La Wicca – mythes et réalité

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La Wicca, bien qu’étant de plus en plus populaire, reste encore entourée de très nombreuses idées reçues et confusions.
Malgré sa présence accrue dans la pop culture et dans les médias, la Wicca reste méconnue – demandez à quelqu’un (non versé.e dans l’occulte et le spirituel) la signification de Wicca et on vous répondra probablement qu’il s’agit d' »une gentille sorcière » – bonjour les clichés !
Certains ouvrages présentent même la Wicca comme « la version plus spirituelle de la sorcellerie », ce qui est absolument faux.
Bien que ne me considérant plus comme wiccane, j’ai énormément lu sur ce sujet et souhaite partager mes réflexions.
J’ai à cœur d’éclaircir quelques idées reçues qui persistent sur la Wicca, notamment par-rapport à sa position vis-à-vis de la sorcellerie.

1 – Mythe : la Wicca n’est pas une religion
Réalité : la Wicca est une religion

On commence par le plus évident : l’aspect religieux de la Wicca.
Dans notre société occidentale, et surtout en France, beaucoup s’effraient en voyant le mot « religion », considérant immédiatement le fanatisme et les dérives sectaires qui pourrait en découler.
Aussi, on a tendance à ne considérer comme religions que les cultes suivis massivement, et très connus, et non les spiritualités « alternatives ». Ainsi, certains ne considère pas la Wicca comme une religion et s’offusquent de voir ce terme associé à leur pratique.
En se référant à la définition du terme « religion » on constate qu’il s’agit d’un « système de pratiques et de croyances en usage dans un groupe ou une communauté » (Wikipédia) – la Wicca est donc, par définition, une religion. Aucun mal à ça.
La Wicca est d’ailleurs reconnue officiellement dans certains pays comme une religion – donc protégée des discriminations par la loi.

2 – Mythe : la Wicca est la continuité de « la religion païenne de la préhistoire »
Réalité : la Wicca est une religion moderne

La religion wiccane s’est en effet crée dans les années 40-50, s’est exportée dans les années 70 – où elle a trouvé un véritable écho dans le mouvement hippie – et s’est forgée telle que nous la connaissons dans les années 90.
Elle est donc très récente.
Bien qu’inspirée du paganisme, elle n’est en aucun cas une reconstruction, et encore moins une continuité, de « la religion de la préhistoire » (ce qu’on peut lire dans certains ouvrages) – à moins d’avoir une machine à remonter le temps, il est totalement impossible de véritablement connaître les pratiques spirituelles du passé (la Wicca est d’ailleurs plus inspirée des sociétés secrètes du XIXème et XXème siècles que du paganisme).

3 – Mythe : les Wiccanes sont des « gentilles » sorcières (ces dernières étant, au contraire, forcément mauvaises)
Réalité : le « Conseil Wiccan » et la « Loi de trois retours »

« Les wiccanes sont des gentilles sorcières. » – qui n’a jamais entendu cette phrase ?
Le Wiccan Rede, traduit par « Conseil Wiccan » est le suivant : « An it harm none do that thou wilt« , une façon archaïque de dire : « Et si cela ne fait aucun mal, fais ce que tu as la volonté de faire ». Difficile de savoir de qui provient ce Conseil, ni de quand, mais clairement Wicca et éthique vont maintenant de paire.
Comme son titre l’indique, le Wiccan Rede est un conseil et non une règle absolue à suivre à la lettre sinon -insérer conséquence catastrophique-.
En lisant Gerald Brousseau Gardner, considéré comme le père fondateur de la Wicca, j’ai compris que l’accent sur l’éthique a permis de protéger la toute jeune religion de l’intolérance religieuse et des préjugés, notamment liés au satanisme. Et oui, dans les années 50,60,70 la sorcellerie était, pour beaucoup, pensée comme un culte de satan.
C’est d’ailleurs pour cela que la Wicca (de l’anglo-saxon « homme sage » – le « sage » de sagesse) s’appelle ainsi et non juste « Witchcraft« .
La « Loi de trois retours » : arrivée plus tardivement dans la Wicca (probablement dans les années 90) cette « loi » – il n’est plus question de conseiller mais de dogmatiser – a érigé l’éthique en véritable absolutisme dans la religion wiccane, désormais bien établie.
Cela a été, et est toujours, le sujet de bien des débats houleux entre wiccan.e.s et sorcier.ère.s. La sorcellerie dite moderne et sa pratique en est encore très imprégnée. Dites-vous « curse-friendly » et une flopée de pratiquant.e.s (de toutes horizons spirituelles) choqué.e.s vont vous sortir le fameux « cela te reviendra en pire ! ».
Cela retient nombre de pratiquant.e.s d’explorer leur sorcellerie – n’oublions pas, la magie dite « négative » est tout aussi légitime que la magie considérée comme « positive ».

4 – Mythe : toutes les pratiquantes de la Wicca sont des femmes
Réalité : les genres et la Wicca

Il s’agit d’un malentendu qui touche aussi la sorcellerie, voire l’occulte en général.
Il est bien sûr évidement que tout le monde peut pratiquer la sorcellerie et/ou être wiccan.e. Pourtant celle-ci est encore considérée comme « féminine » dans l’imaginaire collectif – d’où l’image type de la sorcière moderne : une femme à la longue chevelure flottante, entourée de plantes, radieuse au clair de lune, murmurant quelque incantation poétique…
De base (et en situation de groupe) la Wicca est constituée par autant de femmes que d’hommes car centrée sur la notion de polarité : chaque pratiquante travaille avec un pratiquant et inversement. Alors les « énergies féminines et masculines » sont équilibrées, une situation jugée propice à la magie. C’est pourquoi des covens recherchaient en particuliers des couples. Cette notion pouvait être très poussée : dans certains rites seule une femme pouvait tenir le bout de la corde d’un homme, son partenaire de pratique, et inversement.
Cette idée, très essentialiste (et donc oppressive), a été justement de plus en plus remise en question ces dernières décennies. Ainsi, il existe maintenant des covens constitués entièrement de femmes, d’hommes ou mixtes et non soumis à l’idée de « polarité de genres ».

5 – Mythe : les sorcier.ère.s sont tous.te.s Wiccan.e.s
Réalité : la confusion Wicca-sorcellerie

Bien que la majorité des wiccan.e.s se considère sorcier.ère.s, l’inverse n’est pas vrai. Toute sorcellerie n’est pas que wiccane, c’est à dire que toute pratique de sorcellerie n’est pas obligatoirement inscrite dans le contexte religieux de la Wicca. Il existe donc des sorcier.ère.s qui n’adhèrent pas à la Wicca et pratiquent leurs sorcelleries avec leurs spiritualités qui leurs sont propres.
Toutefois, et bien malencontreusement, de nombreux livres relayent cette confusion, souvent en axant leur propos sur la sorcellerie sans préciser qu’il s’agit là de sorcellerie wiccane – le.a jeune pratiquant.e ne fera donc pas la différence entre sorcellerie et Wicca.
De par ce mélange, de nombreux.se.s sorcier.ère.s débutent wiccan.e.s avant d’explorer d’autres voies et ainsi se forger leurs propres spiritualités.

6 – Mythe : la Wicca est une religion libre, sans format pré-défini
Réalité : Wicca et hiérarchie, l’évolution de la Wicca

Etant inspirée par les sociétés secrètes, très en vogue au XIX-XXème siècles (comme la Franc-maçonnerie), la Wicca est, à l’origine, constituée de rituels établis, d’un Livre des Ombres type et de grades et de niveaux : tout d’abord il y a la Grande Prêtresse et le Grande Prêtre (qui traditionnellement n’est que l’aide de la Prêtresse et non son égal) puis il existe trois niveaux, chacun accompagné de son rituel d’initiation.
Il existe aussi le titre d’Ancien.ne.s, décerné aux membres du Coven qui y sont depuis plusieurs années et ont acquis les niveaux – ceux-ci peuvent former un conseil afin de débattre des choix à prendre au sein du groupe.
De plus le titre de la Demoiselle « Maiden« , peut-être décerné à la plus jeune femme du groupe. Celle-ci incarnera la toute jeune Déesse lors du rituel du Sabbat d’Imbolc, par exemple.
Bien sûr, ces niveaux et titres ne sont pas une norme absolue, chaque Coven et pratiquant.e solitaire est libre de s’adapter. Ainsi de nombreux groupes ont cessés de hiérarchiser leurs membres ou font tourner le titre de Prêtre.sse entre eux.
Mais cette liberté peut porter à confusion : dans les années 90, en particulier, la Wicca à tant évoluée qu’elle en est devenue méconnaissable aux pratiquant.e.s traditionnel.le.s (qui distinguent cette forme de leur religion en l’appelant « neo-Wicca »). Ceux-ci s’inquiètent que la Wicca ai perdue son identité propre en tant que religion. Au fil des années ce phénomène ne fait que s’amplifier.
Ces derniers temps la Wicca connaît une véritable explosion (notamment de par la popularité de celle-ci sur les réseaux sociaux) et de très nombreux livres à son sujet son publiés mois après mois – dont beaucoup font perdurer la confusion Wicca-sorcellerie.
Son évolution rapide et la tournure qu’elle prend – la Wicca est sans conteste la branche de spiritualité la plus affectée par le phénomène « Plastic Witchcraft » – inquiète de nombreux.ses pratiquant.e.s qui souhaitent revenir au format originel de celle-ci. Au contraire, d’autres argumentent qu’une religion qui n’évolue pas est une religion condamnée à disparaître.

Quoi qu’il en soit, la Wicca est une religion très liée à la sorcellerie, qui gagne de plus en plus de reconnaissance et tend à se populariser davantage dans les années à venir.

Si la Wicca vous intéresse, je vous recommande de lire des ouvrages de Gerald B. Gardner, de Doreen Valiente et de Janet et Stewart Farrar.

Voilà qui conclu cet article déjà long ! En espérant avoir éclairci quelques confusions. J’ai essayée d’être la plus complète possible par rapport aux thèmes que j’ai abordés (il existe des dizaines d’autres rien que sur la Wicca), n’hésitez pas si vous avez des questions – je tacherais d’y répondre.

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