[Réflexions] Loi de l’attraction, positivité toxique, privilèges et responsabilités

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Je vous retrouve pour un nouvel article réflexions, qui a pris plus de sept mois pour voir le jour, sur un autre sujet qui me tient à cœur. J’ai tenté de développer ma pensée au mieux pour partager ma réflexion, en espérant qu’elle puisse mettre en avant un autre point de vue sur le sujet. Pour lire les précédents articles de la série : sur la purification systématique et les privilèges puis sur les notions d’énergies genrées sacrées et de polarité masculine-féminine. En sorcellerie comme en développement personnel, l’idée de la fameuse loi karmique de l’attraction est très importante. Si je ne pense pas tout savoir, j’ai essayé d’apprendre et de me renseigner pour que ma pensée soit la plus complète et la plus nuancée possible. Malgré cela, il faut s’attendre à quelques raccourcis, bien que j’espère les éviter. Mon but est moins de juger et d’accuser que de mettre en avant et questionner des normes dominantes ainsi que nos œillères, des points de vue subjectifs se faisant passer pour objectifs (des « lenses » en anglais, ou les objectifs / verres d’un microscope ou de lunettes, ce qui teinte notre perception du monde).

Tout d’abord : qu’est-ce que la loi de l’attraction ?
C’est à l’origine le Conseil Wiccan (The Wiccan Rede) mis en place par Gerald Gardner de ne pas faire de mal. Les actions, bonnes comme mauvaises, sont répercutées par trois (La Règle des Trois / The Rule of Three). Ainsi, il est plus profitable de faire le bien que le mal. On attire ce que l’on fait, en quelque sorte. Cette idée, dans l’ensemble, peut paraître cohérente. Que la Wicca se montre extrêmement positive, lumineuse et inoffensive aussi. Historiquement, la sorcellerie est et a été très mal vue. Il n’est pas inutile de rappeler qu’il y a eu des mort.es. Vouloir protéger ses arrières, mettre en avant une philosophie de vie spécifique et montrer « patte blanche » fait sens. Autrement, le mouvement, en partie précurseur des hippies, aurait certainement été étouffé ou aurait subi encore plus de violences et de récriminations. Il en allait de la survie, de l’acceptation et de la popularisation de la Wicca.

Le concept est-il seulement lié à la spiritualité ou à la magie ? Dans les faits, non : les sciences cognitives / du comportement s’y intéressent et mettent en avant les notions de « manifestations », d’ « affirmations » et de « visualisations ».
Le développement personnel vient se baser sur ces idées, généralement pour « recalibrer » son cerveau, sortir de ses schémas et habitudes de pensées, pour modifier la structure et le mode de fonctionnement de ses pensées. En effet, le cerveau est habitué à reconnaître des signes et à les interpréter d’une certaine manière, en fonction de ses expériences passées. C’est pour cela qu’il peut être si difficile de modifier ses habitudes et de changer ses manières de faire, ce que nous faisons et pensons ayant de fortes influences sur notre manière d’appréhender et de faire sens du monde. Si l’on est optimiste, on aura tendance à voir le bien de manière plus systématique et, du coup, d’enregistrer plus de positif qu’une autre personne. L’inverse est aussi vrai. Un exemple concret, avec les synchronicités. Quand on commence à « ouvrir les yeux » et à faire attention à un certain type de signe, les messages ont généralement tendance à affluer. Quand la voiture familiale a changé de marque, nous avons commencé à voir le même modèle partout, parfois dans la même couleur. Si cette découverte était troublante, tout le monde n’a pas adopté ce modèle en même temps que nous : il était donc déjà-là, avant. Mais nous ne le remarquions pas. S’éveiller à certains points peut avoir des conséquences sur nos perceptions : selon l’endroit où l’on se situe, nous ne vivons ou ne voyons pas les mêmes choses. Nous ne donnons pas les mêmes significations aux mêmes événements, certains étant occultés quand d’autres peuvent nous sembler (subjectivement) de première importance. Ce que nous pensons nous influence – c’est le biais de confirmation : nous agissons plus ou moins consciemment de manière à valider nos biais et idées préconçues, d’où l’idée de prendre du recul sur ce qui nous paraît évident ou aller de soi. Nous ne sommes pas aussi objectifs et impartiaux que nous le pensons, notre expérience n’est pas universelle et ne peut pas faire loi. Nous ne pensons pas tous de la même manière. Il peut alors être intéressant d’entraîner son cerveau à percevoir certaines choses et à se laisser impacter davantage par le positif, plutôt que d’être écrasé et assailli par le négatif. Le principe peut donc être un outil de développement personnel, la sorcellerie et la science se rencontrant avec l’idée de « manifester », de faire advenir, d’attirer quelque chose dans sa vie, par la mise en place d’affirmations ou de visualisations, qui doivent préparer le cerveau et l’esprit à aller dans la direction choisie.

Les limites et dérives : abus et privilèges
Dans le cas du développement personnel comme dans celui de la spiritualité, les affirmations et les tentatives d’attirer x chose dans sa vie peuvent finir par être problématiques. Je m’explique : l’idée que l’on est parfaitement responsable de ce qui nous arrive est fausse et même dangereuse.
Avoir en tête sa responsabilité personnelle est important. Vouloir se soulager et aller bien / mieux n’est pas négatif. Il est question de morale, d’éthique, de légalité aussi. Mais, vous me voyez peut-être venir… Quoi de ce qu’on ne contrôle pas ? Le hasard ou le destin, ou bien les deux, ont une grande part dans nos vies. Si l’on peut se contrôler, essayer de n’attirer que le bien et le positif, par exemple, qu’en est-il des autres ? Chacun et chacune ayant cette même liberté, il est impossible d’empêcher les accidents et les conflits. Et l’idée d’attraction est devenue une manière de responsabiliser les victimes. Non, tout n’arrive pas « pour une raison ». Un exemple très courant, après une agression sexuelle : « et tu étais habillé.e comment, déjà ? ». Il y a inversion des responsabilités. Et ce n’est pas tout. Il y a d’autres problèmes, de nombreuses, à mon sens, dérives.

La loi de l’attraction est un des piliers de la Wicca par la fameuse Règle des Trois : tout ce que l’on fait, en bien comme en mal, nous revenant par trois, ce qui motive les bonnes actions et vise à décourager tout ce qui ne serait pas totalement positif ou lumineux. La NéoWicca (« Nouvelle Wicca ») se veut plus hétéroclite et rompt avec les règles, hiérarchies et enseignements premiers de la religion, accumulant et mêlant les connaissances et panthéons, les mythologies et les savoirs. Il est courant de voir des pratiques mêlant des cultures très différentes, empruntant aux modes de pensées nordiques, aux panthéons égyptiens, grecs comme aux pratiques Indiennes (en reprenant les chakras, le yoga, …). Ce mouvement, plus libre, moins « contraignant », cherche le synchrétisme et appelle à une certaine « mondialisation » : au mélange des savoirs, sans questionner certaines associations ou se souvenir de réalités historiques ou géographiques. Ainsi, l’idée de Karma n’est pas européenne. C’est une notion qui a été récupérée ailleurs et est, le plus souvent et comme bien d’autres, simplifiée. La pensée hindoue dépasse l’idée de conséquence, entre dans un cadre précis, avec les idées de réincarnations et de travail vers la paix intérieure (pour se défaire des conditionnements néfastes qui nous retiennent et nous rendent malheureux, le but étant d’atteindre la fin de son cycle de réincarnations et de réduire ses blocages et son karma négatif – littéralement « actions » ou « actes »). Le karma en tant que répercutions immédiates est une version occidentalisée, son utilisation hors-contexte étant une façon de faire coloniale et dominante, en particulier quand on parle de cultures ayant subi l’invasion européenne. L’idée de karma est, de fait, de plus en plus associée à la Règle des Trois, les termes pouvant être utilisés de manière interchangeable. Quoiqu’on puisse en trouver après une déconstruction et un long apprentissage, les termes n’ont pas les mêmes origines, ne sont pas issus des mêmes pensées : la Wicca est anglosaxonne et européenne, ne repose pas sur la culture de natifs opprimés et soumis à l’esclavage. Certaines réalités sont trop souvent oubliées. Il y a, derrière certaines appropriations, beaucoup de violence. Etre curieux et vouloir développer ses savoirs n’est pas une mauvaise chose, mais il faut, comme toujours, prendre du recul et questionner ses motivations et façons de faire. C’est la question de l’appropriation culturelle, des biais racistes, des privilèges et de la (re)mise en place d’une interaction de dominant à dominé, de supérieur à inférieur.
Cette façon de se servir ailleurs et de nier les réalités historiques, sociales et géopolitiques a encore lieu aujourd’hui, et de bien des façons, notamment par le spiritual bypassing ou la « fuite spirituelle » en français. C’est l’idée de refuser les émotions et ressentis d’une personne au nom d’un statut spirituel plus haut, de ne pas se remettre en question mais plutôt d’attaquer, de nier l’humanité d’autrui en argumentant qu’il faut « voir le positif » ou que la colère indique un problème en profondeur chez la personne victime d’abus (par exemple en niant systématiquement les problèmes qu’une appropriation peut soulever). Ce comportement est très commun dans la sphère sorcière en ce qui concerne le racisme, l’appropriation culturelle, le sexisme, les mots ou comportements plus que limites. L’injustice est commune, oui. Et il faut du courage pour la signaler. Petite parenthèse : ce qui ne veut pas dire que c’est à cette personne d’éduquer, de prendre par la main celui ou celle qui lui a fait du tort pour lui expliquer et lui permettre d’évoluer. Parce que c’est une charge mentale, de temps et d’énergie conséquente et qu’il est impensable d’exiger cela d’une personne. Sauf dans le cadre d’un cours rémunéré, cela va de soi. Exiger, c’est encore entrer dans et perpétuer une dynamique de domination. L’autre ne vous doit rien. Si cette personne fait remonter quelque chose de problématique, à vous de vous interroger. Sans entrer dans le déni. Oui, il est plus confortable de faire l’autruche et de se sentir attaqué en tant qu’individu. Sauf qu’il faut prendre du recul et remettre les éléments à leur place. Il y a déjà eu attaque, et dans l’autre sens. Des mots ou comportements ont blessés. Peut-être n’étaient-ils pas conscients, soit, mais ça n’excuse pas tout.
Se déconstruire est un travail long et compliqué, désagréable. Mais nécessaire. Il est temps que chacun et chacune prenne ses responsabilités et fasse ce travail, sans refuser légitimité, écoute et respect à autrui, minorité ou non. Les ressources existent, parfois même gratuitement, il suffit de chercher. Il est bien trop simple, par exemple, de dire « je ne vois pas les couleurs ». Alors que si, bien sûr. La société est profondément inégalitaire. Elle repose sur des principes stéréotypés, des normes voulues universelles – je vous renvoie à mes précédents articles. Le sexisme et le racisme sont systémiques – tout comme, entre autre, le validisme. Enregistrés dans le cerveau comme normaux. Mais tous les corps n’ont pas la même force, la même énergie, les mêmes possibles. Tous les corps ne sont pas traités de la même façon. Nous le savons. Nous ne pouvons plus le nier. C’est refuser les handicaps, visibles ou pas, ignorer le mal-être et les maladies mentales, ignorer les différences que l’on fait, qui sont faites, entre les corps. Tout le monde n’a pas la même disponibilité, le même niveau d’énergie, les mêmes possibles, les mêmes moyens. Insinuer le contraire est un mensonge. Non, tout n’est pas possible du moment que la « volonté », y est. Le concept de volonté lui-même, de « will-power » (le pouvoir de l’esprit / du vouloir), est faussé. C’est un des mythes du développement personnel et de la recherche de la productivité qui est à présent réfuté. Il n’est pas, plus question de faire plus mais, à mon sens, il faut faire moins, mais mieux. Choisir ses batailles pour ménager son énergie, ses « cuillers » (spoons en anglais). Prendre des décisions est drainant. Se disperser, faire plusieurs choses à la fois (le fameux multitasking) l’est encore plus. La volonté ne changera pas la course du soleil dans le ciel. La volonté ne suffira pas à une personne malade pour vaincre sa maladie, son mal-être. Il y a des maux chroniques, durables. Tout ne peut pas être surmonté, ce n’est pas une question de motivation, de « vouloir » ou de fainéantise.
Dire « passe à autre chose, fais-toi à l’idée, je ne vois pas de quoi tu parles, ta parole est fausse et n’a pas de valeur à mes yeux, je refuse ton ressenti et ton témoignage, ton histoire »… Ne va pas. Nous ne pouvons pas continuer. Cette forme de manipulation a un nom. Gaslighting en anglais et « décervelage » en français. Je répète : c’est une forme de manipulation. De domination. Déshumaniser et refuser la parole à une personne n’est pas positif. Loin de là. C’est simplement hypocrite et bas.
Oui, je le sais bien : c’est, bien souvent, une question de point de vue. Jusqu’où aller dans l’écoute et le « respect de la parole » d’autrui. Tout ne se dit pas forcément. Comment faire, pour trancher ? Pour identifier les dynamiques dont il est question, différencier la vraie blessure d’un ego habitué à dominer ? Je n’ai qu’une solution – je suis au courant de sa fragilité, de sa faiblesse potentielle, oui, mais que faire d’autre ? Ne rien faire n’étant plus une option – et c’est d’apprendre. De lire ou d’écouter, de se renseigner. De voir ce que les concernés et concernées ont à dire sur le sujet. Ecouter leurs expériences, les accepter, apprendre, pour mieux réagir, en savoir plus, pour la prochaine fois. Ne surtout pas rester sur ses acquis et sur ses positions, faire travailler son empathie, adopter un autre point de vue, sortir de ses œillères personnelles. Faire le deuil du passé, des erreurs. Ce qui est fait est fait. Il faut avancer, faire mieux, d’une manière ou d’une autre.

Comment, autrement, parler de positivité et de « ne pas faire de mal » ? Tous les adeptes de développement personnel / de la lumière (avec le « light-work » par exemple) ne sont pas wiccan, j’en ai conscience. Mais quand on prône « la lumière », le « bien », l’optimisme et le positif, il faut que son impact aille dans le même sens, vous ne trouvez pas ? Une question de logique, pour moi. Aller au bout de ses idées, faire ce que l’on met en avant et loue.
Il en va de la responsabilité générale et individuelle de se regarder en face, pour de bon. Pourquoi être sur la défensive ? Aller directement vers la colère et la haine ? S’il était vraiment question de respect, de dialogue et de positivité, il n’y aurait pas besoin d’avoir recours à ce genre d’outils. X personne n’est pas moins humaine parce qu’elle implique d’aller au fond du sujet, de voir les rouages cachés, de comprendre d’où viennent les choses, de les remettre en question.
Pour reprendre la formule « ne pas faire de mal » : quoi de l’impact écologique ? Qu’est-ce qui est mangé, qu’est-ce qui est consommé ? Quoi des discours, de l’attitude ? S’agit-il d’être vocal pour défendre les autres, de promouvoir le respect et l’égalité ? Parce que si ce n’est pas le cas, il s’agit de se complaire dans ses privilèges. Non, rester silencieux ne rend pas une personne « positive ». Bien au contraire. La colère peut aussi être légitime, user de son statut ou de ses pratiques magiques pour écraser une personne en souffrance avec des injonctions à « la lumière », non merci. Il me semble aberrant d’invoquer une « neutralité » ou une envie de ne garder que « de bonnes ondes » quand il est question d’humanité, de respect et de responsabilité. Pour reprendre la pensée hindoue, le yoga n’est pas qu’un travail du corps mais aussi de l’esprit, qui avec les yamas, cherche la non-violence et l’équité, le respect et la sincérité. De la même façon, la loi de l’attraction n’est pas un joker pour oublier les sujets sensibles. Il est plus que temps de voir le problème en face, d’essayer de faire quelque chose. Ce conseil ou cette règle de vie ne peut pas être une incitation à la passivité. Ce n’est pas juste quand ça me plait, quand ça me sert. Non. Mettre en doute la victime et lui intimer que c’est de sa faute, qu’il est question de sa responsabilité à elle ? Non. Cette personne n’a pas choisi d’avoir peur, de souffrir, d’être violentée et rabaissée. C’est aux bourreaux de prendre leurs responsabilités, pas l’inverse.

Après cette prise de position plutôt définitive, je tiens à nuancer un peu, pour, sans abandonner mes valeurs et ma logique, être réaliste et éviter de tomber dans la « pureté militante » (régulièrement utilisée pour rabaisser et essayer de soumettre au silence certaines personnes, jugées non spécialisées ou pas assez actives dans leur champ d’action). Il n’est ni bon ni possible de demander un engagement constant et parfait. Nous sommes tous humain.es, en cours d’apprentissage. Ce qu’il y a de mieux à faire, c’est justement de faire de son mieux, sans chercher les lauriers, la validation. À chacun, à chacune son chemin, pourvu qu’il soit lancé, que l’itinéraire soit envisagé. Le monde est fatiguant. À nous de nous préserver, en veillant à ce que ce ne soit ni systématique, ni au détriment d’autrui. Et en évitant les double-standards. Une femme, une personne issue d’une minorité raciale ou non, n’a pas à faire plus d’efforts qu’une autre personne. Le militantisme, la responsabilité individuelle, le respect des autres, c’est pour tout le monde. Exiger qu’une personne vocalise, se positionne sur tout, tout le temps, ce n’est pas possible. Il faut être réaliste, et commencer à son échelle. Faire ce que l’on peut. Dans le respect et la limite de son corps, en toute conscience. Ce travail, cette charge en plus, tout le monde doit la porter, pour soulager certains et certaines. C’est un travail finalement de groupe que de changer le putride de cette société, d’y planter de nouvelles graines. Ce n’est pas seulement pour les femmes, elles ont – à bon entendeur – déjà bien assez à porter.

Ressources :
En Français :
Sur la positivité toxique, par @tetedanslune sur Instagram
Loi de l’attraction et privilèges, par rosen.lev sur instagram
Racisme et Féminin Sacré par @dreamingraccoon (Cléa- Doula des bois)
Rappel : Tout ce qui brille n’est pas bienveillant, et c’est valable aussi pour la spiritualité par @elodie.rosewitch (Élodie, sorcière des jardins)
Santé gynécologique et pouvoirs magiques – le Witch Gaze par @dreamingraccoon (Cléa- Doula des bois)
Le développement personnel peut-il être problématique ? par @aurane.k sur Instagram
Vidéo Youtube « Les 3 problèmes du développement personnel » de Sarah Lazarey
Vidéo « Pourquoi le développement personnel ne marche pas ? Solution : le Shadow Work » (Sur les affirmations positives) de Sarah Lazarey
Sur la pureté militante, par @aurane.k
Sur le gaslighting, par @aurane.k
Elite matérielle, élite spirituelle, par @labulledalissia
La vidéo youtube « Le problème du Féminin Sacré » de Sarah Lazarey
En anglais :
Toxic positivity vs genuine optimism par @anxietyhealer
Toxic positivity and privilege par @carloshappynpo
Toxic positivity par @mind_witch_mama
Signs of toxic positivity par @doodledwellness
Spiritual Bypassing by @machasjustice

[Réflexion] Energies, sacré, polarité masculine et féminine

A

Je vous retrouve aujourd’hui pour un article qui me pèse depuis quelque temps déjà. Ce n’est pas exactement ce que j’ai l’habitude d’écrire mais je me devais d’essayer. J’ai beaucoup entendu parler, comme la grande majorité, je pense, d’énergies féminines et masculines. De qualités aussi, d’attributs et d’affinités différentes. Ces pensées sont particulièrement présentes quand on parle de spiritualité, mais pas que. De nos jours, presque tout est genré. Pensé pour une catégorie particulière de public, ciblant des catégories bien précises de personnes, en fonction de critères stéréotypés. Un exemple du quotidien : le rose pour les filles, le bleu pour les garçon, mais aussi la danse pour les filles, les sports de combats ou de compétition pour les garçons. Evidemment, la liste s’allonge. Je ne vais pas rester dans le mondain pour préciser ma pensée.

Il y a supposément des énergies très différentes, que l’on retrouve dans tout et dans chaque personne. Jusque là, tout va bien, en tout cas pour moi. Là où je m’éloigne de ces idées (et où je commence carrément à grincer des dents), c’est quand on parle d’énergies féminines ou masculines. Parce que tout part du principe qu’on est ou homme, ou femme. En 2021, je pense qu’il serait grand temps de dépasser cette binarité. Si on accepte sans mal que chaque individu soit différent, comment nous faire entrer dans une boîte ou dans l’autre ? La majorité (Est-ce vraiment le cas ?) n’a peut-être pas de problème avec ces appellations, ce n’est pas le cas de tout le monde, quoi qu’on en dise. Il y a déjà ce point, et ce n’est pas tout. Je reprends : il y a supposément des énergies, que l’on retrouve chez tous les individus. Hommes comme femmes (et pas que). Ah. Ces deux énergies ont différents degrés, changent d’une personne à l’autre. Intéressant ! Ca ne dure malheureusement pas. Il est question d’énergies féminines, plus fortes chez les femmes. Et d’énergies masculines – je vous épargne le refrain. Bon. L’idée ne vous choque peut-être pas. Sauf que oui, il n’y a pas que des hommes ou des femmes. J’espère ne rien vous apprendre, mais tout est une question de nuance et de spectre. Il y a donc de nombreux cas où, non, cette étiquette et attribution de la société ne colle pas. Que le décalage soit discret, caché ou profond, il existe.

Mais ce n’est pas ça, me direz-vous, tu n’y es pas, il y a généralisation – voir mauvaise foi ! Attendons de voir. Les deux (ce chiffre fait déjà partie du problème) possèdent des énergies féminines et masculines. C’est bien ce qui coince ici. Qu’est-ce qu’une énergie féminine ? Ou masculine ? Les concepts, avec un peu de recul, sont incroyablement abstraits. L’idée de femme, l’idée d’homme, a été pensée par quelqu’un, on ne sait pas qui, on ne sait pas quand, on ne sait pas vraiment comment s’est venu ni pourquoi (pour classifier et organiser les êtres et « simplifier » les rapports ?). Ce sont des concepts qui ont contribués à instaurer une domination d’un groupe sur l’autre – vous savez, nous savons. Une énergie féminine, selon les sources consacrées, est douce, aimante, elle aide à croître, elle est fertile. C’est une mère, lisse, sensible et intuitive, tournée vers l’intérieur. La notion reprend le yin et le yang du taoïsme. La lune, sombre, face au soleil, lumineux – soit dit en passant, plusieurs mythologies, panthéons et cosmogonies possèdent une lune masculine et un soleil féminin ! Petit aparté : il existe, dans plusieurs panthéons, des dieux lunaires comme des déesses solaires. Dans la mythologie nordique, Máni est le dieu de la lune et le frère de Sól (ou Sunna), personnification féminine du soleil. Il y en a bien d’autres, dont Fati dans la mythologie polynésienne ou encore Sîn ou Nanna(r) en Mésopotamie. De la même façon, une partie des déesses lunaires était originellement solaires (ce qui explique le symbolisme solaire de plusieurs de leurs attributs : l’arc doré pour Artémis ou le disque solaire pour Isis) et les dieux, plutôt lunaires (comme Anubis) avant qu’un changement dans les représentations ait lieu.
L’énergie masculine, elle, est tournée vers l’extérieur, dans l’action, parfois dans l’agression, la protection. Ce qui me dérange ? L’image qui en ressort : l’homme fort, le guerrier, le chasseur, et la femme (sous-entendue faible, victime potentielle, incapable de se protéger et en danger), avec les enfants, l’art, les parures et les plantations, en bonne cueilleuse. Si je n’ai aucun problème avec l’idée d’énergie plus ou moins passive ou active, douce ou agressive, mon problème vient simplement de leurs noms. Je me lance : ces noms sont sexistes et stéréotypés, tout simplement.

Ils reprennent des idées que je trouve profondément problématiques. Ils jouent aussi avec ce qu’on attend de chaque genre (l’aspect social, l’étiquette, que l’on accepte ou non mais qui est apposée par la société, à ne pas confondre avec le sexe biologique ou de naissance, qui peut différer). Autre point : en reprenant l’idée binaire et réductrice qu’il y a homme ou femme, penchant-nous sur la langue. Il s’agit de mon appréciation des mots, que je souhaite objective mais, dans le doute, je reprécise que c’est ici mon avis, mes ressentis. Il y a donc féminin, qui englobe les femmes. Puis masculin, qui englobe… les hommes. Sauf que les deux termes ne sont pas neutres. Le « masculin » est… Il est lui aussi stéréotypé. Ce n’est pas aussi simple qu’une catégorie désignant les hommes. Il est genré, indique un certain type de comportement. Il est lié à la (on l’attendait) virilité. Qu’est-ce que la virilité ? Petit point définition, en prenant ce qui vient en premier sur internet, avec le dictionnaire en ligne Le Robert (à la date du 11/01/2021) :

Les premières définitions du bien nommé Trésor de la Langue Française (Informatisé)

Bon, je sais pas vous, mais pour moi, ça reste flou. Un homme, donc, c’est viril. C’est quoi, être viril, par contre ? Selon les définitions du Robert ou les nuages de mots de Synonymo, ce serait : être fort, puissant, énergique et actif sexuellement. Soit dit en passant, ces quatre traits ne sont clairement pas exclusivement relatifs au genre masculin. Pour les usages courants, ce serait plutôt une jauge, un baromètre, pour désigner les « bons » hommes (sous-entendu les vrais). Ceux qui ne contredisent pas les étiquettes genrées de la société. Ce qui induit qu’il y a de mauvais hommes (féminins, donc ?) et de mauvaises femmes, dites « viriles ». Une catégorie pratiquement fourre-tout qui vient régulièrement viser les personnes non-hétérosexuelles (qu’elles soient homosexuelles, bisexuelles, pansexuelles, asexuelles ou même d’autres choses) ou tout simplement qui ne sont pas cisgenres.

Examinons rapidement l’autre côté. Saviez-vous que « viril » avait, finalement, un équivalent ? Et non, je ne parle pas de « féminin ». Pour tout vous dire, je ne le savais pas non plus. Et pour cause, le mot n’a pas l’air d’avoir été utilisé après le XIXème siècle, il s’agit de « féminilité ». Le Robert ne le connait pas et apparemment Synonymo non plus, bien qu’il l’indique en synonyme de « féminin ». Je ne vais pas analyser en détail les deux tableaux, je vous pense parfaitement aptes à le faire vous-même. En bref : j’ai conscience que la grosse différence de nombre de mots entre « homme » et « femme » vient du côté pseudo neutre ou universel du premier. Cependant, ça ne change pas le fait que « féminin » reprenne un grand nombre d’injections de la société (pas moins de onze) pour trois termes assez neutres qualifiant la catégorie de la population plutôt que ses supposés attributs de l’autre côté. Là où masculinité regroupe deux valeurs précises, féminité propose trois termes flous ne caractérisant pas la population « femme » mais des mots utilisant la même racine. Pour le duo « virilité » – « féminilité », les images parleront d’elles-mêmes. J’ai conscience que Synonymo n’est peut-être pas le meilleur des sites, mais il reste représentatif : c’est un des premiers moteurs de recherches de synonymes proposé lors d’une recherche. Je ne tiens pas à faire plus que mentionner le scandale de début 2020 quant aux définitions de présidente, avocate et j’en passe du Larousse (mais pas que) en tant que « femmes de … ».

Pour essayer de me rapprocher de notre sujet initial, je ne peux pas laisser de côté l’idée de « féminin sacré ». Elle ne se pense pas ou très peu en dehors la fameuse idée de polarité ou d’unité sacré du couple. Ne vous en faites pas, je vais y revenir. En attendant, si je comprend les fondations et l’histoire de cette notion, elle peut aussi me faire grimacer. Pourquoi ? Petite explication : oui, le mouvement se veut positif et libérateur, apprendre aux femmes à s’aimer et à écouter leur « rythme d’êtres féminins ». Toutefois, il ne s’émancipe pas. Il essentialise toujours « LA femme ». Si apprendre aux femmes à s’apprécier et à puiser de la force en elle est vraiment génial et que je n’ai rien à redire sur la forme… Le fond est peut-être un peu différent. Je reproche aussi à l’idée de ne se penser qu’en partenariat avec le masculin sacré. Parce que oui, encore une fois, tout n’est pas soit l’un, soit l’autre, et même doublement. Je ne vais pas rappeler l’année, mais quand même. A l’heure actuelle, on sait plus que bien qu’il n’y a pas que des couples hétéros sur terre. Ceci étant dit, l’équilibre ou l’entretien de telle énergie dite féminine ou masculine à l’intérieur de soi me dérange, toujours parce que les noms sont chargés de stéréotypes sociaux dont ils ne cherchent pas à se défaire – ou alors pas assez, vu que ce que je vois est principalement rose, ou bien violet, avec tout ce qu’il faut pour entretenir la sensualité, la douceur, le calme et l’empathie des femmes. Sauf qu’une « femme », ce n’est absolument pas que ça. Une « femme » c’est un être humain, oui, comme les hommes. Ce sont des êtres avec des différences et des particularités, avec des émotions, des rêves et des envies. Oui, le plus gros vient de cette même société sexisme et inégalitaire, justement. Nous sommes conditionnés, c’est comme ça. Et s’il n’y a rien de mal avec l’idée de méditer, de faire du yoga, de boire du thé ou de se faire du bien, donner x activité aux femmes et y activité aux hommes, encore une fois, c’est assez limite. Tout est hypra genré et ça n’aide pas : c’est encore et toujours relié à ces idées d’énergies.
Autre point, et de taille : l’énergie féminine veut et doit fusionner, être compensée ou complétée par le « masculin sacré ». Il est peut-être un peu moins connu mais il existe bien. De quoi inspirer les hommes à se faire guerriers chaleureux et aimants, protecteurs et dont la seule aspiration est de combler la femme de leur vie. L’idée se veut, en tout bien tout honneur, loin de la masculinité toxique, rongée par l’insécurité, la colère, le sexisme du quotidien et les traces (bien présentes et non négligeables) du patriarcat. Sauf que, mine de rien, elle repose sur une dynamique patriarcale de domination masculine. De quoi dire que P (comme Prénom) est le mec du couple, qu’elle « porte la culotte » (le pantalon), qu’importe le type de relation.
J’y reviens : un homme n’a pas besoin d’être en couple pour être heureux (et pas forcément avec une femme) – l’inverse est vrai. Pas besoin de suivre les codes sociaux. Une femme peut se suffir à elle-même (ou non, ça marche aussi !). Pousser les gens à la binarité, les tanner pour qu’ils trouvent quelqu’un (fondent une famille, se marient, etc etc etc), on arrête, ça ne va pas. A chacun sa solution, à chacun son choix, sa liberté. En attendant, l’épanouissement ne se fait pas forcément à deux. L’épanouissement ne passe pas forcément que par l’amour (dans toutes ses formes, de l’attachement à l’Amour avec un grand A), ou pas que. Il y a la famille, les amis et j’en passe. Cette bulle, cette polarité… C’est moyen. S’il est certainement agréable de se penser en cocon fusionnel et « sacré »… Et bien pour moi, ça ne suffit pas. Rajouter des paillettes, un soupçon de bienveillance ou de respect sur des catégories sociales stéréotypés et néfastes pour chacun et chacune ne rend pas le tout plus digeste ou plus « sain ». Se considérer en individus sacrés et égaux (sur le papier en tout cas, la réalité en étant encore très loin), ça, pourquoi pas.

Après, j’accepte un type de féminin sacré. Je ne suis pas certaine qu’il tombe sous ce nom-là, mais peu importe. Parce que oui, pour continuer à briller et à garder cette flamme en vie après tout ce temps et malgré la difficulté, les femmes méritent une part de divin. Tout comme le masculin, qui souffre aussi de la hiérarchie et des codes des genres, y compris, bien sûr, ce qui est établi comme « viril ». Devoir entrer dans un moule préformaté qui ne veut pas plier, ce n’est pas une vie. Les minorités, les révolté(e)s, le méritent. Les autres aussi. Je ne vais pas confisquer leur sacré ou leur couronne aux adaptes du féminin sacré. Parce que c’est bien trop facile, bien trop courant, d’exiger la perfection des femmes. Parce qu’elles ont – nous avons – déjà donné. Et qu’il n’y aura pas de consensus, de voie unique. Parce que l’unicité des êtres, c’est pas tout à fait ça. Il n’y a que des choix, des infinités de possibilités, si nous pouvions seulement prendre un peu de recul, secouer quelques boîtes, remettre plusieurs choses en question. Et si le rose, la douceur et la beauté vous intéresse, homme comme femme, c’est tant mieux, c’est parfait. Quant à moi, ce qu’il me faut, ce que j’aime, je refuse qu’on me l’enlève – qu’on essaie seulement ! Alors je comprends. C’est le féminin dit « sombre », celui qui se révolte, qui refuse les qualifications et les injustices. La femme dans sa complexité, l’être humain dans sa création, sa douceur comme dans sa violence et sa colère. Parce que la femme est une guerrière, pas moins que les hommes. Il y a des femmes soldats. Il y en a depuis la nuit des temps, des femmes qui se battent, qui partent en guerre ou à la chasse. Tout comme les hommes. Et avec eux, souvent (pas contre eux). Le « conflit des genres » n’est pas une nouveauté de la décennie ou du siècle, une nouvelle lubie féminine qui doit ou va s’essouffler. Pour qu’il y ait apaisement, les femmes n’ont pas à « baisser les armes » et à « pardonner » (exit l’amour universel et le pardon christique, s’en est fini de tendre la deuxième joue, il faut non plus des mots mais des actes) : il faut accepter les individus et leurs différences, pas compter le nombre de cases qu’ils cochent dans le sens de la société. Ce n’est pas toujours aux mêmes personnes de donner. Pour qu’il y ait un apaisement, il faut que tous et toutes y mettent du leur, tout simplement. Et il faut que les choses changent.

En conclusion, pourquoi ne pas parler simplement d’énergies et, sur le chemin, éviter un binaire étouffant et non-inclusif, épris de stéréotypes et mal vieilli pour la nuance, le spectre, une notion qui embrasse la puissance de chacun(e), quelque soit son genre ?

Quelques références, en vrac, trouvables très facilement et gratuitement sur internet, pour le plaisir (de tout tons et formes) :

Spectacle Nanette – Hannah Gadsby (en ce moment sur Netflix France)
D’une « théorie du genre » qu’ils font semblant de mal comprendre… de Marie Donzel
Sexe et genre : est-ce la même chose ? – Egalités filles-garçons, Fédération Wallonie-Bruxelles
The genderbread person – itspronouncedmetrosexual
« Genre » : tentative de définition – çafaitgenre.org
Le sexisme, ça se soigne ! de Marie Donzel
« Il n’existe pas 2 sexes (mâle et femelle) mais 48 » par Agnès Giard
La théorie du genre (djendeure) par Insolente Veggie

Que pensez-vous de ces idées ?

Déconstruire ma vision de la menstruation avec le Tarot

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Voilà un article très approprié au seuil de Beltaine, que des circonstances particulières ont fait naître.

Mardi soir, j’avais passé plusieurs heures plongée dans le blog d’Eaux Cultes (@eaux_cultes sur instagram) – un bonheur absolu.
Avant de me coucher, une de ses story m’a interpellée : il s’agissait d’une réaction à un partage de @helene___huc à propos de la menstruation (une femme pleine de sagesse que je suis heureuse d’avoir découverte). Inspirée par ce partage Iria a précisée que notre vision de la menstruation en tant que rite de purification est en fait purement patriarcale – partant du postulat que le corps de la femme est « impur » et se dois de se purifier mensuellement .
Ayant centré une partie de mon rituel – et en projet plus encore – de menstruation sur la notion de purification, autant dire que je me suis sentie très hébétée – et tant mieux !

Ce post m’a fait beaucoup réfléchir et j’ai entrepris de déconstruire ma vision de la menstruation, malheureusement encore empreinte du patriarcat, en me plongeant dans les tréfonds de mon bien-aimé Tarot de Marseille.

Attention, ce qui suit n’est que le résultat de ma divination – je sais très bien que les règles peuvent être sources d’angoisses et de grandes douleurs et ne nie pas que la précarité menstruelle est un fléau.
Je ne cherche pas à idéaliser la menstruation mais à partager les pistes de réflexions que le Tarot m’a intimé dans le plus grand des respects.

Sans influencer la lecture par un quelconque ouvrage dédié, j’ai laissé les images s’ouvrir à moi et me murmurer leur sagesse…

Les Lames qui m’ont parlé : le Cavalier de Bâton, bien sûr L’Etoile a fait son apparition (elle est pour moi très liée à la notion de menstruation) et enfin l’As de Deniers.


Le Tarot de Marseille de Camoin

Dans le Cavalier de Bâton j’ai aperçue les fameuses chaussures rouges qui m’avaient marqué dans l’excellent « Women who run with the wolves » (de Clarissa Pinkola Estés) : les marques du sang qui s’écoule de l’intérieur de nos cuisses jusqu’à la plante de nos pieds. Cet écoulement n’est en aucun cas vain : il nourrit la Terre que nous foulons.
La menstruation porte en elle un grand potentiel de pouvoir. La vulve et sa matrice est source infinie (voire originelle ?) de magie.
La Jument Blanche, symbole de souveraineté, affirme que notre chair est intrinsèquement pure et tout autant baignée de mystère. Reine qu’Elle est, Elle se dirige et nous montre la voie, celle de la Terre-Mère.
Les interrogations suivantes ont fait surface :
La menstruation est-elle une cosmogonie ? – chaque cycle depuis la nuit des temps serait une recréation de l’origine du monde…
Est-ce une offrande à la Terre ? – un don de soi pour mieux apprécier la valeur inestimable de ce qu’Elle nous offre ?
Serait-ce un appel des Esprits ? – un rappel lancé depuis un jour immémorial à vivre pleinement notre pouvoir ?
Tout à la fois, certainement.

L’Etoile a clairement illuminée la notion de flot, indissociable de celle de menstruation : de nos profondeurs mystérieuses, si semblables au ventre de la Terre et au vide de l’univers, coulent les eaux de la vie.
Cette lame m’a montré la fertilité infinie du sang, qui nourrie sa végétation, aussi cramoisie que lui.
Tel un diapason dans des mains expertes, la menstruation nous accorde à la nature : notre cycle est Son cycle ; Sa danse cosmique, la nôtre.
Le flot de notre sang, ce fil si rouge, nous unis lune après lune à la nature.

La force de notre menstruation est une danse extatique, une ronde débridée : celle de l’As de Deniers.
Un don, offert et reçu, dans toutes les directions.
Un écoulement sans commencement ni fin qui nous ramène à notre origine :
Celle de la Terre.
Celle des Etoiles.
Celle de la vie.

Le Tarot m’a montré que la menstruation n’est absolument pas purificatrice mais une puissance chthonienne, une source souterraine écarlate, un écho sanglant de notre lien à la Terre. Notre corps est de la nature et comme elle, parfait dans ses imperfections.
Comme @helene___huc l’a remarqué : « Le corps de la femme est une technologie de pointe ».

Merci de m’avoir lue ! N’hésitez pas à échanger sur le blog ou mon instagram @pagan.otter.