[Cartomancie] Le Cosma Visions Oracle

A

Petite note : Depuis, une version « de poche » du jeu et des autres de James R. Eads sont disponibles (encore en précommande en novembre 2021) sur le site de son créateur (Little Cosma Visions, Little Prisma Visions et Little Light Visions) et sur kickstarter pour 20$ l’unité ou 55$ les trois.

Je vous retrouve pour vous présenter un autre de mes jeux de cartes : le Cosma Vision. Bien qu’il soit nommé « oracle », c’est, pour moi, un Tarot. Il reprend en effet les 78 cartes (+1 bonus) et la structure en arcanes majeurs, 4 groupes de mineurs et les cartes de cour associées (qui sont ici séparées des mineurs). C’est un jeu de carte indépendant créé et vendu par James R. Eads, sur son site. Le jeu est vendu pour 40$ (hors frais de ports).

Une particularité du jeu : il se veut hybride (entre oracle et tarot). Chaque carte est renommée, bien qu’elle garde les aspects et symboliques (réinterprétés) du tarot (le livret rappelant les associations). Il travaille autour de la vie et de la mort, de l’idée de chemin de vie et de réincarnations. Les arcanes majeurs reprennent principalement des figures d’oiseaux et veulent retracer les événements de la naissance à la mort. Les arcanes mineurs s’intéressent quant à elles aux idées de cycles et de saisons. Elles sont basées sur les Oiseaux (l’air), les Arbres (la terre), les Lotus (l’eau) et les Braises (le feu). Les cartes de cour reprennent des réinterprétations plus larges des valets, cavaliers, reines et rois des tarots habituels. Les figures invoquées sont plus fantastiques, reprennent et créent des archétypes, tout aussi fabuleux et vivants que le reste des cartes. C’est un jeu très intéressant, autant dans ses thèmes que dans ses illustrations.

Les visuels sont incroyables : les cartes sont colorées et reprennent un côté assez impressionniste (les tracés et coups de pinceaux me faisant penser à la fameuse Nuit Etoilée de Van Gogh). Les arcanes majeurs ont des fonds simples noirs et un beau cadre, quand les mineurs sont plus détaillés. Les suites forment des fresques (du 1 au 10 + du 10 au 1 !), entre elles mais aussi les unes avec les autres. Il y a un véritable souci du détail, tout est très beau : les cartes s’emboîtent parfaitement, un détail non négligeable qui donne de la force et de la cohésion aux visuels. Un autre point : le dos des cartes a un sens, ce qui veut dire qu’il est possible de dire si les cartes sont à l’endroit ou à l’envers, ce qui peut être embêtant si vous préférez laisser plus de place au hasard – mais reste malgré tout un détail.

Les tranches sont colorées et métalliques : elles sont holographiques et reprennent les teintes de l’arc-en-ciel. Elles sont magnifiques et tiennent bien dans le temps, à condition qu’elles ne frottent pas contre une matière rugueuse ou avec de trop grandes aspérités. Les cartes sont mates et assez douces. Elles sont épaisses, se mélangent bien sans être très souples. Elles sont assez grandes mais pas trop larges, ce qui est parfait à mon sens : les visuels sont suffisamment mis en valeur sans que la maniabilité / prise en main du jeu n’en pâtisse. C’est un jeu de grande qualité qui mérite bien son prix et ne m’a pas déçue.

Les tranches métalliques, après huit mois d’utilisation (semi-intensive) :

Le livret, bien que compact, contient suffisamment d’informations pour que le jeu s’utilise facilement. Grâce au détail des illustrations, notamment des mineurs, les sens des cartes peuvent être interprétés et déduits. Le livret propose l’alter-ego du tarot traditionnel de la carte, des mots-clefs, une description et un paragraphe d’interprétation, ce qui est bien assez pour tirer l’essence de la carte. Il existe un livret plus détaillé qui, s’il doit être très intéressant, ne m’a pas paru nécessaire.
Un qrcode, dans le livret, permet d’accéder à des documents supplémentaires : les fresques des cartes, mais aussi différents tirages et « bonus ».

Les arcanes majeurs :

Les arcanes mineurs :

Les cartes de cour :

Ce jeu de cartes est vraiment complet et bien pensé : il porte un message, rien n’est gratuit. J’adore le fait que ses thèmes se retrouvent dans la construction même des illustrations : il parle de réincarnations, de cycles et les suites forment des fresques, se complètent et se suivent. L’intention première de mettre en avant la continuité, des évolutions et retours donne une cohérence particulière au jeu. Le tracé, le style des illustrations a quelque chose de très vibrant et de très onirique, presque mystique. J’aime beaucoup la fluidité des visuels et leur ancrage dans le réel, avec les éléments et les saisons. Le Cosma Visions s’appuie sur des spiritualités natives et asiatiques, avec le principe des réincarnations, du Karma (philosophie et mode de vie hindouiste), un temple Bouddhiste, des sumos (pratiquants du sport de lutte japonais), une armure de samouraï (japonaise elle aussi), mais aussi des représentations de peuples natifs sibériens – et j’en oublie certainement. Ici, je suis contente de rencontrer un travail plus sérieux sur ses spiritualités et pas quelques thèmes ou concepts rapidement mentionnés ici ou là. J’apprécie aussi le fait que certaines silhouettes, dans les figures de cour comme dans les arcanes, soient moins genrées : les cartes associées à l’amour (VI et XXI) peuvent représenter des couples non hétérosexuels / binaires, selon nos projections et interprétations.
Ce Tarot a, je trouve, une énergie plus terrestre et ancrée, une certaine douceur. Il possède un côté fluide et naturel. Son système est bien pensé, fait oublier sa complexité et le travail qu’il a demandé. Il est assez intuitif, répond très bien – il n’en finit pas de me fasciner.

Connaissiez-vous ce jeu auto-édité ? Qu’en pensez-vous ?