte 3 (Application) = Si la carte précédente mentionnait une voie particulière sans vous donner de piste pour l’explorer, c’est ici le cas. Cette carte a pour sujet une mise en pratique concrète, elle cherche à mettre en avant des indications et conseils pratiques pour améliorer votre situation et vous aider à avancer dans la direction idéale. Il peut être question de mettre en avant ou au contraire de diminuer certaines activités ou bien conseiller du retrait ou de l’introspection comme des activités particulières (contacter une personne pour débloquer une situation ou faire le premier pas par exemple). Le but est de vous donner des pistes pour sortir de votre blocage et avoir un plan à court terme ; il est bien plus simple de se diriger quand on sait où on va !

Carte 4 (Potentiel résultat / Avertissement) = Cette carte sert à vous donner une vision globale et à, si possible, sortir de votre situation actuelle pour imaginer et avoir un aperçu de ce qui vous attend peut-être. Il est question de votre futur le plus probable, qui sert de résultat au tirage et aux propositions et démarches que les cartes précédentes auront dévoilé. La boucle se boucle, on achève une situation pour, avec le cycle de la vie, s’avancer vers une nouvelle étape.
Si la carte est négative ou floue, deux possibilités : ou bien la leçon ne sera pas intégrée immédiatement et il vaut mieux prévoir plus de temps et de travail sur le sujet, ou bien c’est un avertissement, qui, pareillement, met en avant une action (à faire ou justement à éviter) pour se rediriger en cours de route et « garder le cap ».
Dans tous les cas, la carte est censée résumer le chemin à accomplir et / ou la façon dont ce sera le cas.

Certains messages pourraient être moins évidents à première vue, veillez à quand même les noter et à vous concentrer sur les cartes et voir les émotions, idées et intuitions qu’elles font ressortir. Même si tout ne s’emboîte pas immédiatement ou ne fait pas tilt, le message se fera peut-être connaître sous peu.
Si c’est le grand vide, pas de panique, respirez, mettez l’interprétation à plus tard, n’hésitez pas à vous aérer et à marcher dehors si cela vous est possible pour y revenir à un autre moment, un peu plus sereinement.
Si sortir s’avère compliqué ou ne vous réjouit pas, vous pouvez tout à fait rester en intérieur et méditer en pensant à la carte en question, les yeux clos. Voyez ce qui remonte sans vous contraindre ou critiquer, essayez de vous écouter. Vous pouvez aussi fixer un point « derrière » la carte et « voir au-delà » (une tentative de traduction pour « scrying »).
Puis si, vraiment, la carte vous résiste, avant ou après ces propositions supplémentaires, il n’est absolument pas interdit de tirer une carte de plus pour compléter votre tirage. Le but est de vous aider et agir, pas de se bloquer davantage.
Il s’agit de prendre du temps pour se tourner vers soi et mieux se comprendre, de ralentir un instant pour trouver des pistes qui vous correspondent pour mieux vivre le présent, ce qui, quoi qu’il ressorte des cartes, aura été accompli ! Il n’y a pas de mauvaise réponse, de possible échec ou de « risque », il suffit (si l’énergie le permet) de se donner un peu de temps et de s’y essayer.

Pour résumer :


J’espère que ce premier tirage vous plaira et que son processus ne vous inquiétera pas trop, ce n’est pas le but. Les prochains seront plus simples. N’hésitez pas à m’en donner des nouvelles !

[Revue] L’Oracle Astrologique

A

Le tour d’horizon de mes jeux de cartes divinatoires (oracles et tarots) n’est pas terminé, je poursuis ici avec l’Oracle Astrologique, un autre jeu de la maison d’édition Lo Scarabeo, que j’avais mentionné ici pour son style Art Nouveau. Il se concentre, comme son nom l’indique, sur les signes astrologiques et les planètes. La première édition du jeu date de 2012, celle que je possède est de 2017 : il est encore imprimé à l’heure actuelle, ce qui en facilite grandement l’acquisition. Je ne connais, de nom, qu’un seul autre oracle se spécialisant sur l’astrologie, il s’agit du récent Numinous Astro Deck de Ruby Warrington et Bess Matassa – pas de traduction française à ce jour.
Attention, je possède la version anglaise (le livret étant en anglais, italien, espagnol, allemand, français et russe) qui diffère pas mal de la version française (livret seulement en français, tons plus mutés et fades des cartes, pas d’holographique et la bordure argentée en dorée). Pour s’y repérer, c’est très simple : sur la version française, le croissant de lune est doré (la présence du titre traduit étant un indice non-négligeable). Le livret faisant dans les cinquante pages, il me semblait plus développé que la traduction que je possède (dans les trente pages) mais après vérification, grâce à ce site, les messages sont les mêmes, c’est une question de mise en page. À vous, donc, de faire votre choix en fonction, principalement, de vos goûts esthétiques.

Les vingt-deux cartes sont donc séparées en deux catégories : les douze signes d’un côté, les dix planètes de l’autre. Le nombre de cartes est donc limité, ce qui justifie un prix plus doux : dans les vingt-trois euros en général (quand même !). S’il aurait pu être intéressant d’ajouter d’autres phénomènes astrologiques et astronomiques (comme les différentes phases de la lune, par exemple), le jeu fonctionne très bien ainsi. Bien qu’il ne soit pas nécessaire de bien s’y connaître en astrologie pour s’en sortir et pouvoir l’utiliser, connaître les bases ne fait pas de mal.

Les cartes reprennent donc les cadres courbes et floraux chers à l’Art Nouveau. Les silhouettes et leur structure rappellent beaucoup les affiches d’Alfons Mucha, avec son détail pour les drapés ainsi que pour les étoiles. Pour ce qui est des signes astrologiques, il y a la silhouette représentant le signe, son nom en haut à gauche, son symbole à droite puis, vers le bas, dans un encadré argenté métallique, son emblème. Les cartes des planètes reprennent le tout avec un rappel du nom en bas et un cadre reprenant en fond des végétaux et éléments naturels associés. De nombreux éléments sont métallisés, font ressortir les détails des cartes.
Les cartes sont colorées, le fond vert pâle à bulle se mariant très bien avec les différents tons des cadres utilisés, qui en ressortent davantage.

Quatorze cartes sur vingt-deux représentent des femmes (soit tous les signes astrologiques, la Lune et Vénus). J’ai conscience, avec du recul, que ces images, bien que belles et bien exécutées, sont très peu inclusives (pas que l’Art Nouveau, à ma connaissance, l’ait vraiment été) : les corps se ressemblent, sont blancs et fins. J’apprécie la variété, recherche désormais des jeux avec davantage de représentation. Je tenais à souligner cette uniformisation des corps, bien trop commune dans les milieux ésotériques et artistiques. Libre à vous de prendre ou non en compte ma remarque.

Elles sont grandes (12,5cm) et assez larges (presque la totalité de ma main), ce qui rend le mélange un peu plus difficile qu’avec d’autres jeux. Les cartes sont brillantes, ont un côté plastifiés, en très bien fait pour le coup. Elles ont une bonne épaisseur qui devrait leur permettre de durer dans le temps et sont semi-souples, elles glissent donc très bien et, ratio main-carte mentionné mis à part, sont agréables à mélanger.

Une fois de plus, les textes (en anglais) sont de Lunaea Weatherstone, que l’on retrouve très souvent sur les jeux de carte de l’édition Lo Scarabeo. Les dessins sont d’Antonella Castelli, qui est spécialisée dans le style Art Nouveau. Les traductions ont été confiées à Francesco Spurio.

Ce qui m’a poussé à choisir la version d’origine (en anglais) : l’holographique. Bon, avoir les mots d’origine et non la traduction (qui est aussi présente, en bonus, selon mes humeurs) a aussi motivé mon choix. Les cartes comme le livret et leur boîte brillent, c’est un véritable plaisir de les incliner pour faire ressortir ses accents métalliques. Autre ajout : les tranches ! La photo ne leur rend pas justice mais elles sont argentées. Il s’agit pour l’heure de mon seul jeu avec des tranches métallisées et je regrette presque que le jeu ne soit pas plus conséquent pour en voir davantage.
Mes seules incompréhensions, d’un point de vue visuel : le dos des cartes est jaune-doré, quand le motif, repris sur le livret et la boîte, est teinté en bleu-vert. Les deux versions sont très belles, oui, mais je trouve qu’elles ne se marient pas si bien que ça. Pourquoi ne pas tout garder en jaune ou bien en vert ? Les deux auraient été intéressants, à mon sens. Je n’apprécie juste pas tout à fait ce mélange mais n’ayant pas de solution, je vais bien (je l’espère) finir par m’y faire. Le vert de l’emballage sert peut-être à différencier le jeu des autres oracles ou tarots Art Nouveau, généralement en beige ou en jaune ? Je vais me contenter de cette hypothèse, faute de mieux. Aussi, je regrette que le cadre extérieur soit blanc et non métallique – mais ce n’est qu’un détail.

Comme vous pouvez le voir avec la comparaison des présentations des planètes Mars et Jupiter en anglais puis dans leur traduction française, le nombre de mots décroit. Il ne s’agit plus de paragraphes rédigés mais de mots-clefs. Si ce qui était énoncé est trouvable simplement dans les représentations des Dieux éponymes, il est quand même dommage de réduire à l’analyse en français. D’un autre côté… La version anglaise ne me semble pas des plus compliquées à traduire – encore faut-il avoir le vocabulaire, je le sais bien. D’un autre côté, les informations données en français suffisent à interpréter les cartes. Sur une autre note, je trouve dommage que la version complètement française n’aille pas plus loin (d’après ce que j’ai pu en voir) pour compléter ce qui manque ici dans la version anglaise-multilingue.
En dehors de ça, la traduction, bien que succincte, n’est pas mauvaise. Et le livre, dans sa version d’origine, est bien pensé.

Le livret est composé d’une présentation rapide de l’astrologie (une courte explication du fonctionnement des signes-étoiles) puis de chacun des signes, de leur élément et de leurs caractéristiques. Cette partie est claire et rapide, donne suffisamment d’informations pour que les cartes aient du sens sans non plus étouffer le lecteur ou le décourager. À la suite, de la même façon, les planètes. Ces dernières sont un peu plus développées. Après quoi, le moment où tout se corse : les maisons du zodiaque. Cette partie mériterait d’être un peu plus détaillée – étonnement, la version française est plus claire et longue sur ce point. Les différentes maisons sont à leur tour décrites, pour proposer un tirage de carte reprenant les codes de la charte astrale. Il est bien sûr possible de tirer les cartes une à une, en se référant à leurs différentes descriptions. Deux autres possibilités dans le livret : les messages croisés. Qu’il s’agisse de deux cartes planétaires ou d’une de ces cartes avec une carte signe, il y a de courts messages synthétisant le mélange des deux énergies et symboles. La version française ne propose pas de message pour les tirades de deux cartes planétaires.
Les tirages proposés sont intéressants (surtout celui de la charte, assez conséquent, long mais très original et en même temps précis), d’autant plus que l’essence du message à retenir est déjà prête. Un regret : qu’il n’y ait pas de messages pour deux cartes signes. Il est aussi agréable de choisir d’en lire davantage sur les cartes et signes pour aller plus loin, si l’envie se manifeste.

C’est un jeu qu’il m’a fallut apprivoiser – son thème, qui me fascinait, m’intimidait un peu. Ayant pris le temps de faire quelques recherches, il me parle bien plus et je tire ses cartes très régulièrement. Les messages croisés sont très pratiques pour un tirage rapide. Pour les faciliter, je ne mélange pas, la plupart du temps, les deux types de cartes : mes tirages se font donc en deux fois. Les cartes sont très belles, plus je les regarde et plus je remarque de détails intéressants et symboliques. Les ajouts d’argenté, un peu partout, sont très bien pensés et faits. Le centre des fleurs, en fond, brille légèrement. C’est cette attention au détail qui m’encourage à le présenter. Ce deck est très bien pensé, fait, à mon sens, un très bon travail en associant astrologie et cartomancie.

Le possédez-vous ? Si non, qu’en pensez-vous ? Connaissez-vous d’autres jeux sur le sujet ?