[Fiction] Visites

A

L’air est frais. C’est le vent de la rentrée, celui de septembre et de l’automne. La porte est ouverte, invite les curieux, voisins ou nouveaux habitués à entrer. En parlant d’habituée, l’araignée fait son nid, trouve son angle et s’installe, se fait petite contre le mur. Elle remplace la poussière en haut des étagères, part sur la durée. Le bâtiment blanc, neuf, fête sa première semaine. Accueil entre jeunesse et espace adulte, en face des bornes de prêts et de retours. Même nom, bâtiment différent, transposé cinq minutes plus tard. Transition de long terme, chacun prend ses marques. Enfants de tout âge qui ne se démontent pas, offrent à la boîte aux livres leurs collations, emprunts de longue date ou plus récents. Ça se bouscule à l’accueil, laisser couler le flot, un peu de chaque côté, les voir découvrir collections et locaux. Sélections laissées de côté, revenir avec sa carte. La mettre à jour ou bien la créer. Des documents pleins les bras, les recompter un deux trois, s’assurer qu’il n’y en a pas vingt, s’armer de sa carte pour emprunter à l’automate. Certaines piles, gourmandes, vacillent sous leur propre poids, s’effondrent ou glissent : mains plus ou moins habiles pour les retenir, les passer sur les machines. Les livres partent et reviennent, on limite les croisements. Ils sont bipés lavés vérifiés, mis en quarantaine ou de côté, pour la navette ou les réservations. Et oui, bien sûr, toujours, il n’y a pas que des livres dans la médiathèque. Les CD, DVD et partitions attendent regards, oreilles et mains pour prendre vie.

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Murmures et exclamations des enfants. Cocotte en papier qui s’anime sous de petits doigts. Retrouver la beauté des visages nus – privilège actuel de l’enfance.
La porte en verre par laquelle tous arrivent attire regards et mains. On aime venir s’y accouder, en effleurer la poignée. Etape suivante, assister à de charmantes tentatives de fugue, avec des manières et le sourire. Attend-moi, tu veux ?
Il faut suivre le sens de circulation.
Un casque de vélo gris à crête aileron de requin fend l’air, zigzag entre les usagers.
Des tas de petits êtres croulent sous les albums, les histoires et les images, insatiables. Ils les portent à bout de bras, gourmands encore de livres.
Rires et petites exclamations de bambins facétieux, entre course et larmes.
Il y a du vent dans les arbres, il caresse la silhouette blanche de la dame de fer.
Les sorties se font en famille, souvent par trois.
La médiathèque est plus calme, plus ouverte. Il y a plus de place pour se déplacer, les assises sont remisées.

Bonne lecture !

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