Réflexions de sorcière – « plastic witchcraft » et l’idée de « norme » en sorcellerie

E

Le reflet de ma spiritualité.

Article inspiré par une publication de @de.brume.et.de.sève sur instagram, une sorcière qui a tout mon respect et mon admiration.

Cette période de confinement m’aura confirmé ceci : pas besoin d’une myriade d’outils et de ritualisation grandiloquente pour être un.e sorcier.ère.
Évident, non ?

Et pourtant, en ouvrant n’importe lequel des ouvrages dédiés que j’ai pu lire mes premières années de pratique assumée, ça ne l’est absolument pas. Il n’est question que d’obtenir encore et encore : pas d’accomplissements spirituels mais des pierres et cristaux, des herbes, de l’encens, des « outils indispensables » – toujours plus…
Où est le sacré dans tout ça ?
A croire qu’il est impensable de jeter un sort sans le trio encens-bougie-cristal correspondant. Société de consommation et spiritualité – une alliance contradictoire ? Ce phénomène a un nom : le « plastic witchcraft », une mode dangereuse pour certains, un titre offensant pour d’autres qui affirment leur surconsommation en matière de spiritualité.
Dans un culte de la nature, multiplier les actes nocifs envers celle-ci n’a clairement pas de sens. Bien évidemment, chacun.e est libre de faire ce qu’il.elle souhaite. Mais comment honorer la Terre-Mère avec des pierres arrachées de ses entrailles à l’autre bout du monde ? Avec un « outil indispensable » fabriqué sur un autre continent par des ouvrier.ères aux conditions de travail déplorables ?
Il est désolant que la sorcellerie, telle qu’elle est popularisée aujourd’hui, soit aussi axée sur le matérialisme. Aucun objet ne remplacera jamais dans un rituel volonté, intention et concentration.

Un autre problème majeur de la sorcellerie actuelle est la normalisation des pratiques : toutes pratiques considérées comme « déviantes », « dangereuses », « inacceptables » (autant dire ce qui n’est pas arc-en-ciel et paillettes ou encore sort-pour-obtenir-quelque-chose-d’inutile) sont méprisées et systématiquement « combattues » à coup de propos culpabilisants et hautains. Dès qu’il est question de mettre les mains dans la boue, plus personne.
Il en est tristement de même envers des pratiques traditionnelles (de minorités ethniques ou non) – en train de disparaître qui plus est.
Désormais la figure du.de la sorcier.ère doit être bien proprette et surtout ne pas être menaçante. Jeter des sorts à tout va en reniant toute pratique un tant soit peu agressive. En bref : être inoffensive et ultra positive.
Cette norme de sorcellerie « acceptable » aseptisée et tournée vers le profit et le gain matériel détruit la sorcellerie même. En réduisant les pratiques sorcières à une norme on bride totalement les sorcier.ères en les enfermant dans ce qui est considéré comme de la sorcellerie « correcte ». On fini par reproduire le même schéma que les religions orthodoxes (que certain.es fuient dans la sorcellerie) : une seule façon de faire et c’est tout. Où est la créativité dans tout ça ? Et l’authenticité ?

Vient la situation des « Aesthetic witches » où la spiritualité devient une image de surface bien jolie avec ses accessoires savamment disposés sur une publication instagram aux filtres à paillettes et hashtags racoleurs. Evidemment, il est tout à fait possible d’avoir un ensemble de pratiques spirituelles authentiques tout en se considèrant comme un.e « aesthetic witch ». Aucun mal à avoir un beau feed mais lorsque vouloir des « points sorcier.ères » devient plus important que de vivre réellement sa spiritualité, un vrai problème apparaît. Pour certain.es, flatter son ego en se mettant en avant en tant que sorcier.ère devient plus important, et même préférable, au travail spirituel profond.
Ainsi, nombre de pratiquant.es ne se reconnaissent plus dans la sorcellerie actuelle, réduite à une mode où le paraître et l’avoir prônent sur l’être, et décident de ne plus s’identifier en tant que sorcier.ère – ce qui est bien dommage.

Chaque individu sorcier.ère a une pratique qui lui est propre, sa propre spiritualité individuelle – liée à son vécu, ses ancêtres, ses Esprits locaux de la nature, ses entités, en soit une infinité de facteurs personnels.
Plutôt que de forcer des normes sur les autres pratiquant.es (des individus si proche de nous !) émerveillons-nous de leurs sorcelleries, si riches de sagesse et authentiquement eux.elles.

Je vous en prie, lorsque le confinement sera levé, ne nous jetons pas sur la surconsommation et réévaluons nos besoins.

Merci de m’avoir lue ! Souhaitez-vous que j’aborde certains thèmes en particulier ?

Laisser un commentaire